Internet sans frontières dénonce avec la plus grande fermeté la condamnation le 24 décembre 2019 à 18 mois de prison ferme et 200 000 francs CFA d’amendes (environ 300 euros) du journaliste Ignace Sossou, pour la retranscriptions sur Twitter et Facebook de propos tenus par le procureur près le Tribunal d’instance de Cotonou, à l’occasion d’une conférence sur les “fake news” organisée par l’agence française de coopération médias CFI. Internet Sans Frontières s’alarme également de la responsabilité de CFI dans l’emprisonnement du journaliste.
La décision de justice qui a condamné Ignace Sossou s’est fondée notamment sur une lettre signée de CFI, et produite par le Ministère Public lors de l’audience du procès. Dans cette lettre, Pierre Jaladeau, Directeur Afrique de l’agence, remet en cause la déontologie de M. Sossou, et suggère que celui-ci serait l’auteur d’une fausse information, ou « Fake News ». Pourtant, des extraits du compte rendu de la conférence, produits par CFI, confirment qu’Ignace Sossou a fidèlement retranscrit les propos du procureur, qui exprimait la crainte que la lutte contre la désinformation ne devienne une épée de Damoclès sur la tête des journalistes au Bénin.
« Les circonstances de la condamnation d’Ignace Sossou démontrent qu’au nom de la lutte contre la désinformation, c’est la liberté de la presse qui est visée, mais cette fois avec la participation d’une institution représentant un pays démocratique. CFI doit tirer les conséquences de cette affaire grave, pour préserver sa crédibilité dans la promotion des médias libres en Afrique », a déclaré Abdelkerim Koundougoumi, directeur Afrique d’Internet Sans Frontières.
Selon Reporters Sans Frontières et Freedom House, le Bénin jadis connu pour son respect des libertés publiques, s’enfonce dans la restriction systématique de celles-ci, en particulier la liberté de la presse, et la liberté d’expression, depuis l’arrivée au pouvoir du président Patrice Talon en 2016. Le 28 avril 2019, Internet Sans Frontières dénonçait la première coupure Internet imposée par le gouvernement au moment des élections législatives. En Septembre 2018, après une campagne internationale menée notamment par Internet Sans frontières, le Gouvernement avait dû renoncer à l’application d’une taxe spéciale sur l’usage des réseaux sociaux.
Internet Sans Frontières demande la libération immédiate d’Ignace Sossou, et demande à l’agence française CFI de déclarer publiquement que celui-ci a fait son travail de journaliste, en retranscrivant des déclarations importante qui démontraient la manière dont l’arsenal législatif béninois sur les “Fake news” peut servir à réprimer la liberté de la presse.
(Source : Internet sans Frontières, janvier 2020)