Bien situer les enjeux
mardi 31 juillet 2001
Dans son rapport annuel 2001 le PNUD considère que « Les TIC peuvent créer des emplois, améliorer l’accès aux services de base, accroître l’efficacité des instances gouvernementales et faciliter le partage de l’information avec la population, notamment les pauvres et les femmes, jusque dans les régions isolées des pays en développement. Mais de nombreuses communautés de ces pays ne disposent toujours pas des services fondamentaux qui leur permettraient d’entrer dans l’âge de l’information. Aujourd’hui l’Afrique subsaharienne qui abrite prés de 10% de la population du globe ne possède que 0,1% des connexions à l’internet. » Mieux, il reconnaît que « Les TIC sont une composante fondamentale du développement et non pas un luxe... ». Après la rencontre de Bamako 2000, où la société civile a fortement réclamé une mobilisation active de la communauté internationale en vue d’apporter un appui conséquent aux pays en développement pour une appropriation bénéfique des TIC, il est réconfortant que le PNUD s’engage également dans cette bataille. En effet, il ne faut pas perdre de vue le fait que la Société de l’Information se développe dans un contexte où règne les inégalités de toute sorte entre les pays riches et les pays pauvres d’une part et à l’intérieur des pays riches comme des pays pauvres d’autre part. Pire, la Société de l’Information sécrète elle même de nouvelles inégalités que l’on décrit à travers le concept de fracture numérique qui vient élargir la fracture sociale déjà béante. Comme nous avons déjà eu à le dire à plusieurs reprises, dans un pays comme le notre, le développement des technologies de l’information et de la communication passe obligatoirement par la mise en œuvre de projets d’intérêt public et d’initiatives communautaires afin de ne pas laisser l’écrasante majorité des citoyens sur le bord des autoroutes de l’information. En effet, il est clair que sans de tels projets, les femmes, les jeunes, les handicapés, les habitants des zones rurales, les masses urbaines paupérisées, les élèves et les étudiants de l’enseignement public, les artisans et tous ceux qui font partie des damnés de la terre seront exclus de la Société de l’Information en construction. Au delà de cette lutte pour l’implication du plus grand nombre et l’appropriation de ces nouveaux outils par de larges secteurs de notre société, il faut également que nous portions notre attention sur toutes les questions touchant à l’éthique ainsi qu’à la protection des libertés individuelles et collectives. En sommes le combat continue pour un Internet solidaire et démocratique dont les succès ne riment pas forcément avec l’augmentation du taux de capitalisation boursière des valeurs technologiques mais plutôt avec l’augmentation de l’indice de développement social.
Amadou Top
Président d’OSIRIS