Ces arnaques par SMS qui font des ravages parmi les abonnés mobiles en Afrique
samedi 21 janvier 2012
Rares sont les abonnés à un service de téléphonie en Afrique qui n’ont jamais reçus ces SMS suspects qui vous annoncent avoir gagné plusieurs milliers d’euros ou une voiture de luxe. L’objet de ces SMS est d’inciter « l’heureux gagnant » à appeler un numéro surtaxé à l’étranger pour avoir d’amples informations sur les conditions de réception du lot. Présente sous la forme d’un SMS très familier d’une jeune fille qui vous demande de la rappeler d’urgence, toujours sur un numéro d’un pays étranger. La plus part de nos compatriotes, attirée par l’appât du gain facile, saute sur l’occasion en appelant ces numéros surtaxés, appel qui épuise en un temps record leur crédit de communication. A l’échelle d’un ou de plusieurs, le taux de réponse peut être impressionnant, ce qui procure à ces entités une marge non négligeable vue le faible investissement. Ces SMS proviennent le plus souvent de pays comme le Lichtenstein, le Liberia, ou parfois de pays plus classique comme l’Italie ou l’Espagne.
Devant ce fléau, que font les opérateurs pour protéger leurs abonnés ? Presque rien, puisque dans cette histoire, les opérateurs pensent n’avoir rien à perdre car leurs abonnés sont dans une écrasante partie de clients prepaid, ce qui n’engendre pas des soucis de recouvrements. Ils se disent que le client qui, par naïveté, appelle ces numéros surtaxés, ne pourra s’en prendre qu’à lui même. À la limite, ces arnaques par SMS pourraient, dans une certaine mesure, accroître leur chiffre d’affaire. C’est une manière bien simpliste de voir les choses car, la plus part des clients, pensent que ces arnaques par SMS leur proviennent des opérateurs. En 2011, plusieurs clients de l’opérateur Orange en Guinée avaient investi ses agences commerciales dans la capitale Conakry pour, disaient ils, récupérer leur lots auprès de l’opérateur. Le seul geste qui est fait par certains opérateurs est de bloquer au cas par cas certains numéros qui leurs sont communiqués comme étant émetteurs de SMS dont l’objet est d’arnaquer leurs clients. Il ne coûterait pas grand-chose à ces opérateurs de faire un push SMS vers l’ensemble de leurs clients pour les informer de ces pratiques. Pourquoi ne le font ils pas ? Alors qu’ils ne se gênent pas à en faire lorsqu’il s’agit d’informer les clients d’une promotion ou d’une nouvelle offre.
Les opérateurs ne sont pas les seuls à être dans une léthargie devant ce fléau qui accroît la pauvreté de nos populations en les dépouillant de leurs maigres ressources. Les associations de consommateurs, qui se disent être là pour défendre les intérêts des consommateurs, ne font presque rien pour sensibiliser les abonnés sur l’existence de ces nouvelles méthodes d’arnaque qui surfent sur l’essor de la téléphonie mobile. Dans les rares cas où elles essaient de le faire, elles s’y prennent mal dans la manière de poser le problème en tenant comme unique responsable les opérateurs mobiles. Cette situation est possible à cause de la pauvreté des ressources dans ces associations, qui sont le plus souvent le reflet d’une seule personne qui cherche à se faire connaître.
Les régulateurs des télécommunications ont aussi une grande responsabilité dans cette affaire car ayant parmi leurs missions clés la protection du consommateur. Mais étant plus occupés à rivaliser d’ingéniosité pour créer de nouvelles taxes, ces régulateurs ne font presque rien pour empêcher que les abonnés à la téléphonie mobile ne soient plus victimes de ces arnaques. En guise de contre exemple, le régulateur des télécommunications en Inde (TRAI) vient de demander à tous les opérateurs mobiles du pays de se doter de moyens dans les 30 jours pour lutter efficacement contre ces arnaques par SMS venant de l’étranger.
Ce qu’il faudrait réellement, c’est une campagne de communication commune faite par les opérateurs, le régulateur et les associations consuméristes. Il est de leur devoir d’informer le consommateur sur l’ensemble des risques liés à sa situation d’abonné mobile.
Le modou-modou des télécoms
(Source : L’Afrique des télécoms, 21 janvier 2012)