Communauté rurale de Yenne : quand l’internet aide à sauvegarder l’environnement
lundi 31 janvier 2005
S’inspirant de la pensée du Dr Benjamin Elijah Mays selon qui « le but de l’éducation, ce n’est pas seulement d’élever quelqu’un au-dessus des autres, mais plutôt d’équiper l’homme à aider ses prochains », Cheikhou Thiome, avec son association « Dialaw-Takkul » (défi éternel) a doté son village natal de Yenne d’un Écocybercentre.
Communauté rurale de Yenne, un chapelet de sept (7) villages côtiers à 50 kilomètres au sud de Dakar, sur la petite côte. La population vit principalement de la pêche et de l’agriculture. C’est au niveau du chef-lieu de la communauté rurale que M. Thiome a choisi d’installer l’ÉcoCyber. A l’intérieur du bâtiment de couleur blanche qui l’abrite, de nombreux jeunes s’initient à l’écriture numérique sur une dizaine d’ordinateurs. Selon l’initiateur du projet, l’EcoCybercentre a pour vocation « d’informer et de sensibiliser à l’environnement et à la santé, d’initier les populations aux nouvelles technologies ». Il s’agit de s’occuper d’un environnement dégradé à s’informant à partir du Net. À ce titre, l’ÉcoCybercentre devient « un centre de ressources éducationnelles » et permet de combler « la fracture numérique en permettant aux communautés de bénéficier des bienfaits des NTIC », souligne M. Thiome. Le centre offre ainsi plusieurs services. Il est surtout à l’origine de divers programmes de « sensibilisation, d’éducation environnementale et d’initiation à l’informatique dans les écoles », indique M. Thiome. Des enfants qui ont essayé, à travers des dessins, de reconstituer les différentes forêts de la localité, de Niangal, de Kelle, de Toubab Dialaw. Sur les murs, des affiches informent des problèmes environnementaux de la communauté rurale comme la déforestation, la désertification, mais aussi offrent des solutions comme le recyclage du papier, le compostage et les stratégies pour diminuer les pollutions causées par les déchets pendant le cycle de consommation.
La jeunesse, principale cible
En effet, si l’ÉcoCyber est ouvert à toutes les composantes de la population, il entend cependant s’appuyer « sur la jeunesse ». Il s’agit, selon Cheikhou Thiome de « faire des enfants les ambassadeurs de la protection de l’environnement ». Ainsi, les responsables travaillent en étroite collaboration avec les établissements scolaires du village. Des élèves qui prennent d’assaut le lieu tous les jours comme en témoigne le taux de fréquentation qui est d’ « une vingtaine de personnes par jour ». Selon le jeune Mansour Tambédou, élève en classe de 5ème, « c’est une bonne découverte ». Aux dires du jeune potache, « Internet permet de s’informer et de communiquer. Mais à travers les informations reçues dans l’ÉcoCyber, nous essayons de conscientiser nos parents sur les méfaits de l’insalubrité, de la déforestation et les inciter au reboisement, à la reforestation » Ce qui fait dire à la monitrice, la canadienne Caroline Cyr dite Mame Nar Diouf, que la sensibilisation à l’environnement avec comme cible la jeunesse est une « chose importante permettant de toucher une importante frange de la population pour un développement durable ».
Un ambitieux programme
Afin de pérenniser les activités de l’ÉcoCybercentre, le projet compte développer des services à l’endroit de la communauté et à l’endroit des jeunes, comme « la santé, le sport, le suivi scolaire », souligne M. Cheikhou Thiome. Parallèlement à cette ambition, un programme d’échange culturel verra le jour avec la création d’une section des « Enfants contre la pollution ». Dans ce cadre, « un concours du meilleur projet environnemental sera lancé. Les enfants des sites africains visiteront leurs pairs des sites américains et découvriront l’Agence américaine pour la protection de l’environnement. Les jeunes Américains effectueront aussi des visites pour échanger et s’informer des défis environnementaux qui touchent leur pays », affirme M. Thiome qui ajoute que son projet fait face à un sérieux problème du fait que la connexion ADSL n’est pas arrivée dans sa localité. À souligner qu’en Afrique, Le Projet ÉcoCyber se trouve dans quatre pays : l’Afrique du Sud, le Bénin, le Ghana et le Sénégal.
Daouda Mane
(Source : Le Soleil, 31 janvier 2005)