Cameroun : Vers des coupures d’internet au pays ?
jeudi 13 septembre 2018
Au Cameroun, la crainte des coupures d’internet à l’approche des élections se renforce, même si le gouvernement s’efforce de démentir les rumeurs.
Selon Internet Sans Frontière (ISF) les coupures sont une réaction courante de certains gouvernements africains pendant les élections. L’organisation a initié un symposium multi-acteur sur les moyens de limiter la désinformation et les discours de haine en ligne tout en préservant les droits numériques des utilisateurs d’Internet au Cameroun.
En 2016, la population ayant accès au Web dans le pays était estimée à plus 4,3 millions de personnes (sur 22 millions d’habitants). Le Cameroun est un des pays d’Afrique ayant connu, avec le Lesotho et le Mali le plus fort accroissement de taux de connectivité ces deux dernières années.
Abdelkerim Yacoub Koundou Goumi le représentant d’Internet Sans Frontière pour l’Afrique Centrale revient sur le cas récent du Mali lors de l’élection présidentielle en marge du symposium de Yaoundé sur la question.
DW : Le gouvernement camerounais dément la rumeur de coupure d’Internet. Pourquoi Internet Sans Frontières reste en alerte ?
Abdelkerim Goumi : Nous avons eu des cas en Afrique centrale, par exemple au Tchad. Il y a eu même des coupures d’Internet au Mali, lors des dernières élections. Donc, cela devient une habitude en Afrique. Les gouvernements préfèrent couper Internet, alors qu’internet est un outil fondamental dans la consolidation de la démocratie en Afrique. Il contribue à la transparence, à l’équité, à l’effectivité des votes et au contrôle des voix.
DW : Quel sont les engagements pris lors du symposium de Yaoundé ?
Abdelkerim Goumi : Le gouvernement s’engage à ne pas couper sèchement Internet comme solution au problème que pose, parfois, l’utilisation de ce réseau par certaines personnes. Du côté des consommateurs c’est pareil comme du côté des fournisseurs internet. Chacun fera ce qui est son devoir pour rendre l’effectivité de la connectivité dans tous les pays africains.
DW : Y a t-il une chance que les autorités facilitent l’application de ces engagements ?
Abdelkerim Goumi : Nous allons convaincre les autorités. Si elles ne veulent pas volontairement les respecter c’est qu’il y a des outils juridiques internationaux et africains qui permettront à les contraindre à respecter les droits numériques des citoyens.
DW : Pourquoi au Cameroun l’accès à Internet est un luxe pour les populations à faible revenu ?
Abdelkerim Goumi : Un cinquième de la population camerounaise a accès à Internet, malgré l’investissement et malgré qu’il y ait la fibre optique. Le gouvernement camerounais doit faire encore plus d’efforts pour permettre aux citoyens camerounais d’accéder à internet en réduisant les coûts, parce que cela coûte encore très cher, vu le salaire moyen et la situation économique de beaucoup d’utilisateurs d’internet dont 90% sont des jeunes.
(Source : Deutsche Welle, 13 septembre 2018)