Cession à France Télécom des 28% de l’Etat dans Sonatel : « Les grandes lignes d’un plan secret de blanchiment d’argent de Karim Wade »
dimanche 4 septembre 2011
Il y a un peu moins deux ans, l’Etat voulait céder ses 28% dans le capital de la Sonatel à France Télécom. Une volonté qui avait soulevé un grand tollé au Sénégal, particulièrement chez les travailleurs de Sonatel. Selon les câbles dévoilés par Wikileaks, ce projet s’expliquait, au-delà de la volonté de l’Etat d’avoir de l’argent frais, par un tout autre calcul de Karim Wade, sous la bénédiction de son père, Abdoulaye Wade.
L’aubaine pour le gouvernement pourrait être d’un milliard de dollars américains, avec au moins 15 millions de dollars qui iraient à Rothschild Banque. « Le 2 mai, Sogue Diarisso, une personne âgée fonctionnaire au ministère des Finances et proche confident du ministre des Finances Abdoulaye Diop, a présenté avec précision les grandes lignes d’un plan secret pour la vente des 28% de l’Etat dans la Sonatel », note l’ex-ambassadeur des Etats-Unis au Sénégal, Marciat Bernicat. L’affaire était diligentée par Mme Magette Kane Diop, chef du bureau des achats de la Direction générale des marchés publics (DGMP), du ministère de la Finances. Selon la loi sénégalaise, une telle opération doit être ouverte, transparente, concurrentielle et approuvée seulement après un examen par un comité d’investissement et les approbations de la DGMP. Maguette Kane Diop a « bouclé sous la pression de hauts fonctionnaires à la présidence » et avait été contrainte à signer une renonciation le 16 mai pour permettre un « marché de gré à gré ». Le ministre des Finances, qui devait approuver cette dérogation, était au Mozambique pour une réunion de la Banque africaine de développement. « Si le président Wade a annoncé la vente des parts du gouvernement à la Sonatel avant de se rétracter plus tard à cause du FMI et des bailleurs de fonds, les potentiels bénéficiaires étaient Karim Wade et ses partenaires. Le but de cette cessation des parts des actions de Sonatel était d’aider Karim Wade et ses associés à blanchir d’énormes sommes d’argent qu’ils ont recueillies ces dernières années au travers de « contributions », « dons », commissions occultes, et la vente de biens acquis illégalement, dont une grande partie a été générée lors des préparatifs du sommet de l’Organisation de la conférence Islamique (OCI) tenue en Mars à Dakar », constate l’ambassade américaine à Dakar qui est plus que convaincue que le Sénégal est en proie à une corruption de haut niveau. Elle conclut son câble par cette remarque de Diarisso : « le pays ne peut accepter les efforts fréquents de Karim Wade pour blanchir plus de 5 milliards de dollars USD. C’est au-delà de l’acceptable. » Ce télégramme diplomatique se passe de commentaire.
(Source : DakarActu, 4 septembre 2011)