Carte d’identitée numérisée : Les députés donnent leur caution
jeudi 1er septembre 2005
Les députés ont apporté leur caution, en votant hier, mercredi 31 août, presqu’à l’unanimité, à l’institution de la carte nationale d’identité sénégalaise numérisée. En plus de la gratuité de la carte, le citoyen aura la possibilité, avec cette opération, de s’inscrire dans le lieu où il réside. D’un coût estimé à près de 14 milliards F Cfa, ce système offre, selon le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, de nombreux avantages.
Le projet de loi instituant la carte nationale d’identité sénégalaise numérisée, a été voté hier, mercredi 31 août, presqu’à l’unanimité, en dehors de l’abstention de trois députés de l’Alliance des forces de progrès (Afp). L’objectif est d’inscrire six millions de Sénégalais pour la carte d’identité numérisée et au moins trois millions de citoyens pour la carte d’électeur numérisée.
En effet, la carte nationale d’identité numérisée est gratuite jusqu’au 30 avril 2006, au-delà, le demandeur sera dans l’obligation de payer pour entrer en possession du sésame.
Cette opération qui a coûté près de 14 milliards (13 milliards 800 millions F Cfa, exactement), selon le Ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom, a été qualifiée de « révolutionnaire » par les élus du peuple, véritable source de « fierté nationale », de l’avis de certains parlementaires.
Les questionnements
Un certain nombre de préoccupations ont été soulevées par les députés. Elles concernent l’opérationalité du système informatique en milieu rural où il n’y a pas d’électricité, les audiences foraines pour répondre aux nombreuses demandes d’état civil, le renforcement des sanctions en cas de non-acquisition de la carte d’identité nationale numérisée. A ces questionnements viennent s’ajouter l’inscription des Sénégalais de l’extérieur, la maîtrise de tous les paramètres pour un bon déroulement des opérations, le délai d’expiration de la carte d’identité nationale numérisée, le retrait de celle-ci, la prise en charge des représentants des partis au niveau des commissions d’inscription etc.
Les réserves de l’opposition parlementaire
Le député Me Abdoulaye Babou qui avait de sérieuses appréhensions sur la fiabilité du système informatique, semble réviser sa position, à la suite du test de simulation d’inscription qui a eu lieu dans le hall de l’hémicycle. « Le test est parfait, ce qui démontre de la maîtrise de ce que vous faites. Seulement, il est de notre devoir de faire des suggestions pour la réussite de l’opération », souligne le député du groupe de l’Espoir, avant d’ajouter : « notre suspicion s’explique par le fait que l’information n’est pas passée et vous agissez seul dans une affaire qui pourtant concerne la nation entière ». Il estime que la réussite de l’opération tient à la fiabilité de l’état civil, donc tout un travail, selon lui, doit se faire en amont et pose en même temps un problème d’harmonisation des trois ministères qui interviennent au niveau de l’état civil.
Son collègue, Abdoulaye Bâ a, en plus des problèmes d’électrification du monde rural, déploré le comportement de certains agents de l’administration qui affichent leur appartenance politique, en dépit du fait qu’ils soient maîtres d’œuvre de ces opérations d’inscription.
Le député socialiste, Thiédel Diallo, estime que l’opération est un « gâchis » et que les milliards consacrés aux cartes d’identité nationale et aux cartes d’électeur numérisées pouvaient servir à l’assistance des sinistrés des inondations qui ont frappé la capitale ces derniers jours.
Les avantages du système
Dans sa réponse, le ministre de l’Intérieur, Me Ousmane Ngom a parlé de « saut dans la modernité », des nombreux avantages de l’opération. Le serveur central qui connecte toutes les commissions, permettra désormais à la machine(ordinateur) de rejeter toutes les doubles inscriptions. En plus, l’informatisation du système donne la possibilité de faire le travail en un temps recors. La fiabilité de l’opération met la carte d’identité ou la carte d’électeur à l’abri de toute falsification. Le système fixe, une fois pour toute, l’état civil, fermant ainsi la porte à toute fraude sur la date de naissance d’un citoyen. Toutes choses qui font dire à Me Ousmane Ngom, qu’il s’agit d’une véritable « révolution » et que le coût de 13 milliards 800 millions n’est rien par rapport aux innombrables avantages qu’offre le système.
Sans électricité, les ordinateurs fonctionnent...
Le ministre de l’intérieur a annoncé, sur demande de la classe politique, notamment l’opposition, la création de 700 commissions d’inscription (500 fixes, 200 mobiles)
A ceux qui posent le problème de manque d’électricité en milieu rural, Me Ousmane Ngom rassure que les ordinateurs portables ont une capacité de fonctionnement (sans électricité) de huit heures. Le ministère de l’intérieur a, en plus, acheté des groupes électrogènes pour parer les désagréments liés aux coupures intempestives de courant.
10 commissions pour les Sénégalais de l’Extérieur
En ce qui concerne les Sénégalais de l’extérieur, ils vont bénéficier du même traitement que les compatriotes vivant au Sénégal. Ainsi, le nombre de commissions d’inscription est passé de 4 à 10 pour les Sénégalais de l’Extérieur. Les chefs de mission diplomatique en sont les responsables. Trente zones de vote ont été identifiés. L’opération d’inscription pour nos compatriotes qui sont à l’extérieur, est prévue en octobre prochain.
Me Ousmane Ngom a, par ailleurs, indiqué l’existence d’un système unique de commission (qui fera office de commission d’inscription et de distribution des cartes ).
S’inscrire où qu’on se trouve
Le citoyen a la possibilité de retirer sa carte nationale d’identité et sa carte d’électeur 72 heures après son inscription à la même commission. A titre d’exemple, des électeurs voulant voter à Saint-Louis, Louga ou Simbandi Balante, n’ont pas besoin d’aller dans ces localités pour s’inscrire, ils peuvent le faire dans leur lieu de résidence en signalant à la commission leur intention de voter, le jour J, dans leur localité. Et c’est la commission d’inscription qui délivre la carte d’identité nationale et la carte d’électeur numérisées.
Rappelons que la carte nationale d’identité numérisée est obligatoire pour tout citoyen ayant quinze ans révolus et devient facultative à partir de cinq ans.
Bacary Domingo MANE
(Source : Sud Quotidien, 1 septembre 2005)