Cahier de charges des télécentres : Cure de jouvence pour un secteur qui pèse 50 milliards
jeudi 30 septembre 2004
Après la journée nationale des télécentres du 28 janvier 2004, l’Agence de régulation des télécommunications, sur initiative de l’Union nationale des exploitants de télécentre et téléservice du Sénégal, s’est proposée d’ouvrir la concertation sur le cadre juridique organisant les activités des télécentres, aux différents acteurs du secteur. L’urgence pour eux est de définir le concept de télécentre mais surtout d’assainir ce milieu miné par une concurrence déloyale.
Avec plus de 50 milliards de francs de chiffres d’affaires, trente mille emplois crées, treize mille cabines téléphoniques, dix-sept mille lignes de téléphone, les télécentres, qui reversent chaque année plus de 7,5 milliards de Tva à l’Etat, constituent un secteur stratégique du développement au Sénégal. Pour l’Union nationale des exploitants de télécentre et téléservice du Sénégal (Unetts) le secteur des télécentres, « un gouffre à milliards qui intéresse tout le monde », est malade de son manque d’organisation. Mieux, explique Bassirou Cissé, président de l’Unetts, « le désordre infernal qui s’installe de jour en jour » se traduit par « une concurrence déloyale sur les prix ou le commerçant est obligé désormais de mettre une ligne de télécentre dans sa boutique ». Ce dernier est souvent amené à casser les prix pour obtenir tout de suite un fond de commerce lui permettant de contracter des bénéfices au niveau des marchandises proposées aux consommateurs, au détriment du télécentre authentique.
A cette situation, regrette M. Cissé, il faut ajouter l’absence de statut du gérant ou de l’exploitant du télécentre, la circulation des appareils non agréés par l’Agence de régulation des télécommunications (Art) la présence (dans le secteur) de prestataires de service sans attestation de régie de commerce donc sans autorisation de vente mais également « d’appareils au compteur défectueux et budgétivores » au détriment du consommateur. Ce sont là autant d’obstacles au développement du secteur des télécentres. Une situation qui rend amer plus d’un exploitant si on sait que « les télécentres occupent la quasi totalité des services de télécommunications du Sénégal », note le président de l’Unetts. Aujourd’hui encore, fait remarquer Bassirou Cissé, le Sénégal a besoin de renforcer son parc de télécentre car sur les quatorze mille villages que compte notre pays, treize mille attendent d’être connectés au réseau pour ouvrir des télécentres.
L’atelier de validation du projet du cahier des charges des télécentres, tenu hier avec comme facilitateur les agents de l’Art, devrait permettre d’arriver à une « convention entre parties ». L’avantage d’une telle convention qui est « plus souple » est qu’elle « évolue plus facilement », note le directeur général de l’Art, Malick F. M. Guèye. Ce qui contribue, selon lui, à faciliter la dynamique des relations entre les différents acteurs du secteur. Celui-ci, note pour sa part, le ministre des Postes et télécommunications, contribue pour 6 % à la croissance de l’économie nationale. Pour Joseph Ndong « dans le contexte de libéralisation totale du secteur », le cahier des charges devrait préciser non seulement les conditions d’exercice de l’activité, mais également les relations entre, d’une part, les télécentres et les exploitants de réseaux et, d’autre part, les télécentres et les usagers.
Mbagnick NGOM
(Source : Wal Fadjri, 30 septembre 2004)