Communiqué final du deuxième sommet africain de l’Internet, AFRINET 2000 18-22 septembre 2000, Secrétariat de la CEDEAO, Abuja, Nigéria
vendredi 22 septembre 2000
Communiqué final du deuxième sommet africain de l’Internet,
AFRINET 2000 18-22 septembre 2000,
Secrétariat de la CEDEAO, Abuja, Nigéria
Introduction
En 1999, AFRINET’99 avait été organisé dans le but d’atteindre les objectifs suivants :
– Réunir les acteurs africains de l’Internet afin d’examiner comment le continent africain pouvait tirer profit d’Internet en tant qu’outil de changement de social et d’accroissement de la productivité ;
– Amener les gouvernements africains à définir des politiques permettant de lever les contraintes entravant la fourniture de services Internet durables à un coût abordable.
Organisé sur le thème, « La réingéniérie de l‘économie africaine : le rôle de l‘information et des technologies de la communication », AFRINET 2000 a été le prolongement de ce premier sommet. L’objectif principal d’AFRINET 2000 était de fournir des réponses pratiques aux problèmes qui empêchent l’Afrique de tirer pleinememt profit d’Internet et de ses applications. Le sommet a été organisé par la Nigerian Commission for Communications (NCC), en collaboration avec le Nigeria Internet Group (NIG), avec le soutien de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT) et de l’Agence des Etats Unis pour le Développement International (USAID) et avec l’appui du Ministère Fédéral des Communications. La cérémonie d’ouverture a été placée sous la présidence d’honneur du Vice-Président de la République Fédérale du Nigeria, son Excellence Alhaji Atiku Abubakar, qui était représenté par le Ministre Fédéral des Communications, Monsieur Alhaji Mohammed Arzika. Les personnalités suivantes étaient également présentes à la cérémonie d’ouverture :
– Le Ministre de la Communication du Nigéria qui présidait effectivement la cérémonie et dont le discours d’ouverture fut présenté par le Secrétaire permanent du ministère, le Professeur B. M. Barkindo ;
– Le Secrétaire d’Etat du Travail, de la Communication et de l’Information de la République de Gambie, le Capitaine Edward Singhatey qui délivra un message de bienvenue ;
– Le Secrétaire général de l’Union Africaine des Télécommunications (UAT), Monsieur Jan Mutai ;
Le Président de la Nigerian Communications Commission, Monsieur Alhaji Ahmed Joda ;
– Le Directeur du Bureau pour le Développement des Télécommunications (BDT) de l’Union Internationale des Télécommunications (UIT), Monsieur Hammadoun Touré qui prononça le discours inaugural.
Dans son allocution, le Vice-Président Atiku Abubakar a enjoint les experts et les acteurs africains de l’Internet à faire en sorte que l’Afrique ne soit pas exclue de la Société globale du savoir dont Internet et ses applications sont un élément clé. Il a souligné que la volonté exprimée par divers pays africains prouvait leur détermination à s’unir pour rattraper le retard du continent en matière de technologies de l’information. Il a d’ailleurs affirmé que l’objectif du gouvernement nigérian était de positionner le Nigéria comme un des acteurs majeurs de la Société de l’information dans les cinq années à venir.
Le déroulement du séminaire
Les 19 et 20 septembre 2000, un séminaire d’une durée de deux jours s’est déroulé autour des huit sessions suivantes :
– Session 1 : L’impact d’Internet sur le développement économique de l’Afrique
– Session 2 : Dernières avancées en matière de technologies de l’information : Le défi africain
– Session 3 : Internet : Applications et développement des contenus
– Session 4 : Présentations de technologies de télécommunications par diverses organisations
– Session 5 : Développement de l’infrastructure Internet en Afrique
– Session 6 : Politiques et régulation
– Session 7 : Le financement des télécommunications en Afrique
– Session 8 : La détermination des prix des services de télécommunications
Deux autres sessions ont également été organisées, la session 9 à l’occasion de laquelle les participants assistèrent à une démonstration sur le commerce électronique faite par l’UIT et élaborèrent le communiqué final et la session 10 qui fut consacrée à la cérémonie de clôture.
Les communications
D’éminents spécialistes ont présenté un total de vingt trois (23) communications qui furent appréciées et largement discutées par les participants.
Les recommandations
Suite à la présentation des communications et aux discussions, les recommandations suivantes ont été adoptées par les participants :
– 1. Le sommet a identifié le manque de liens inter et intra africains comme étant un des facteurs fondamentaux du coût élevé des communications et de la fourniture de services Internet en Afrique. Les initiatives visant à développer une infrastructure d’information à l’échelle continentale pour véhiculer le trafic inter et intra africain devraient être encouragées et renforcées. De même, les initiatives d’interconnexion transfrontalières devraient être encouragées entre pays africains voisins.
– 2. Il est nécessaire d’impliquer les opérateurs de télécommunications non-traditionnels, comme les compagnies d’eau et d’électricité, afin d’augmenter la bande passante disponible et d’appuyer par la même le développement des télécommunications et d’Internet.
– 3. Les gouvernements africains doivent mettre en œuvre des politiques réduisant les barrières à l’importation en abaissant ou supprimant les tarifs et taxes douanières sur les équipements supportant les technologies de l’information et de la communication (TIC) ce qui devrait se traduire par une diminution des coûts et donc encourager le développement des applications Internet sur le continent.
– 4. Le Sommet a constaté que la majorité des citoyens vivant dans les zones rurales ne sont pas en mesure de tirer profit des avantages procurés par Internet. Les gouvernements africains devraient s’engager à sensibiliser la majeure partie de la population aux avantages et à l’utilisation des TIC et d’Internet. Ces efforts devraient particulièrement être dirigés en direction de la jeunesse. Les médias ont également un rôle extrêmement important à jouer dans le cadre de ces actions de sensibilisation.
– 5. Le sommet a noté le faible taux de pénétration d’Internet en Afrique dans les zones rurales et recommande que les gouvernements africains reconnaissent l’accès aux télécommunications comme faisant partie intégrante des droits fondamentaux de la personne pour leurs citoyens et s’évertuent à mettre en place des politiques concrètes et pratiques pour assurer une pénétration effective des services Internet dans les zones rurales et les zones non encore desservies. Ceci inclut l’encouragement à la multiplication des cybercafés et des télécentres.
– 6. Les gouvernements africains doivent faire évoluer les politiques et les mécanismes permettant de parvenir à l’accès universel sur la base d’objectifs, de cibles et de calendriers réalistes. Ceci inclut la création de fonds pour le service universel.
– 7. Les coûts d’accès à Internet sont encore élevés en Afrique. Les gouvernements africains devraient donc faire évoluer leurs politiques et leurs stratégies et se lancer dans de nécessaires partenariats avec les ONG et les institutions d’aide au développement pour rendre les services Internet abordables pour la majeure partie de la population.
– 8. Les gouvernements africains doivent développer et mettre à niveau leurs infrastructures, telles les réseaux électriques, pour soutenir la pénétration des télécommunications et d’Internet dans l’Afrique rurale.
– 9. Les gouvernements africains devraient développer des cadres réglementaires clairs et flexibles pour encourager la mise en place de l’infrastructure, l’innovation et la créativité dans la fourniture des services avec des technologies évolutives pour assurer des services de télécommunications accessibles, fonctionnels et abordables. En regard de cela, les pays africains doivent se pencher sur les questions politiques et réglementaires découlant de la convergence des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel. Ceci inclut les questions de régulation relatives aux réseaux de téléphonie sur Internet (Voice over IP).
– 10. Du fait de la convergence des télécommunications, de l’informatique et de l’audiovisuel, les professionnels et les groupes d’experts relevant de ces secteurs devraient coopérer et harmoniser leurs activités pour traiter des questions d’intérêt commun résultant de cette convergence.
– 11. Les gouvernements africains devraient collaborer et coopérer pour développer un environnement politique et réglementaire stable pour encourager les investissements dans leurs marchés de télécommunications.
– 12. Pour assurer le développement et les progrès dans le secteur des télécommunications en Afrique, il devrait y avoir un dialogue continu et un effort commun de toutes les administrations des télécommunications africaines visant à mettre en œuvre des politiques qui encouragent la croissance dans le secteur. Cela pourra être réalisé par la création d’un forum régional sur la régulation à l’intérieur des cadres économiques régionaux existant, sous la coordination d’une UAT redynamisée. L’objectif est de permettre l’harmonisation et la mise en œuvre de politiques communes à l’intérieur des différents blocs sous-régionaux.
– 13. Les gouvernements africains devraient activement soutenir et participer aux activités et programmes de l’UIT et autres manifestations internationales dans le secteur des télécommunications pour être en phase avec les tendances globales et proposer des perspectives africaines. Le secteur privé africain devrait également être encouragé à participer activement aux forums régionaux, continentaux et internationaux.
– 14. Les gouvernements africains devraient encourager et créer un environnement favorable au renforcement des capacités humaines et au développement du secteur des TIC. Dans ce but, ils devraient établir des centres de formation certifiés et accrédités ainsi que des centres d’excellence en matière de TIC dans leurs pays respectifs.
– 15. Les gouvernements africains devraient encourager le développement de contenus locaux pour être à même de présenter une perspective africaine sur les différentes questions à travers ce médium qu’est Internet.
– 16. De manière urgente, les cursus éducatifs africains devraient être révisés pour introduire les TIC dans les programmes des institutions d’enseignement primaire, secondaire et supérieur et de rendre Internet accessible à tous ces niveaux de formation de manière à faire intérioriser la culture Internet par les populations africaines.
– 17. Les gouvernements africains devraient encourager et soutenir les projets de recherche et de développement en matière de TIC par les institutions d’enseignement supérieur et de recherche ainsi que la création de réseaux nationaux au service de l’enseignement supérieur et de la recherche qui joueraient le rôle de bibliothèques électroniques nationales pour les documents scientifiques et techniques.
– 18. Comme preuve de leur engagement à soutenir le développement d’Internet, les gouvernements africains devraient créer des sites web de manière à rendre accessible l’information relative aux politiques publiques et à la conduite des affaires gouvernementales.
– 19. Les opérateurs du secteur privé africain devraient nouer des alliances et des partenariats avec des opérateurs globaux pour injecter le capital et l’expertise nécessaires à la fourniture de services en Afrique. Les gouvernements devraient également encourager l’implication d’entrepreneurs africains dans le secteur des TIC.
– 20. Une collaboration intersectorielle devrait être instaurée entre les gouvernements et les secteurs des télécommunications et de la finance pour faire évoluer les politiques et les stratégies de manière à attirer les financements adéquats pour les projets Internet en Afrique.
– 21. Un partenariat et une collaboration public-privé devraient être établis afin d’atteindre les buts et les objectifs communs visant à la croissance et au développement d’Internet en Afrique.
– 22. Le sommet pense que les pays africains devraient de toute urgence faire évoluer leurs politique afin de promouvoir la production locale d’équipements supportant les TIC pour assurer la durabilité, des prix abordables et l’adaptabilité aux conditions locales.