Changement de label de la sonatel et d’alizé : Le « niet » des travailleurs de la Sonatel
mercredi 23 novembre 2005
La décision de changer le nom de Sonatel, d’Alizé et de Sentoo pour le remplacer par le label Orange, marque internationale commerciale de France Télécom, suscite le courroux des travailleurs de la Sonatel. Hier, c’est au cours d’un point de presse, que l’Intersyndicale de la Sonatel (composée du Syts, du Synes, et du Sntpt) a tenu à dénoncer cette attitude « impérialiste » de France Télécom. « Alizé n’a pas un problème de marque ou de label, mais un problème d’investissement et d’élargissement du réseau », a souligné Ibrahima Konté qui demande à l’Etat de prendre ses responsabilités devant ce qu’il appelle « une boulimie expansionniste » de France Télécom. Selon le secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la Sonatel (Syts), l’opérateur historique qu’est la Sonatel ne doit pas perdre sa « carte d’identité nationale ». Depuis 1997, France Télécom occupe 33 % du capital de la Sonatel.
Selon l’Intersyndicale, la filiale française des télécommunications a bénéficié d’un rajout de 9 % en catimini. Ce qui lui donne 42 % du capital. L’Etat en conserve 27 %, 10 % étant pour les travailleurs et 21 % pour le privé. Avec ce pourcentage du capital que détient France Télécom, les travailleurs de la Sonatel rappellent que le géant français des télécommunications « n’est pas actionnaire majoritaire ». Selon eux, la privatisation de la Sonatel n’est pas une privatisation sanction pour motifs de redressement, mais plutôt une restructuration de plus pour la propulser dans la cour des grands.
Madou Kâne met l’accent sur la gravité de la situation dont des délégués du personnel et des travailleurs de la Sonatel ne sont pas encore au courant. Le secrétaire général du Syndicat national des cadres et du personnel d’encadrement de la Sonatel (Synes) assimile cette situation à une tentative de Chirac qui vient demander au président Wade de floquer quelque part le bleu-blanc-rouge sur le drapeau national.
L’intersyndicale de la Sonatel dénonce en même temps le côté scandaleux de ce projet France Télécom de changer le nom de la Sonatel et d’Alizé pour le remplacer par Orange. En effet, en plus du management free que paye la Sonatel à France Télécom depuis 1997 pour sa force, le géant français réclame le paiement d’une redevance annuelle appelée Brand free. Le Brand free ou taxe sur la marque que la Sonatel doit payer à France Télécom, si toutefois, elle venait à changer de marque, représente 1,6 % du chiffre d’affaires, soit environ 4 à 5 milliards. Face à cette situation, les travailleurs de la Sonatel parlent « d’arnaque financière » et estiment qu’il y a une absence de débat interne concernant cette affaire.
« L’hypothèse de base sur laquelle nous nous sommes adossés pour avoir France Télécom comme partenaire stratégique ne se justifie plus », a reconnu Kabou Guèye. Selon le secrétaire général du Syndicat national des travailleurs des postes et télécommunications(Sntpt), il y a lieu de revoir ce partenariat avec France Télécom qui se comporte comme un gangster à l’extérieur de la France.
Interrogé sur l’attitude de la direction générale de la Sonatel, face à cette situation, l’Intersyndicale de la Sonatel reste au bout du fil. « Jusque-là, nous n’avons pas encore une position tranchée de la direction générale, mais on verra si le Dg a un patriotisme de fauteuil ou un patriotisme national », a déclaré Ibrahima Konté.
En attendant la date du 8 décembre où se tiendra le Conseil d’administration qui votera oui ou non ce projet de changement de marque, les travailleurs de la Sonatel affûtent leurs armes. Même les menaces du Pca de la Sonatel qui consistent à dire que « France Télécom ira seule avec la marque Orange en Guinée si cette question n’est pas réglée », ne les feront pas reculer.
Issa NIANG
(Source : Wal Fadjri, 23 novembre 2005)