Cloud versus edge : repenser l’infrastructure pour le travail à distance
mardi 12 mai 2020
Le cloud computing n’est pas exactement un nouveau concept. Ses avantages sont bien connus dans le monde des affaires. Sans lui, nous ne bénéficierions pas du grand nombre de services sur lesquels les entreprises de toutes tailles peuvent compter aujourd’hui. Il n’est donc pas surprenant que 85% des entreprises pensent que l’adoption du cloud soit nécessaire à l’innovation. Cependant, c’est pendant la crise actuelle liée au Covid-19 que le cloud a vraiment pris son envol. Il permet à des millions d’entreprises à travers le monde de continuer à fonctionner alors qu’un grand nombre de leurs employés se connectent depuis leur domicile.
Des concepts plus récents comme le edge computing, sont régulièrement comparés au cloud. Souvent ces deux approches sont considérées comme dissociables l’une de l’autre. Cependant, l’utilisation de l’une n’élimine pas la possibilité d’utiliser l’autre. Certains pensent également que le edge computing finira par remplacer l’informatique cloud traditionnelle, mais ce n’est pas le cas. Les deux technologies jouent un rôle important et distinct au sein de l’écosystème informatique.
Cela étant dit, il existe des cas d’utilisation où le edge computing présente des avantages par rapport à une infrastructure cloud centralisée traditionnelle. Ceci particulièrement pendant la période actuelle, au cours de laquelle l’augmentation du travail à distance est sans précédent. Le edge surmonterait notamment les problèmes de latence, les contraintes opérationnelles et la sécurité. Alors, quels sont ces avantages ?
Réduire les contraintes opérationnelles
Lorsque l’on compare le cloud traditionnel et le edge, la principale différence est le lieu où sont traités les données et la façon dont elles le sont. Avec le cloud, les données sont stockées et traitées au sein d’un emplacement central (généralement un centre de données), tandis que l’informatique via le edge permet un traitement des données plus près de la source.
Nous vivons d’ores et déjà dans un monde extrêmement riche en données. De nouvelles technologies émergent, telles que la 5G et l’IoT, créant ainsi de grandes quantités d’informations au plus près de l’utilisateur ou du réseau. Le travail à distance ne fait qu’amplifier cela. Et de plus en plus d’appareils tentent d’accéder aux réseaux de l’entreprise en dehors des bureaux. Le cloud lui-même possède des capacités de calcul et de stockage importantes. Cependant, avec une telle pression sur la bande passante du réseau, un type d’infrastructure différent devient nécessaire – c’est là qu’intervient le edge.
La refonte complète des infrastructures pour répondre à cette demande peut être coûteuse et gourmande en ressources pour les entreprises. Avec le edge, vous n’avez pas besoin de « jeter et remplacer » l’infrastructure. L’informatique via le edge permet aux entreprises de relever ce défi, car le traitement des données à la périphérie réduit la pression sur le cloud. Conjointement aux centres de données à la périphérie, le edge computing peut s’attaquer à un traitement des données plus localisé, libérant ainsi le cloud pour des besoins business plus généraux et aidant les applications à fonctionner plus rapidement.
Second avantage : la latence
Compte tenu de la nature même du cloud, les informations sont relayées vers le centre de données, traitées, puis renvoyées à la périphérie du réseau où se trouve l’appareil. Cela peut prendre du temps pour que les données voyagent et cela peut entraîner un retard ou une latence. Dans de nombreux cas d’utilisation, où le besoin de traiter des données n’est pas rentable, le cloud offre une grande puissance de traitement, de stockage et d’analyse de données à grande échelle. Cependant, dans certains cas, une telle latence peut poser des problèmes aux travailleurs à distance. Par exemple, pendant la crise de Covid-19, les employés ont particulièrement utilisé la vidéoconférence, ce qui nécessite une connectivité en temps réel.
Si dans le cas précédent d’un employé de bureau la latence n’est pas critique, elle peut avoir un effet plus préjudiciable pour un autre type de travailleur distant – ceux qui travaillent sur les lignes de production ou sur le terrain. Par exemple, imaginez un membre du personnel travaillant dans un entrepôt et qui utilise le « pick-by-vision » sur des lunettes intelligentes AR (Réalité Augmentée) qu’il porte pour l’aider dans la préparation manuelle des commandes, le tri, la gestion des stocks, les entrées et sorties de marchandises. Si une latence se produit au cours de ce processus et que le travailleur reçoit des informations différées, cela peut considérablement entraver sa productivité et même provoquer des erreurs répétées. Cela affectera inévitablement les résultats de l’entreprise. Le edge computing offre une solution à ce problème en déplaçant le traitement des données au plus près de l’appareil à la périphérie du réseau, éliminant ainsi la latence et réduisant la survenue de défaillances liées au décalage du réseau (lag).
Troisième avantage : la sécurité et la confidentialité
À mesure que de plus en plus de personnes travaillent en dehors du bureau, la quantité de données accessibles à distance augmente. L’augmentation du travail à distance donne aux cybercriminels une plus grande opportunité d’accéder aux données de l’entreprise et d’en faire mauvais usage. Avec le edge computing, les données sont filtrées et traitées localement plutôt que d’être envoyées à un centre de données central, puis au cœur du réseau de l’entreprise via le cloud. S’il y a moins de transfert de données sensibles entre les appareils et le cloud, cela implique une meilleure sécurité pour les entreprises et leurs clients.
Le COVID-19 a sans aucun doute modifié les façons de travailler. Cela a obligé les chefs d’entreprise à repenser leurs stratégies de travail à distance. Pendant cette période, le cloud a permis le partage sécurisé des données entre les entreprises. Cependant, comme indiqué précédemment, il existe des cas où l’informatique via le edge peut aider à réduire la bande passante, augmenter la vitesse du réseau et combattre les problèmes liés à la sécurité. Choisir entre le edge et le cloud n’est pas une obligation. Les deux technologies ont des objectifs et des utilisations différents et continueront d’avoir des rôles importants à l’avenir. Le travail à distance devenant la nouvelle norme pour les entreprises, il est prévisible que la future infrastructure réseau combinera les deux technologies.
Philippe Azouyan, Directeur Dynabook France
(Source : CIO Mag, 12 mai 2020)