Commentaire de Jean-Louis Fullscak sur l’attribution des licences 4G
mercredi 27 janvier 2016
Le Sénégal, pays « sage », avec un opérateur historique parmi les plus performants de l’Afrique, déçoit un peu par cette bataille de chiffres et décisions/sanctions, quelque soit par ailleurs la responsabilité de la Sonatel. Le montant fixé pour la licence 4G représente un dixième du résultat d’exploitation (EBITDA) ; il serait plus intéressant de le comparer au résultat net après impôts et taxes. Et le comparer au montant distribué aux actionnaires.
Pour sa part, au lieu de guerroyer avec le gouvernement sénégalais, la Sonatel serait mieux inspirée d’évaluer le coût global de l’évolution de son réseau (CAPEX + OPEX) –donc sa contribution au développement général du pays- pour motiver en contrepartie sa critique et justifier son « estimation de la valeur de licence ».
Pour les deux parties en conflit il serait souhaitable d’ouvrir un débat pour mettre sur la table les arguments, le contexte et les aspects financiers et économiques, et trouver un accord profitable au Sénégal. En aucun cas l’hypothèse de l’interdiction de licence pour la Sonatel (entre autres) telle que formulée par le Président ne devrait être considérée comme une réponse voire une solution car elle porterait préjudice aux intérêts bien compris du Sénégal.
Evidemment, ces intérêts seraient mieux justifiés –et mieux perçus par les citoyens sénégalais- si l’opérateur historique, filiale de France Télécom/Orange, était détenu au moins majoritairement par le gouvernement sénégalais. Le conflit soulevé par le montant –discutable- de la licence met en évidence cette situation de dépendance et devrait inciter les responsables sénégalais à une reprise, négociée, progressive et programmée, du capital de son opérateur historique car il est un acteur important voire stratégique du développement sur le plan intérieur, et de son rayonnement -notamment à travers les filiales de Sonatel en Afrique de l’Ouest- sur le plan extérieur.
Jean-Louis Fullsack
Directeur adjoint honoraire de France Télécom
Ancien Expert principal de l’UIT et Coordonateur du projet IntelCom I de la CEDEAO
(Source : Blogue de Jean-Louis Fullsack, 27 janvier 2016)