Conflit Syndical : Le Conseil de la République branché sur la Sonatel
samedi 4 décembre 2004
Le Conseil de la République pour les Affaires économiques et sociales a pris à bras le corps le différend social entre la direction et l’Intersyndicale de la Sonatel. Devant l’achoppement des négociations dans cette entreprise, le président Abdoulaye Wade a saisi, par lettre en date du 24 novembre 2004, le président du Conseil de la République, Me Mbaye-Jacques Diop, pour « une médiation entre les deux parties, pour les amener à reprendre les négociations et les aider à trouver un dénouement final dans le respect des intérêts des travailleurs et de la direction de l’entreprise”. En fait, parmi les compétences de cette nouvelle institution, la loi organique 2003/04, indique qu’ »il peut être fait appel au Conseil de la République aux fins de médiation ou de propositions de solutions en cas de conflits sociaux".
Fort de cela, le Conseil de la République a reçu les parties, en son siège, dans la journée d’avant-hier, jeudi. C’est d’abord l’Intersyndicale, composée du Sntpt, du Syts et du Synes qui a rencontré une délégation du Conseil de la République conduite par Me Mbaye-Jacques Diop. Trois heures de discussions ont permis aux membres de l’institution de consultation de se faire une idée précise des revendications des syndicalistes. Lesquels indiqueront aux conseillers de la République qu’il s’agit maintenant essentiellement de la retraite à 60 ans, du recrutement des temporaires, des rapports entre France-Télécom et la Sonatel et de la bonne gouvernance de l’entreprise. Pour l’Intersyndicale dirigée par Ibrahima Konté, la Sonatel doit appliquer la retraite à 60 ans. Arguments développés par M. Konté selon un participant à la rencontre : "Il s’agit là d’une volonté de l’Etat et il y a à la Sonatel même des travailleurs de la Fonction publique auxquels cette retraite à 60 ans est appliquée, alors que leurs collègues, relevant du Code du travail, ne le sont pas. Au surplus, France-Télécom, partenaire privilégié de la Sonatel, applique la retraite à 65 ans à ses travailleurs”.
Toujours selon les syndicalistes, la direction générale assujettit l’application de la retraite à 60 ans aux conclusions attendues de la commission nationale instituée à cet effet. “Mais cette commission travaille trop lentement, si elle n’est pas bloquée. D’où le problème de nos camarades nés en 1949 qui vont devoir partir à la retraite ce mois-ci, alors que la volonté de l’Etat est que tout le monde aille à la retraite à 60 ans”, auraient déclaré Gabou Guèye et Ibrahima Konté.
Selon nos sources, reconnaissant que les salaires dans l’entreprise sont corrects, les syndicalistes ont expliqué que cela ne saurait les empêcher de se préoccuper de la situation des travailleurs temporaires, dont certains sont à des postes de responsabilité et que la direction générale de la Sonatel refuserait d’embaucher.
Dans l’après-midi du jeudi, c’est Cheikh Tidiane Mbaye, le directeur général de la Sonatel, qui a conduit une délégation de l’entreprise, pour rencontrer les conseillers de la République. Sur la retraite à 60 ans, il aurait dit qu’il attend les conclusions de la commission. “A l’heure actuelle, aucune entreprise privée n’a appliqué la retraite à 60 ans. Et la Sonatel est une entreprise privée, membre des organisations patronales”, aurait-il argumenté, là où les travailleurs donnaient les cas des Chemins de fer, de la Senelec et de la Sonacos, pour dire que beaucoup d’entreprises ont commencé à le faire. Le point de vue personnel de M. Mbaye, donné aux conseillers de la République, est qu’il n’est pas favorable à la retraite à 60 ans. “Parce que la Sonatel est une entreprise de haute technologie où le travail requiert un perpétuel renouvellement des connaissances. D’où la nécessité de recruter des jeunes”, aurait-il dit.
Sûrement que lors de la rencontre entre les deux parties, que les conseillers de la République vont organiser dans les prochains jours, les travailleurs ne manqueront pas de dire qu’à France Télécom, entreprise de haute technologie aussi, la retraite est à 65 ans. Mais avant cette rencontre, Me Mbaye-Jacques Diop et son équipe se seront entretenus avec le ministre du Travail, Yéro Deh, qui sera invité à venir donner aux conseillers de la République le point de vue et l’éclairage du gouvernement sur les travaux de la commission sur la retraite à 60 ans.
Amadou DIOUF
(Source : Wal fadjri, 4 décembre 2004)