Code des communications électroniques : vers l’interdiction des appels audio et vidéo sur whatsapp
samedi 1er septembre 2018
Près de quinze associations ont tenu une conférence de presse pour alerter sur le danger du projet de loi portant Code des communications électroniques, qui est en phase d’être voté le 6 septembre prochain. Selon ces associations, l’article 27 du Code des communications électroniques met en péril la neutralité du net et donne ainsi à l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes et aux opérateurs le pouvoir de bloquer, ralentir, filtrer, imposer ou encore surveiller WhatsApp, Viber, Messenger et autres applications de téléphone en ligne, pour préserver les intérêts des opérateurs de téléphonie mobile au détriment des intérêts des utilisateurs sénégalais. D’après Mountaga Cissé, voter cette loi, c’est livrer les utilisateurs d’internet pieds et poings liés aux opérateurs. L’ingénieur en informatique est convaincu qu’à la rentrée de l’Assemblée nationale, les usagers pourront se voir interdire de passer des appels audio sur la célèbre application WhatsApp. Poursuivant, il prévient sur les conséquences : « si la loi passe, il peut y arriver que la presse en ligne soit bloquée au regard de sa puissance. Il y a également une possibilité de voir l’accès à un site d’informations limité. De plus, les youtubeurs et créateurs de contenus libres sont exposés ».
Le journaliste-blogueur Pape Ismaïla Dieng, quant à lui, s’inquiète pour l’avenir des blogueurs. « Si un blogueur met une vidéo qui gêne, on peut lui opposer cette disposition », se désole-il. A en croire Mamadou Diouma Diallo, enseignant chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, l’article 27 du projet de loi qui pose problème. Pour l’enseignant, « ce projet, s’il n’est pas amendé, risque d’ouvrir une brèche pour les opérateurs, qui vont s’y engouffrer pour limiter l’utilisation de WhatsApp », a-t-il soutenu, avant de poursuivre : « Internet est devenu un lieu de prise de parole, de sociabilité et on porte atteinte aux droits à la connexion, à l’accès à l’information et à la liberté d’expression si ce sont les opérateurs qui régulent le flux », explique-t-il.
Ibrahima Lissa Faye, président des professionnels et éditeurs de la presse en ligne (appel), de renchérir : « beaucoup de scandales récemment ont été révélés grâce au net ; autoriser ou imposer une quelconque régulation serait forfaiture ». Ces acteurs, plus que jamais déterminés, demandent l’amendement de l’article 27. Ils comptent poursuivre leur combat, rencontrer les différents groupes parlementaires et organiser des journées de lutte sur l’internet.
Selon Abdou Khadre Lô, il est important que cet article soit amendé afin que « le dynamisme du numérique et la paix sociale soient préservés, pour libérer l’espace numérique économique, libérer les citoyens qui s’activent et pour une avancée démocratique ».
(Source : Jotaay, 1er septembre 2018)