Cheikh Bakhoum, Directeur général de l’ADIE : « Le numérique, un alternatif pour gagner en efficacité »
mercredi 18 mars 2020
Le directeur général de l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) a fait savoir que « le numérique va être un alternatif extrêmement important » dans la lutte contre la propagation du coronavirus. Dans l’entretien qu’il a accordé à Sud Quotidien, Cheikh Bakhoum étale les mesures d’accompagnement de son département aux structures administratives pour la continuité du travail assigné et informe être prêt, si le confinement venait à être déclenché, à dématérialiser le travail.
Quelles sont les mesures prises par l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE) contre le COVID-19 et sa contribution dans l’effectivité des décisions prises par le gouvernement ?
Du côté de l’ADIE, c’est tout à fait naturel que nous supportons toutes les administrations en particulier, le ministère de la santé. Nous évaluons déjà l’ensemble de la plateforme, que ce soit le site internet, qui informe les citoyens sur l’évolution de la maladie, mais également toutes les applications qui font le suivi des statistiques en matière d’évolution de la maladie. C’est ce que nous faisons avec ministère de la Santé. En dehors de cela, il faut commencer à imaginer une nouvelle manière de travailler mais également une nouvelle façon de donner du contenu, notamment sur le volet de l’enseignement. Au Sénégal, nous avons heureusement pu avoir un certain nombre de dispositifs, bien avant cette maladie, notamment la mise en place d’un intranet gouvernemental, d’un data center qui puisse héberger nos données. Ce qui véritablement va nous permettre de faire d’abord du téléenseignement suite à la décision du président de la République de fermer les écoles et les universités. Grâce à ce dispositif, des contenus peuvent être diffusés pour une continuité pédagogique. Actuellement, nos équipes sont au niveau du ministère de la formation professionnelle pour le renforcement du dispositif de télé-enseignement du sous-secteur. Le numérique va être un alternatif extrêmement important pour permettre à nos élèves et à nos étudiants de continuer à bénéficier de cet enseignement à distance, en attendant que la situation se stabilise. L’Adie est un support d’un réseau qui est déployé au niveau national et qui peut être utilisé par toutes les administrations mais également, un data center pour héberger toutes les plateformes qui pourront être accessibles partout sur le territoire national
L’option télétravail est agitée au regard du contexte dans les autres pays où la maladie a atteint des proportions inquiétantes. Sommes-nous dans cette dynamique de se parer à toute éventualité ? L’administration sénégalaise est elle prête ?
Il nous faut d’abord avoir le cadre règlementaire pour instituer le télétravail. C’est le président de la République d’en décider. Nous ne sommes pas à ce stade de la pandémie. Mais si on en arrive, on doit obligatoirement réinventer la manière de travailler, donc le télétravail. Ceci est une réponse pour que les activités ne puissent pas s’arrêter. La plupart des entreprises ont des systèmes d’information, qui peuvent permettre aux travailleurs, de pouvoir bosser à partir de chez eux. Ce sera aussi le cas du côté de l’État qui a des plateformes. D’abord, nous avons la messagerie administrative. Aujourd’hui, au lieu d’envoyer des courriers entre administration, on privilégie le mail. C’est une bonne occasion pour nous, d’éprouver au mieux la messagerie administrative que toutes les entreprises utilisent. Au-delà de ça, nous avons un certain nombre de plateformes pour la gestion des réunions. Nous avons Optica où la réunion peut être dématérialisée, le suivi des décisions et faire de la vidéo conférence. Donc, chacun chez lui peut participer aux réunions. Tous ces dispositifs existent aujourd’hui au niveau de l’Adie. Il y a déjà des administrations qui l’utilisent. C’est aussi un appel pour l’utilisation de ces outils, pour ne pas encore une fois freiner le travail au niveau de l’administration. Beaucoup de structures administratives tapent à nos portes. Nos équipes sont mobilisées et disposées à les accompagner ; même à distance, on pourra aider l’ensemble des agents des administrations pour que chaque agent puisse continuer à faire son travail sans pour autant que l’administration puisse être fortement impactée.
La situation du Covid-19 ne devrait-elle pas constituer un point de départ de la modernisation de l’administration sénégalaise ?
C’est une opportunité pour éprouver toutes ces plateformes qui ont été déployées. C’est une bonne occasion pour que les ministres, les décideurs, puissent s’imprégner, s’impliquer, utiliser ces outils même si la maladie disparaît dans notre pays, afin de permettre à notre pays d’améliorer sa productivité et gagner en efficacité.
Ibrahima Baldé
(Source : Sud Quotidien, 18 mars 2020)