Centre Régional de Contrôle des Fréquences : Historique, objectifs et attentes d’un outil essentiel de l’ARTP
dimanche 13 juin 2021
Historique
Dans le cadre de la phase du projet SIGAF (Système d’Information évolué de Gestion et de Contrôle Automatisés des Fréquences) l’ARTP s’est dotée d’outils techniques pour le contrôle des émissions radioélectriques par des mesures et de la goniométrie dans la gamme des fréquences de 10 KHz à 3 GHz. Cette première phase a été réalisée en 2007 pour la région de Dakar et est composée, en plus des bases de données cartographiques, d’une station fixe H/V/UHF et deux mobiles V/UHF déployées sur deux sites distincts :
– Le Centre Nationale de Contrôle des Fréquences V/UHF sis à Malika-Yeumbeul qui est composé de :
- une (1) station fixe de mesure ;
- deux (2) stations mobiles de mesure.
– Le centre de contrôle HF sis à Khombole.
Problématique
Le spectre radioélectrique ou spectre des radiofréquences (RF) est une ressource naturelle limitée et est également disponible dans tous les pays. Cette ressource possède de grandes potentialités et, moyennant un développement adéquat, elle peut contribuer à accroître l’efficience et la productivité de la population active d’une nation ainsi qu’à améliorer la qualité de la vie. Il est considéré comme une ressource publique nationale, stratégique et rare.
Les fréquences radioélectriques sont devenues indispensables à de nombreux secteurs comme les télécommunications, l’audiovisuel, la radiodiffusion, tous les modes de transports, les réseaux satellites, les réseaux d’énergie, les compteurs intelligents, la sécurité privée ou publique, la défense nationale, la navigation aéronautique et maritime, les communications pour le commerce et l’industrie, et les communications personnelles de tous les jours.
La demande en spectre de fréquence fait consensus, et connaît un accroissement considérable. Cette évolution entraine la nécessité d’une gestion rationnelle et efficace de ces ressources devenant dès lors indispensable si l’on veut assurer la coexistence de plusieurs réseaux et services de radiocommunication sans qu’il y ait des brouillages mutuels entre les différents services et les différents réseaux.
Cependant, il est aisé de constater aujourd’hui, la prolifération des réseaux de radiocommunications établis sans les autorisations requises. Cette situation ne fait qu’augmenter les risques d’interférences entre les services exploitants et les émissions illicites ; d’où la nécessité d’améliorer les techniques de traitement des données et les méthodes d’analyse technique si l’on veut donner satisfaction aux nombreux utilisateurs qui souhaitaient pouvoir accéder à la ressource en tenant compte de leur diversité.
Le Centre Nationale de Contrôle des Fréquences (CNCF) sis à Malika nous permet d’effectuer des mesures jusqu’à un rayon de 70 Km ce qui constitue un frein pour l’ARTP, à partir du centre, de mesurer les signaux provenant des autres régions à l’intérieur du pays.
Contexte
Pour faire face à cette situation et mieux tirer profit des ressources spectrales, l’ARTP envisage de renforcer son dispositif de contrôle de fréquences radioélectriques, en vue, d’une part, se doter de moyens modernes de gestion et de contrôle du spectre par le biais des Centres Régionaux de Contrôle des Fréquences (CRCF) et, d’autre part, améliorer ses prestations envers les usagers du spectre et être en mesure de prendre davantage en charge les différentes missions qui lui sont assignées dans le secteur des communications électroniques sur toute l’étendue du territoire national.
Ces centres seront interconnectés au CNCF et au SIGAF via un réseau WAN permettant ainsi les remontées de mesures et une interaction dynamique entre les centres régionaux et le centre national.
C’est dans cette perspective que l’Autorité de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) a retenue, dans le cadre de son plan opérationnel 2021, l’acquisition d’une station de contrôle de fréquences radioélectriques en vue de l’extension du projet SIGAF (Système d’Information évolué de Gestion et de Contrôle Automatisés des Fréquences) dont la première phase a été réalisée en 2007 pour la région de Dakar.
Objectif du centre régional :
L’ARTP est chargée d’organiser et d’effectuer le contrôle du spectre sur le territoire national. Elle vérifie l’application des règles régissant l’emploi des fréquences et s’efforce de résoudre les cas de brouillages dont sont victimes les utilisateurs légitimes. Le contrôle des émissions est étroitement lié aux tâches d’inspection et de vérification de la conformité. Il permet en effet d’identifier et de mesurer les sources de brouillage, de mesurer les rayonnements non ionisants (mesures santé), de vérifier la conformité des caractéristiques techniques opérationnelles des signaux rayonnés, d’identifier les émetteurs qui fonctionnent dans l’illégalitéet enfin de complèter activement le travail global de gestion du spectre fournissant les résultats de mesure à caractère général concernant l’utilisation des canaux et des bandes de fréquences.
Cette station de contrôle régionale nous permettra de :
– Surveillance en continu du spectre de fréquence ;
– Vérification des caractéristiques techniques et d’exploitation des réseaux radioélectriques dans le nord et le centre du pays ;
– Résolution des cas de brouillage et identification des émetteurs non autorisés ;
– Vérification des fréquences aux frontières avec nos pays limitrophes ;
– Vérification du respect des accords de coordination avec les administrations des pays limitrophes ;
– Eviter certains déplacements des agents du centre national.
Pourquoi une décentralisation ?
Nous savons bien qu’une structure de gestion du spectre centralisée peut présenter divers avantages : efficacité, normalisation des processus et des systèmes dans toute l’organisation, prise de décision au sommet de l’organisation.
L’avantage d’une gestion décentralisée, en revanche, est la capacité de gérer les problèmes sur place et de mettre en place des éléments d’incitation réelle susceptibles d’améliorer ou de rendre plus efficaces les activités de l’organisation. Avec une structure décentralisée, les demandes peuvent être prise en compte et résolus plus rapidement et de manière beaucoup plus efficace.
Apports aux populations du point de vue technique et économique :
– Création de plusieurs emplois ;
– Etre plus accessible à la population et éviter les déplacements de certains consommateurs jusqu’à Dakar pour le traitement par l’ARTP de leur dossier ;
– Mesures RNI (santé) pour voir en permanence l’impact de tous les signaux surtout de la bande des mobiles (3G, 4G, 5G ) sur la santé des populations ;
– Traitement en permanences pour les populations des difficultés dans les domaines des télécommunications (qualité de service, Roaming non intentionnel).
Apports à l’ARTP :
– Eviter certains déplacements dans le centre et nord du pays ;
– Diminution des frais de mission ;
– Contrôle en permanence du spectre des fréquences de la zone nord ;
– Etre plus proche de la population rurale.
– Vérification en permanence du Roaming intentionnel et non intentionnel
Pourquoi particulièrement la Zone De Matam
Lors de la phase 1, le Centre National de Contrôle des Fréquences a été installé à Malika-Yeumbeul pour servir la région de Dakar et environ. Ainsi dans son désir de mailler le territoire national, l’ARTP a choisi d’implanter un centre régional pour la phase 2 dans le Nord à Matam, la phase 3 à Kolda et la phase 4 dans les régions du centre et du sud.
Le choix de Matam s’explique par sa situation géographique stratégique avec les frontières de la Mauritanie et du Mali et par l’aspect sécuritaire qui règne dans la zone sahélienne. Ce centre régional permettra à l’ARTP de mieux maîtriser l’utilisation du spectre dans le centre et le nord du pays et d’être plus accessible aux populations pour la prise en charge de leurs besoins dans le domaine des communications électroniques.
(Source : Léral, 13 juin 2021)