Bradage de la Sonatel à France Télécom : Non Ségolène ! Sarkozy a raison « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire »
vendredi 17 avril 2009
L’allocution que le Président français Nicolas Sarkozy a prononcée à Dakar le 26 juillet 2007 a, par cette phrase, « l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire », soulevé l’ire de toute l’intelligentsia africaine. Sarkozy étaye son analyse en posant entre autres thèses, que « l’idée de progrès » est étrangère à l’homme africain, que « jamais il ne lui vient l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin ».
Le bradage de Sonatel à France Télécom qu’annonce le communiqué du 8 avril 2009, lui donne malheureusement raison.
Lors de la privatisation de Sonatel en 1997, France Télécom a d’abord acquis 33, 33% en concluant en même temps avec l’Etat une option d’achat de 9% du capital à exercer par la suite. France Télécom a exercé son option en juillet 1999. Nous pouvons donc dire que la privatisation de Sonatel a été conclue sur la base d’une participation de France Télécom à hauteur de 42,33%. Ce niveau de participation ne lui assure en aucun cas le contrôle du destin de l’entreprise pour autant que les autres actionnaires, en particulier l’Etat du Sénégal, qui détiennent 57,67 jouent effectivement leur rôle dans les orientations de l’Entreprise.
La privatisation de 1997 apportait à Sonatel « un partenaire stratégique » alors que le protocole du 08 avril 2009 fait de France Télécom « un repreneur stratégique » du fleuron de l’économie sénégalaise et ouest africaine, une entreprise saine, non endettée, viable donc, qui n’a besoin que de prières pour continuer à prospérer.
A 52,2% du capital France Télécom met ainsi la main outre sur Sonatel au Sénégal, mais aussi sur ses filiales au Mali, en Guinée Conakry et en Guinée Bissau.
Pour ce manque de discernement de l’Etat du Sénégal,
Oui Sarkozy a raison !
On nous dit que France Télécom n’est pas demandeur dans cette opération d’accaparement de Sonatel. Que c’est un Etat à genoux, gémissant, rampant et suppliant qui lui demande de prendre le contrôle de Sonatel contre « quelques poignées de milliards en CFA ».
Un Etat symbole de la fierté de tout un pays qui en arrive à cela :
Oui Sarkozy a raison !
Comment peut-on à l’insu du peuple, de sa représentation nationale, de l’Assemblée Nationale conclure un tel « deal ». Un député communément appelé « député du peuple a d’ailleurs saisi son Président en ses termes « Alors que la Sonatel est une entreprise extrêmement rentable, mais également, stratégique, pour ne pas dire une entreprise de souveraineté, j’aimerais que le gouvernement vienne expliquer aux députés, le pourquoi de cette décision, ainsi que les avantages et inconvénients en découlant ».
Dans les démocraties modernes qui se respectent, le peuple est associé aux décisions qui façonnent sa destiné.
Oui Sarkozy a raison !
Comment peut-on se priver d’un instrument de développement interne et externe. Sonatel est un opérateur historique qui a une âme fortement ancrée dans le développement du Sénégal, faite de transformations, de défis relevés, de paris essentiellement basés sur des compétences africaines.
Dans sa volonté de progrès, elle s’est forgée un destin panafricain en acquérant des licences dans la sous-région pour créer ex nihilo des entreprises capables de relever les défis de télécommunications de ces pays, aux côtés de leur opérateur historique.
C’est un exemple unique qui doit faire la fierté d’un gouvernement. Ce dernier doit l’accompagner dans le destin qu’elle s’est forgé et non la livrer « pieds et poings liés » à celui là même qui lui dit qu’il est incapable de « s’inventer un destin ».
Si une partie du capital doit être cédé, il doit l’être au profit des populations de la sous région pour que les fruits de cette entreprise restent en Afrique pour générer d’autres fruits. Déjà que 42,33% des profits de cette entreprise qui sont rapatriés en France, heurtent la conscience de chaque africain, en particulier s’il travaille à la BCEAO. Ce rapatriement traduit le contraire de ce que devrait être le sens des flux financiers nord-sud.
Le gouvernement sénégalais estime que cela n’est pas suffisant, qu’il faut leur permettre de rapatrier les bénéfices de Sonatel à hauteur de 52,2%. Alors qu’il aurait dû se donner les moyens de ramener la participation de France Télécom de 42,33% à moins de 20% pour associer plus de populations africaines aux résultats de l’entreprise.
Oui Sarkozy a raison !
Comment peut on se délester d’une entreprise qui ne vous a jamais rien coûté qui vous rapporte des milliards, fait vivre plusieurs PME et PMI, plus de 40 000 distributeurs à travers le Sénégal.
Un chiffre d’affaires de 530 Milliards en 2008
500 milliards de capitaux propres
Plus de 7 millions de clients
Un bénéfice net de plus de 156 milliards
Des revenus tirés du trafic international entrant au Sénégal de plus de 100 milliards de cfa payés en devises chaque année.
France Télécom peut dire merci « Mamadou » du cadeau royal fait à la France par ton pays pauvre très endetté (PPTE).
Oui Sarkozy a raison !
Comment comprendre que le gouvernement du Sénégal veuille brader sa société phare, la Sonatel à France Télécom qui la lui réglera avec les fruits de cette société. Acheter le bien d’autrui avec l’argent de ce dernier est le tour pendable que France Télécom joue à l’Etat du Sénégal.
Dans le communiqué faisant part du protocole d’accord signé avec l’Etat du Sénégal et France Télécom le 08 avril, il est mentionné une distribution exceptionnelle de dividende de 50 milliards puisée dans les réserves de Sonatel qui vont s’ajouter aux dividendes 2008. Avec l’argent tiré des réserves de Sonatel et avec ses dividendes 2008, France Télécom peut payer une grande partie de son « deal » avec l’Etat.
Pour l’autre partie, il lui suffit de réaliser un emprunt bancaire dont le remboursement entre 2009 et 2011 sera indexé sur les dividendes 2009 et 2010 de Sonatel. En effet on a fait voter lors de l’Assemblée générale de la Sonatel du 08 avril une résolution n°6 autorisant Sonatel à s’endetter pour 200 milliards entre avril 2009 et avril 2011.
Pour une entreprise habituée à autofinancer ses investissements c’est une belle façon pour France Télécom de s’assurer de confortables dividendes dont il aura les 52,2% pour assurer le remboursement du prêt qui a permis de s’assurer le contrôle pour l’éternité, de Sonatel. Et le tour est joué, bien joué.
Cet emprunt bancaire ne manquera pas par ailleurs d’assécher le marché financier notamment pour les PME-PMI à défaut de leur rendre le loyer de l’argent plus cher.
Oui Sarkozy a raison !
Dans le communiqué du 08 avril, il est mentionné que France Télécom paye le prix de l’action à 156 273 FCFA contre 110 000 FCFA le cours de bourse.
Aujourd’hui, toutes les banques d’affaires sérieuses estiment la valeur de l’action de Sonatel à plus de 350 000 FCFA. C’est donc sous payer la valeur de Sonatel lorsqu’on ne paye que 44% de sa valeur.
En plus France Télécom s’assure le contrôle de Sonatel sans en payer comme il est d’usage dans la finance internationale, une prime de contrôle.
En effet nous assistons à une prise de contrôle rampante de Sonatel cotée à la BRVM, sans toutefois que France Télécom ne propose à l’ensemble des actionnaires une offre sur la totalité du capital avec une prime de contrôle.
En Europe, la réglementation boursière se fixe pour objectif de rendre impossible la prise de contrôle rampante, sauf accord des actionnaires de la société visée. La prise de contrôle rampante est qualifiée de délinquance économique. Il n’y a que sur les terres d’Afrique que France Télécom commet ce type d’acte.
Comment un Etat peut -il se faire flouer de la sorte sous prétexte qu’il a faim. Ceux qui ont négocié et qui ont osé conclure ce « deal » n’ont pas une haute opinion, ni d’eux-mêmes, ni de leur pays.
Oui Sarkozy a raison !
Si les sénégalais et les africains laissent se perpétrer devant leurs yeux ce « crime économique » que dénoncent de toutes leurs forces les employés de la Sonatel, alors, que Ségolène ne vienne pas se promener chez nous pour nous dire non Sarkozy a tort, je demande pardon.
Oui, Oui, Sarkozy aura mille fois raison de dire « L’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire ».
Ndoffène Fall
Consultant international en stratégies de développement industriel