Ceux qui doutent de la capacité de la langue véhiculaire nationale à prendre en charge la plus fine modernité peuvent revoir leur copie. Le wolof, comme le pulaar et de nombreuses autres langues africaines, affirme au fil du temps son éternelle vivacité. Les Chinois de Centenaire et même leurs compatriotes de Brescia en Italie devisent allègrement dans la langue de Kocc Barma depuis qu’ils ont compris qu’elle était la porte de nos poches et de nos portefeuilles. Ceux qui ont l’œil rivé sur nos bulletins de vote devraient méditer leur exemple. Nul n’ignore en effet, depuis les succès de Me Wade en politique, que la maîtrise des langues nationales est la clé qui ouvre les cœurs de l’électorat. Si vous doutez encore que le wolof soit une langue de notre temps, accédez à l’adresse http://wo.wikipedia.org/. Wikipédia est un vaste projet d’encyclopédie collective établie sur Internet. Sa vocation est d’offrir un contenu libre, neutre et vérifiable. Les pages de ce site peuvent être modifiées facilement et sans connaissances techniques préalables à l’aide d’un navigateur web. C’est sans doute cette grande liberté qui a inspiré des Sénégalais à inscrire le wolof parmi les langues de ce site. Le premier article de l’encyclopédie en wolof, portant sur le père de la bombe atomique Albert Einstein, a été publié le 27 juillet 2003. Le site comptait 4489 articles le 26 août 2009. Cela me rappelle que, dès les années ‘50, le savant sénégalais Cheikh Anta Diop avait traduit en wolof la théorie de la relativité de Einstein. Le village de Thieytou, où il repose, est donc en fête quand wo.wikipedia vient confirmer son hypothèse de la valable prétention de nos langues à exprimer l’universel. Cheikh Anta disait aussi que « le gouvernement dans une langue étrangère est impossible ». En dépit des preuves évidentes de la pertinence de son assertion, certains de nos politiciens ne comprennent toujours pas que « le gouvernement dans les langues nationales est possible » et... incontournable. Il ne leur reste alors qu’à se mettre à l’école des Chinois pour découvrir la richesse du parler de Serigne Moussa Ka.
Baay Jolof
(Source : Le Peuple, 7 novembre 2009)