De profonds bouleversements sont attendus dans le secteur de la logistique. Colisdays et son cofondateur Mactar Sylla espèrent révolutionner la manière dont on envoie nos colis vers l’Afrique et dans le monde. Rudy Casbi
Le marché de l’envoi de colis vers l ‘Afrique est croissant. Si peu de statistiques officielles sur le sujet existent, un chiffre permet cependant de corroborer cette analyse. Selon l’organisation mondiale du tourisme, le nombre d’arrivées dans les aéroports africains augmenterait de 8% chaque année. « Si le nombre de passagers croît, le fret aussi ne peut qu’augmenter », indique Mactar Sylla cofondateur de Colisdays. Pourtant, cette corrélation n’a pas toujours été évidente à se dessiner. « Si les liaisons aériennes se multiplient pour les passagers, cela n’a pas toujours été le cas pour les marchandises », explique Mactar Sylla. Puis il ajoute : « Nous avions que peu de choix. Il fallait passer par des prestataires déjà bien connus que je ne citerai pas. Et si on voulait envoyer un colis en express, il fallait repérer un voyageur qui partait pour la destination du colis et s’arranger avec lui pour qu’il puisse bien vouloir rendre service », explique-t-il. L’objectif de Colisdays est donc de créer une communauté entre les voyageurs par l’intermédiaire d’une plateforme qui met en relation les voyageurs et les expéditeurs de colis.
Colisdays : une start-up d’avenir ?
Si le service proposé par Colisdays pourrait connaître un succès fulgurant, c’est aussi parce qu’elle se veut précurseur d’une ubérisation prochaine pour le secteur de la logistique. « D’un côté, les voyageurs cherchent à payer moins cher. Les billets d’avions n’ont jamais été aussi peu chers donc les passagers issus de la diaspora ne veulent pas perdre la différence de prix qui leur est favorable par un envoi massif de colis à des prix exorbitants », dit-il. Et c’est sur ce dernier point que Mactar Sylla compte faire la différence. « Les voyageurs pourront ainsi monétiser leur espace inoccupé (coffre de voiture, kilos de bagages en avion…) et le mettre à profit auprès d’autres utilisateurs souhaitant envoyer un colis ou documents à moindre coût. Un service gagnant-gagnant pour les deux parties », indique-t-il. Puis il poursuit : « Il s’agit de créer le concept de la poste collaborative », s’avance-t-il. S’il est difficile de parier aisément sur la réussite de Colisdays, son potentiel n’en demeure pas moins important. Selon plusieurs études concordantes, 70% de la diaspora africaine aurait déjà envoyé au moins une fois un colis à destination du continent africain.
Objectif : 20 000 utilisateurs
Conscient de ces potentialités, Mactar Sylla et ses associé ont fixé la barre haute pour sa jeune start-up. « D’ici 2020, nous espérons atteindre le seuil des 20 000 utilisateurs », espère-t-il. Afin de soutenir sa croissance, cette jeune start-up axe sa priorité sur la consolidation d’une communauté d’utilisateurs. « Aucun investisseur ne s’intéressera à notre start-up si nous n’avons pas une solide communauté capable de consommer nos services », analyse-t-il. Pour y parvenir, ce champion du monde de scrabble ne ménage pas ses efforts. « Le cœur de notre business va reposer sur le lien de confiance que nous aurons avec les utilisateurs en interagissant avec eux via la plateforme. Des dysfonctionnements sont toujours possibles mais c’est le lien que nous entretiendrons avec notre communauté qui fera la différence dans notre positionnement », indique-t-il. Et c’est aussi par le bouche-à-oreille des communautés afros qu’il espère convaincre du bien-fondé de sa startup pour parvenir à s’imposer sur le marché du fret.
Rudy Casbi
(Source : Financial Afrik, 24 octobre 2019)