Chapitre sur le Sénégal du rapport « Internet sous surveillance » 2004 publié par Reportères sans frontières (RSF)
samedi 3 juillet 2004
Sénégal
– Population : 9 855 000
– Internautes : 105 000 (2002)
– Prix moyen pour 20h de connexion : 34 euros
– DAI [1] : 0,14
– Appréciation [2] : situation moyenne
Le Sénégal propose un accès correct à Internet au regard des autres pays d’Afrique francophone. C’est un Etat dans l’ensemble respectueux de la liberté d’expression, aussi bien dans la presse que sur la Toile.
Le président sénégalais a proposé lors du Sommet mondial sur la société de l’information (SMSI), qui s’est tenu à Genève (Suisse) en décembre 2003, la création d’un fonds de solidarité visant à réduire la fracture numérique Nord-Sud qui serait alimenté par les contributions volontaires d’Etats, de citoyens et d’organisations. Cette proposition, acceptée sur le principe par la plupart des Etats présents au Sommet, est cependant restée lettre morte. Aucune mesure concrète n’a en effet été adoptée pour permettre de financer ce fonds.
Fin du monopole sur les télécommunications
Fin décembre 2003, le gouvernement a notifié à l’opérateur de télécommunications, Sonatel, qu’il mettait fin à son monopole et ouvrait le secteur à la concurrence. Cette décision devrait favoriser une baisse du prix d’accès à Internet. Le Sénégal compte 13 fournisseurs d’accès et plus de 150 points d’accès public au Net. Il est un des rares pays africains à proposer une connexion haut débit au Réseau, grâce à une offre ADSL lancée en mars 2003 par Sonatel.
Le responsable d’un site condamné pour diffamation
Le 7 janvier 2004, Christian Costeaux, responsable du site d’informations touristiques www.senegalaisement.com, a été condamné par contumace, par le tribunal correctionnel de Ziguinchor (sud du pays), à un an de prison ferme et à une amende de 600 millions de francs CFA (environ 915 000 euros). La peine était assortie d’un mandat d’arrêt international. Les plaignants, le maire de Ziguinchor, principale ville de Casamance et deux hôteliers de la région, reprochaient à Christian Costeaux des propos diffamatoires visant, selon eux, à ternir leur image. Ce dernier avait publié sur son site un article, « Ziguinchor, plus de 100 millions détournés au trésor », qui mettait en cause des proches du maire dans une affaire de corruption. L’article diffusé en ligne était tiré de Walfadjiri, un journal sénégalais jouissant d’une bonne réputation. Le site www.senegalaisement.com est toujours accessible depuis le Sénégal. Christian Costeaux, qui ne réside pas au Sénégal, est hors de portée de la police sénégalaise.
Sites utiles
– L’Observatoire sur les systèmes d’information, les Réseaux et les inforoutes du Sénégal
http://www.osiris.sn/
Information reproduite avec l’aimable autorisation de RSF (http://www.rsf.org/)
[1] Le DAI (Digital Access Index) est un indice créé par l’Union internationale des télécommunications pour mesurer la capacité des individus d’un pays donné à accéder aux technologies de l’information et de la communication. Les notes vont de 0 (incapacité totale) à 1 (accès parfait).
[2] Les appréciations (situation bonne, moyenne, difficile, grave) ont été établies à partir de sept critères : cyberdissidents ou journalistes online tués, emprisonnés, harcelés, censure de sites d’informations, existence de sites d’informations indépendants, existence de fournisseurs d’accès indépendants, coût abusif de connexion.