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Burkina Faso/Universités publiques : A l’épreuve de la révolution numérique

mercredi 25 décembre 2019

La numérisation de l’enseignement supérieur public est en marche au Burkina Faso. Les cartes magnétiques, les inscriptions en ligne, l’université virtuelle en sont des preuves. Décryptage des transformations digitales en cours dans les temples du savoir burkinabè.

Selon le ministre en charge de l’Enseignement supérieur, Pr Alkassoum Maïga, l’université virtuelle est un instrument révolutionnaire au service au développement du pays.

Pour la deuxième fois, de nouveaux bacheliers sont invités à déposer leurs demandes d’orientation en ligne entre le 3 et le 24 septembre 2019 pour accéder aux universités publiques du Burkina Faso. C’est depuis le domicile familial à Bobo-Dioulasso que Diby Joseph Aristide Millogo dépose la sienne. Avec l’ordinateur de son frère ainé et l’assistance de celui-ci, le bachelier 2019, est d’abord entré sur la plateforme campus Faso. Il crée ensuite un compte qui lui donne droit à un Identifiant national étudiant (INE) et un mot de passe. Avec ces informations strictement personnelles, il accède à son compte et fait le choix parmi 12 filières. A la proclamation des résultats en octobre 2019, chaque nouveau bachelier peut consulter en ligne son orientation. Millogo constate qu’il est orienté en Droit, son premier choix, à l’Université Ouaga 2. A l’aide de son smartphone, il paie ses frais d’inscription au coût de 16 500 FCFA et a reçoit automatiquement un reçu.

Comme lui, ce sont environ 45 000 nouveaux et anciens bacheliers, nationaux et de la diaspora, qui devront s’inscrire en ligne au cours de cette année universitaire, indique le responsable technique de Campus Faso, Brahima Konaté. Et ce, contrairement à l’année dernière, où seuls les bacheliers 2018 se sont orientés en ligne.

Cette mutation numérique a eu pour avantage de mettre fin aux longues files d’attentes constatées chaque année devant les Directions des affaires académiques, de l’orientation et de l’information (DAOI) et les guichets de comptabilité des universités publiques. « Cela engendrait beaucoup de difficultés pour les étudiants. On a vu plusieurs fois des nouveaux bacheliers dormir pour pouvoir déposer leurs dossiers », a fait remarquer le directeur de la DAOI de l’Université Joseph KI-ZERBO, Romaric Nanema. Selon le président de l’Université Nazi Boni, Pr Macaire Ouédraogo, les étudiants n’étaient pas à l’abri d’escroquerie. « Lorsque les files sont longues, des personnes, souvent des acteurs de l’Université se proposent de les aider à payer, en récupérant l’argent avec les dossiers et en fin de compte, ne les inscrivent pas », confie-t-il.

A son avis, l’inscription en ligne permet aux étudiants de s’inscrire à des dates précises. Pour la directrice générale (DG) de l’Enseignement supérieur Dr Bintou Sessouma, les demandes d’orientation en ligne permettent de mettre fin aux pressions subies par les premiers responsables universitaires de la part de certains parents pour l’orientation de leurs enfants dans des filières privilégiées tels que la médecine et la pharmacie. « De nos jours, c’est la machine qui oriente tout le monde selon les critères qui ont été définis par les vices présidents. Si tu veux aller en médecine, il faut que tu aies un Bac C ou D avec 14 de moyenne », a-t-elle déclaré.

Le déboire de certains étudiants

« Maintenant, c’est la machine qui oriente tout le monde selon les critères définis », a déclaré la directrice générale de l’Enseignement supérieur, Dr Bintou Sessouma.

Dr Sessouma explique également que Campus Faso va permettre au ministère de l’Enseignement supérieur d’avoir des statistiques fiables accessibles à leurs partenaires financiers. Malgré ces avantages, la transformation digitale n’est pas sans difficulté. Dès le départ la plateforme est sujette à des difficultés. A cela s’ajoutent des problèmes de connectivité, le tout corroboré par la non-maitrise de l’outil informatique par la grande majorité des bacheliers. Conséquence, certains se sont retrouvés dans des filières qu’ils ne voulaient pas.

« Nous avons des camarades qui n’ont pas retrouvé leurs filières, d’autres n’ont pas vu leurs noms, d’autres encore ont eu du mal à payer ou bien ils ont payé les frais d’inscription et après, ils ont reçu des messages leur indiquant le contraire », relève le délégué de la cité universitaire Belleville de Bobo-Dioulasso, Abdoul Sababou Ouédraogo. Face aux déboires des nouveaux venus, des étudiants plus anciens se sont organisés sur des sites universitaires pour les assister moyennant une somme variable selon les lieux. « Nous aidons les nouveaux bacheliers à faire leurs demandes d’orientation et d’inscriptions. En retour, ils peuvent nous donner quelque chose », affirme Hamidou Diallo, en deuxième année de Lettres modernes. A Bobo-Dioulasso, Arouna Traoré, un bachelier de 2018 venu de Bama a bénéficié de leur assistance. « C’est après 6 jours de tentatives infructueuses, qu’un étudiant plus ancien que moi a pu soumettre ma demande d’orientation. Je lui ai remis la somme de 1000 F CFA », affirme-t-il. Orienté en Histoire, Traoré a sollicité cette fois, l’assistance de son ancien professeur d’histoire-géo pour le payement des frais d’inscription. « Je suis allé lui demander s’il pouvait m’aider parce que je ne connaissais pas la procédure. Il a essayé et ça réussi.

Mais, je n’ai rien payé », affirme-t-il. Ce ne fut pas le cas pour Sidiki Bamogo, également bachelier 2018, qui a lui, dû débourser la somme de 3000 FCFA pour sa demande d’orientation et son inscription. Des sommes qu’il estime élevés pour lui. Le responsable technique de la plateforme Campus Faso Brahima Konaté, déplore que dans beaucoup de localités reculées, ces personnes qui aident les nouveaux bacheliers ne leur donnent pas toutes les informations nécessaires. « Ils leur disent qu’ils doivent faire trois choix alors qu’en réalité, il y en a 12 choix. Il arrive que le bachelier découvre donc avec surprise son affectation dans une filière conformément à ses notes mais qui ne fait pas partie de ses trois premiers choix », a-t-il déploré. Face aux insuffisances constatées lors de la première année de la mise en place de la plateforme, une campagne de communication accrue a été menée au cours de cette deuxième année universitaire. Une semaine de l’information et de l’orientation a été organisée, des dépliants ont été confectionnés et distribués. Une équipe de techniciens a été responsabilisée à l’université Joseph KI-ZERBO, pour recevoir et assister les bacheliers qui sont à Ouagadougou. Pour ceux qui sont hors de la capitale, un numéro vert a été ouvert pour les assister.

Pour le développement du pays

A cela s’ajoutent des groupes de discussion whatsApp et Facebook qui ont été créés. Dans la même dynamique de numérisation, l’université virtuelle a vu le jour en 2018 et est en phase d’opérationnalisation. Selon le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation Pr Alkassoum Maïga, l’université virtuelle est un instrument révolutionnaire qui doit servir au développement de l’économie du pays. A cet effet, elle aura deux fonctions essentielles, a-t-il noté. « La première, c’est de travailler comme étant une université pleine avec ses propres offres de formation. La seconde, c’est d’accompagner les universités qui enseignent en présentiel », a-t-il expliqué. Cela passera, selon lui, par la numérisation des cours de tous les enseignants des universités classiques qui seront ensuite hébergés sur la plateforme de l’université virtuelle. Avec l’université virtuelle il explique qu’un étudiant qui veut étudier en Droit, peut choisir de s’inscrire soit en présentiel à l’université Ouaga2 soit en ligne via l’université virtuelle et suivre les mêmes cours.

« Ce qui veut dire que vous pouvez rester dans votre village et prendre les cours à condition que vous ayez la connexion », a-t-il affirmé. Le lancement des premières offres de formation est annoncé pour la rentrée universitaire prochaine 2020/2021. Actuellement, la construction du siège est en cours à Ouagadougou ainsi que des espaces numériques ouverts dans les 13 chefs-lieux de région en raison de trois à Ouagadougou, deux à Bobo-Dioulasso et un dans chacune des 11 autres régions. Le projet bénéficie de l’accompagnement de la Banque mondiale à hauteur de 11 milliards de FCFA qui prend en compte l’équipement du siège et la construction puis l’équipement de trois espaces numériques ouverts. Selon le chargé de mission de l’université virtuelle, Jean Marie Dipama, l’étudiant qui s’y inscrit va bénéficier d’une clé pour accéder à la plateforme à partir soit de son smartphone, soit de sa tablette ou de son ordinateur pour suivre les cours de l’enseignant.

Cependant, pour les évaluations, il précise que l’étudiant inscrit à l’université virtuelle, devra se rendre dans un espace numérique ouvert pour composer. Pour la mise en œuvre de l’université virtuelle et de Campus Faso, le Burkina Faso s’est inspiré de l’expérience du Sénégal. Pour cela, une délégation du ministère de l’Enseignement supérieur a effectué une mission de prospection au "pays de la Teranga" qui a été suivie par une signature de convention entre les deux pays. « Le Sénégal nous a cédé dans un premier temps gratuitement, les codes sources de son logiciel. Une équipe d’informaticiens de nos universités, mis en place, a travaillé d’arrache-pied pour adapter le logiciel avec la réalité de nos universités », relate Dr Bintou Sessouma.

Des cartes magnétiques comme tickets de restaurant

Au de-là des aspects académiques, la numérisation prend également en compte les œuvres sociales. A ce niveau, l’informatisation des restaurants universitaires est effective depuis l’année académique 2016/2017. Des cartes magnétiques ont remplacé les tickets de restauration. En effet, depuis cette rentrée universitaire, pour accéder au restaurant, un étudiant inscrit bénéficie d’une carte magnétique qu’il va dans un premier temps, charger auprès des agents du centre national des œuvres universitaires (CENOU).

Avec la carte chargée à l’aide d’un terminal de payement électronique (TPE), c’est comme si l’étudiant avait échangé son argent avec des unités. Avec sa carte magnétique, il peut se rendre dans un restaurant universitaire aux heures indiquées pour prendre des plats. Le vendredi 7 Juin dernier, à 17 heures 20 minutes, Karim Traoré, en deuxième année de Lettres modernes prend le rang au restaurant universitaire logé dans l’enceinte de la cité universitaire Belleville de Bobo-Dioulasso. A 18 heures, le service commence. Arrivé devant le premier contrôleur, l’étudiant lui remet sa carte. Le contrôleur l’introduit dans le TPE, marque le nombre de plats demandé par l’étudiant qui introduit son code dans le TPE et celui-ci génère un ticket. Le contrôleur retire la carte de l’étudiant, la lui remet en même temps que le ticket. L’étudiant continue la chaine et présente à un autre contrôleur le ticket sur lequel sont marqués les plats qu’il a choisis. Celui-ci prend le ticket et remet à l’étudiant une pièce en plastique appelée passeport. Avec ce passeport, l’étudiant poursuit la chaine et se fait servir son repas. « Quel que soit la somme rechargée dans la carte, l’étudiant ne peut prendre que trois plats dans la journée et 70 plats dans le mois », regrette Karim Traoré. Selon le directeur régional du Centre des œuvres universitaires de Bobo-Dioulasso (CROUB) Siaka Sanogo, l’utilisation des cartes magnétiques a permis au CENOU de faire des économies de l’ordre du milliard de FCFA.

« Avec les cartes magnétiques, nous évitons que des personnes étrangères viennent manger au restaurant universitaire. Ces cartes permettent également aux étudiants de gérer eux-mêmes leur argent », a-t-il affirmé. Cependant, certains étudiants déplorent des inconvénients sur l’utilisation de la carte magnétique. « Pour prendre un plat, souvent il n’y a pas de réseau ou le TPE ne marche pas. Vous êtes obligés de patienter, souvent quelques minutes, souvent près d’une heure avant que le réseau ne revienne », relève Karim Traoré. Le directeur régional reconnait les difficultés et rassure. « Nous allons travailler à rendre efficace cette informatisation à 100% et corriger les petites difficultés », promet-il. Siaka Sanogo annonce comme perspective, la numérisation des autres œuvres sociales comme la santé, le logement et le sport en coordination avec la direction générale du CENOU. « Il est possible que l’on travaille pour avoir une seule carte magnétique qui sert pour les restaurants, les cités, la santé », a-t-il relevé.

Wurotèda Ibrahima Sanou

(Source : Sidwaya, 25 décembre 2019)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
    • 3G : 24,60%
    • 4G : 62,45%
  • 334 642 abonnés ADSL/Fibre (1,71%)
  • 334 875 clés et box Internet (1,71%)
  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

- 3 opérateurs : Sonatel, Expresso et Saga Africa Holdings Limited
- 382 721 abonnés
- 336 817 résidentiels (88,01%)
- 45 904 professionnels (11,99%)
- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

3 050 000 utilisateurs

Taux de pénétration : 17,4%

- Facebook : 2 600 000

- Facebook Messenger : 675 200

- Instagram : 931 500

- LinkedIn : 930 000

- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

PRÉSENTATION D’OSIRIS

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