Condamnation de Latif Coulibaly dans l’affaire SUDATEL : La Gazette s’indigne et n’exclut pas de saisir la Cedeao et la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples
mercredi 17 novembre 2010
La condamnation à un mois assorti du sursis et 2O millions de dommages et intérêts que le tribunal Correctionnel de Dakar a infligée à Abdou Latif Coulibaly, Directeur de publication du magazine « La Gazette », à l’issue du procès en diffamation opposant ce dernier à Thierno Ousmane Sy, est une pilule amer pour la direction du dudit groupe de presse. En effet, dans un communiqué rédigé même avant le prononcé du verdict, les employés ne cachent pas leur colère.
« En dépit de toutes les preuves accablantes produites par notre journal et qui établissent la véracité des faits allégués contre M. Sy et qui, au demeurant, au surplus, de la bonne foi totale des prévenus condamnés, le tribunal a donné raison au plaignant », lit-on dans le document signé par la direction de « La Gazette ».
Toutefois, les auteurs de ce communiqué affirment qu’ils ne sont pas surpris de cette décision à cause de plusieurs raisons. " Nous ne sommes pas surpris par ce verdict qui confirme naturellement la tendance fâcheuse des juridictions sénégalaises qui, trop souvent interprètent et appliquent la loi sur les délits de presse (...) de façon restrictive et mécanique », soutiennent-ils.
Autre fait qui les conforte dans leur position, ce sont d’une part, les allégations du président de la République qui rappellent-ils, disait : « les magistrats, c’est comme des esclaves, vous les libérez ils font deux cent mètres, ils reviennent vers vous et vous disent je ne sais où aller. Ils ne veulent pas se libérer de l’exécutif et des pouvoirs d’argent ».
D’autre part, il y a les propos du ministre de la Justice qui, lors du vote de son budget à l’Assemblée national incitait « les citoyens à porter plainte contre les journalistes, des irresponsables qui s’amusent à les salir ».
Autant d’actes qui poussent la « Gazette » à se demander « comment dans de telles conditions, nos juges pouvaient-ils décider autrement, quand c’est le fils du ministre de la Justice qui les saisit ».
Et face à cette situation, Abdou Latif Coulibaly et ses employés se disent « prêts à continuer leur combat pour le triomphe de la vérité et pour la défaite de tous les fossoyeurs de la démocratie.
Mieux, « La Gazette » informe que « s’il est nécessaire, elle continuera son combat en saisissant la Cour africaine des droits de l’Homme et des peuples et de la Cour de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Ceci argue-t-elle, « pour prolonger le débat sur la corruption au plan continental et régional, pour mieux aider la lutte contre ce fléau »
(Source : Nettali, 17 novembre 2010)