Le groupe Canal+ Horizons rencontre beaucoup de difficultés au Sénégal. La cause : les branchements clandestins mis en place par des gens qui trafiquent son réseau. Le groupe français (filiale de Canal+) menace même de plier bagages si la situation continue d’empirer.
Le trafic a débuté vers les années 1999-2000. Ceux qui ont été les premiers à s’aventurer dans ce domaine avaient acheté des décodeurs de Canal sur lesquels ils arrivaient à brancher plusieurs maisons qui payaient 5000 francs Cfa (7 euros) à la fin du mois. Le phénomène a pris depuis une grande ampleur, devenant même un jeu banal pour certains.
Par exemple à Guédiawaye, une localité située dans la banlieue dakaroise, on compte beaucoup de personnes dont l’activité principale consiste à relier des fils de maisons en maisons à longueur de journée. Dans un quartier de Guédiawaye toujours, quatre maisons sur cinq sont branchées sur le réseau d’un certain « Monsieur Canal » qui mène cette activité depuis plus de huit ans. En 2006, il a même décidé de baisser le prix des branchements pour pouvoir faire face à la concurrence. De cinq mille francs Cfa au début, la mensualité pour chaque maison est passée à deux mille cinq cents francs Cfa. Les affaires ont tellement marché qu’il a pu envoyer son petit frère en Italie. La maison familiale a aussi était refaite en partie et d’autres travaux de réfection sont toujours en cours.
Les habitants du quartier ont, pour la majorité des revenus très modestes qui ne leur permettent pas de pouvoir se payer le luxe d’un abonnement à CanalSat. Raison pour laquelle ils préfèrent s’abonner clandestinement sur le réseau de quelqu’un qui pourra aussi être tolérant si à la fin du mois ils n’ont pas encore l’argent pour payer. « Monsieur Canal » a néanmoins déjà eu maille à partir avec un client qui a failli lui faire perdre gros. Le client en question avait accumulé plusieurs mois d’arriérés. Quand « Monsieur Canal » a insisté pour récupérer son dû, le client a tout simplement été le dénoncer. Les « abonnés » en ont fait les frais puisqu’ils ont subi une interruption de programmes câblés pendant près d’une semaine avant que « Monsieur Canal » ne réussisse, on ne sait comment, à faire revenir les chaînes.
Depuis un moment, le groupe propriétaire de la chaîne cryptée a décidé de prendre les devants en menant une grande offensive par l’intermédiaire de la police sénégalaise. Il y a quelques semaines, police a ainsi mené un grande offensive contre toutes les personnes qui exercent ce « métier ». Elle a fait une grande descente chez tous ceux qui étaient soupçonnés, saisissant, les décodeurs, coupant les câbles et arrêtant les personnes suspectées. Chez « Monsieur Canal » la police n’a trouvée qu’une personne travaillant avec lui. Ce dernier a fait un séjour à la prison de Reubeuss à Dakar avant d’être condamné à six mois avec sursis. « Monsieur Canal » quant à lui, quatre jours après le passage de la police, alors même que son collaborateur était encore en prison, avait fait réapparaitre toutes les chaines sur le petit écran des foyers rebranchés.
Avec la nouvelle baisse du pouvoir d’achat des sénégalais, les fraudeurs semblent avoir encore de beaux jours devant eux si les câblodistributeurs n’adaptent pas leur politique tarifaire à la bourse de la majorité.
Ousmane Diop
(Source : Dakar Bondy Blog, 26 aout 2008)