Blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, complicité d’accès dans un système informatique… : Cheikh Mbacké Niang et sa copine détournent 10 millions au Pamecas
lundi 30 décembre 2019
Jeanne I. Kabou, Cheikh Mbacké Niang et Aliou Badara Sène risquent gros. Ils comparaissaient devant la barre du Tribunal correctionnel de Dakar pour répondre des chefs de blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, complicité d’accès dans un système informatique en vue d’obtenir sans droit un bénéfice économique, escroquerie, fabrication de données numérisées par l’introduction et l’effacement ou la suppression de données. Ils risquent des peines allant de 2 à 3 ans de prison ferme. Le jugement sera rendu le 15 janvier prochain.
Malgré les systèmes de sécurité mis en place, les banques ne sont pas à l’abri des arnaqueurs. Le Pamecas a été floué par Cheikh Mbacké Niang, sa petite amie Jeanne Israël Kabou et Aliou Badara Sène. Ces derniers, de concert avec des partenaires invisibles qui résident au Bénin et en Côte d’Ivoire, ont soutiré la somme de 10 millions de francs à la société. Les faits se sont produits il y a 2 ans.
Pour arriver à leur fin, leurs complices béninois et ivoiriens ont demandé à Cheikh Bamba Niang de leur trouver des comptes au Pamecas afin d’y faire des virements fictifs. C’est ainsi que M. Niang a contacté sa copine pour lui demander de lui trouver un compte Pamecas. Jeanne I. Kabou n’a pas eu de la peine pour en trouver. Elle est allée voir une de ses cousines qui en dispose au Pamecas. Elle lui a fait croire qu’elle a une copine qui réside en France et qui doit lui remettre de l’argent. Et sans arrière-pensée, elle lui a remis le numéro qu’elle a vite communiqué à son petit ami Cheikh Mbacké Niang. A son tour, il l’a transféré à ses collaborateurs. C’est dans ces circonstances qu’ils ont pu détourner la somme de 10 millions de francs à l’institution de microcrédit. Mais comme un crime n’est jamais parfait, les collaborateurs béninois et ivoiriens avaient émis le souhait de disposer de l’adresse Ip du Pamecas. Jeanne Kabou s’est adressée à nouveau à sa cousine, mais cette dernière qui n’est pas née de la dernière pluie a vite compris qu’il y a anguille sous roche. C’est ainsi qu’elle s’en est ouverte à la police qui a procédé à l’arrestation de Jeanne Kabou et ses complices Cheikh Mbacké Niang et Aliou Badara Sène. Poursuivis pour « blanchiment de capitaux, association de malfaiteurs, maintien frauduleux dans un système informatique en vue d’obtenir sans droit un bénéfice économique, escroquerie, complicité, fabrication de données numérisées par l’introduction et suppression de données », les prévenus ont nié les faits.
Dans sa relations des faits, Jeanne Israël Kabou a d’emblée précisé que c’est Cheikh Mbacké Ndiaye qui lui a demandé un compte au Pamecas et elle a sollicité sa cousine. « Mais je ne savais pas que l’origine de cet argent est illicite », dit-elle avant de reconnaître « avoir reçu des mains de mon petit ami la somme de 140 mille francs dans un premier temps et celle de 75 mille francs pour ma cousine ». Alors que Cheikh Mbacké Niang avoue que « c’est l’un de mes amis qui voulait que je sois leur partenaire au Sénégal ». Une proposition qu’il a acceptée sans chercher à comprendre les dessous de cette collaboration.
Par la suite, l’un de ses amis l’a mis en rapport avec Jeanne I. Kabou à qui il a fait croire qu’il doit recevoir un don et qu’on lui a demandé un compte Pamecas. « Et comme mon ami Aliou Badara Sène avait des difficultés financières, je lui ai proposé d’intégrer ce partenariat. C’est en ce sens qu’on est parti ensemble récupérer 2,5 millions F Cfa pour la première fois. On m’avait donné l’ordre de verser 270 mille à la cousine de Jeanne, à elle 140 mille et que je prenne aussi 140 mille francs. Le second chèque, c‘est Mbow qui l’a retiré et c’est un montant de 1,7 million F. Lorsque mes collaborateurs du Bénin et de la Côte d’Ivoire ont parlé de l’Ip du Pamecas, j’ai commencé à avoir des doutes sur la provenance de cet argent », a-t-il expliqué sans convaincre le Tribunal. Pour sa défense, Alioune Badara Sène dira qu’il a reçu 2,1 millions F, mais il n’a versé que 1,01 million F Cfa. Selon Me Moussa Konaté, avocat de la partie civile, les prévenus ont apporté leur aide en connaissance de cause. « Ils ont agi en procurant différents comptes bancaires aux malfrats qui résident dans d’autres pays », dit-il en précisant que Jeanne Kabou a menti à « sa cousine pour avoir le numéro de son compte ». Il a réclamé 15 millions de francs en guise de dommages et intérêts. Le Parquet, qui est du même avis que la partie plaignante, parle d’une entreprise qui a été mise en place pour escroquer des gens. Estimant que les faits sont graves, il a requis 2 ans ferme contre Jeanne I. Kabou et Aliou Badara Sène avant de demander 3 ans de prison ferme contre Cheikh Niang qu’il qualifie de cerveau de cette affaire. Ce n’est pas l’avis de la défense qui a plaidé la relaxe au bénéfice du doute. La décision sera rendue le 15 janvier prochain.
Justin Gomis
(Soure : Le Quotidien, 30 décembre 2019)