Le bilan de votre société publié dans Le Populaire du vendredi 17 mars 2006, m’offre l’agréable occasion, en ma qualité de membre du Club Sonatel, de vous adresser, par la présente, mes félicitations les plus chaleureuses.
Au moment où les Ics, naguère fleuron de notre économie nationale, sont confrontées à des difficultés dont je souhaite qu’elles soient vite surmontées, il est heureux de constater que la Sonatel, autre fleuron de notre économie, au titre de l’année 2005, gère 2 000 000 d’abonnés et s’en tire avec un bénéfice net de 116 milliards de francs Cfa. Cette « tendance fortement haussière » est la résultante d’une politique de rigueur que vous avez su mener sans pour autant nuire aux intérêts des travailleurs. En permettant à ces derniers de prendre des actions dans le capital de la Sonatel et, par voie de conséquence, de siéger au Conseil d’administration de celle-ci, vous appliquez ainsi une politique de motivation, gage indispensable d’un engagement qui ne peut être que profitable à l’entreprise.
Les réunions annuelles du Club auxquelles j’ai eu à participer, m’ont permis de me rendre compte à quel point, les agents de la Sonatel, parce que se sentant co-responsables, sont déterminés à défendre leur outil de travail. Il faut impérativement poursuivre dans cette direction d’autant que le secteur dont vous êtes en charge, celui des télécommunications, est aujourd’hui au centre du débat sur la mondialisation. En effet, un système de télécommunication fiable permet de se connecter au reste du monde et se trouve être une condition sine qua non d’un développement concerté. Cette part faite à l’appréciation positive que le disciple du père tenait à porter sur l’action du fils, j’aimerais revenir sur des points que j’ai souvent soulevés à l’occasion des rencontres annuelles du Club.
Le premier point qui me tient à coeur, c’est celui de la nécessaire représentation du Club au sein du Conseil d’administration - représentation hors travailleurs s’entend. En effet, dans un souci d’une plus grande démocratie, voire d’une plus grande efficacité, il me paraît normal que le Conseil d’administration dans sa composition actuelle, soit élargi à des personnes porteuses d’une vision plus proche de celle des abonnés. Ce serait un enrichissement considérable pour cette instance de décision. A ce propos, l’argument tiré du silence des textes ne me paraît pas incontournable. Il suffit, une fois qu’un consensus sera dégagé, de procéder aux modifications nécessaires.
Par ailleurs, je suggère que les bénéfices réalisés et dont la masse impressionnante nous emplit de fierté, fassent l’objet d’une affectation judiciaire pour toujours augmenter la capacité d’intervention de la Sonatel dont l’expertise est de plus en plus sollicitée par les pays voisins. Ce projet d’affectation devrait également se traduire par une hausse sensible des dividendes perçus par les membres du Club qui ont osé en achetant des actions Sonatel.
Le second point concerne les abonnés : un Sénégalais introduisant une conférence à l’occasion des vendredis de Sup de Co disait récemment qu’à côté de la paix des coeurs et des esprits, il faut également la paix de la poche. A l’heure où cette paix de la poche est de plus en plus menacée, il serait indiqué pour éviter de la menacer davantage, que la Sonatel qui, par ce bilan publié, fait aveu d’une bonne santé financière, accepte de revoir à la baisse l’ensemble de ses tarifs, notamment au niveau du mobile. Il y va de la place que cette société occupera dans un secteur de plus en plus ouvert à la concurrence qui est la règle d’or de tout système libéral.
El Hadji Babacar KEBE
Membre du Club Sonatel
(Source : Wal Fadjri, 21 mars 2006)