Ce que nous attendons de la nouvelle direction de la Rts
lundi 31 janvier 2005
Décidément sous l’ère Wade, la Rts à l’image de nombre de sociétés nationales la Lonase, la Poste etc. est partie pour battre le records des boîtes qui croquent le plus de Directeur Général. Après s’être débarrassé de Mactar Sylla, un vrai professionnel de l’audiovisuel dont l’opinion avait bien accueilli la nomination au lendemain de l’Alternance, Wade avait intronisé, Khoudoss Niang qui, dès sa prise de fonction avait affiché sa détermination à mettre la Rts, la télévision en particulier au service exclusif de Wade, du Pds et de ses structures satellites par son slogan d’alors « Je suis venu pour rendre visible l’action de Me Wade ». Aujourd’hui c’est cet homme là que Me Wade vient encore de défénestrer pour enfin remettre la Rts entre les mains de professionnels, mieux de purs produits de la maison. L’objet de mon propos n’est point de décrier la caporalisation de la Rts par le régime Wade, cela l’a été suffisamment sans que rien n’y changea, mais d’évoquer quelques mesures hardies, non exhaustives à soumettre à la nouvelle équipe pilotée par Daouda Ndiaye.
Réfléchissant bien sur la décision de Wade de limoger Khoudoss Niang et de porter son choix sur lui, à notre avis Daouda Ndiaye doit se dire au moins une chose : même si demain il me révoque, personne ne va s’en émouvoir puisque combien il a en remercié ? Par conséquent je dois m’efforcer à mieux faire que mon prédécesseur pour la satisfaction des travailleurs et du public tout en prenant en compte l’aspect incontournable de média d’Etat et de service public. Daouda Ndiaye est dépositaire d’un talent et d’une expérience tels que même sorti de la Rts il ne tardera pas à trouver une plaque pourquoi pas plus juteuse. La preuve Mactar Sylla avait si bien raison à son départ en disant « j’étais pas venu à la Rts pour chercher de l’argent » par la suite, il s’est retrouvé à la tête d’une chaîne de télévision au Cameroun dont le budget dépasserait de loin celui du Triangle Sud. Mieux, Daouda Ndiaye et les hommes qu’il s’est choisi pour l’accompagner dans sa mission et même Me Wade savent per tinemment que continuer à gé rer la Rts de cet te manière c’est le meilleur mo yen de creuser d’avantage le fos 0sé qui le sépare chaque jour du public dont il est censé servir. Ensuite la conscience professionnelle et la déontologie doi vent occuper une place centra le dans le cœur des éléments de la nouvelle équipe pour les doter de suffisamment de courage qui leur permettra de refuser d’être sous le dictat de quelque lobby politico-affairiste d’où qu’il vienne. Ainsi fort de tout cela, Daouda et son équipe doivent arc-bouter leur feuille de route sur une ligne directrice qui est : réconcilier la Rts avec ses travailleurs et son public. Et cela se réalisera à travers plusieurs actions aussi urgentes et nécessaires les unes que les autres, nous en énumérons quelques unes :
Permettre un accès équilibré aux médias d’Etat, à la télévision en particuliers à tous les acteurs de la vie nationale : partis politiques, syndicats, mouvements associatifs et religieux ; Améliorer la qualité du service offert, les interruptions fréquentes avec écran blanc à la télévision doivent disparaître pour de bon ;
Cesser les nombreux et longs reportage politiciens de Maître Wade avec des propos ennuyeux et dithyrambiques ;
Eviter l’excès de zèle et de populisme dont font montre certains journalistes notamment les reporters du palais et le griot de Wade ;
L’interruption brutale des films par des spots publicitaires irrite le public ;
De véritables films de cinéma et des documentaires instructifs sont devenus rares sur notre petit écran ;
Le crédit horaire des journaux télévisés en langues nationales doit être reconsidéré de même que le contenu de ses journaux. Pour clore notre propos je voudrais préciser que nous ne doutons guère de la compétence, de la volonté et de l’engagement du personnel de la Rts, mais hélas celui-ci me semble t-il n’a jamais disposé de moyens, d’un environnement et de pouvoirs propices à son plein épanouissement. Et l’arrivée de Wade au pouvoir qui avait fait penser qu’un vent de changement allait souffler dans la maison a eu des effets contraires. De toute façon avec ses mouvements d’humeurs intervenus récemment à la Rts et ayant abouti au départ de Khoudoss des questions méritent d’être posées : Wade commence t-il à comprendre que le monopole qu’il fait exercer sur les médias publics le dessert auprès de l’opinion ? Daouda Ndiaye réussira t-il à réaliser les changements tant attendus par le public ? l’avenir nous édifiera ; en attendant bon vent Monsieur le Directeur Général....
Bara GAYE - Mbacké baragaye72@yahoo.fr
(Source : Le Quotiein, 31 janvier 2005)