Basculement numérique : La guerre État-Excaf risque d’être fatale au Sénégal
mercredi 30 octobre 2019
Après avoir raté le train de 2015, le Sénégal risque de demeurer à quai en juin 2020, nouveau deadline fixé pour le basculement de l’analogique au numérique.
Le problème : un conflit ouvert entre Excaf, chargé de mettre en place l’infrastructure TNT, et l’État du Sénégal, le donneur d’ordre.
La pomme de discorde ? Le transfert de l’infrastructure et des équipements TNT à la société anonyme Télédiffusion du Sénégal (TDS Sa), chargée de leur gestion et de leur exploitation.
Selon Libération, l’État a mis en demeure le groupe fondé par Ben Basse Diagne, lui demandant de s’exécuter. Celui-ci a dit niet, défendant que l’infrastructure et les équipements sont sa propriété. Pourtant l’article 1 de la convention liant les deux parties donne raison à l’État.
Libération avance que la mise en demeure du ministère de la Communication et une rencontre avec les responsables d’Excaf, histoire d’harmoniser les positions, n’ont pas permis de décanter la situation.
Ce qui, renseigne le journal, a poussé l’État à envisager une procédure judiciaire qui risque de coûter cher à son partenaire.
D’autant que la même source signale que plusieurs manquements, imputés à Excaf, ont été notés dans le processus devant aboutir au basculement.
Un : sur les 24 sites devant abriter les infrastructures de la TNT, suivant les dispositions de la concession accordée au groupe dirigé par Sidy Diagne, seuls 6 ont été mis en place.
Deux : depuis 2014 et le démarrage des travaux sur l’infrastructure TNT, Excaf n’a jamais payé à la Sonatel les frais de raccordement des chaînes télé pour la collecte, le transport et la diffusion des programmes.
La facture s’élève à 3 milliards de francs Cfa que la société de téléphonie réclame au ministère de la Communication, rapporte Libération dans sa parution de ce jeudi.
Le journal signale que c’est suite à cette interpellation de la Sonatel, rapportée en Conseil des ministres, que Macky Sall a ordonné un audit de la concession accordée pour le basculement.
Les auditeurs découvriront plusieurs irrégularités. Par exemple, selon Libération, qu’Excaf a encaissé 7 milliards de francs Cfa de l’État contre la remise des fréquences Mmds.
Si on en croit le journal, ce versement ne se justifiait pas dans la mesure où les fréquences, étant des ressources domaniales, leur retrait ne doit faire l’objet d’aucune compensation.
« Pire », s’écrie Libération, Excaf a bénéficié d’un appui de 3 milliards de francs Cfa, dont 2,1 milliards ont été décaissés, du Fonds de développement du service universel des télécommunications (Fdsut).
Un financement qui devait servir à l’achat de kits de réception pour le compte des zones défavorisées. Le journal rapporte que les kits n’ont jamais été livrés.
Ces manquements et ce conflit avec l’État risquent de coûter cher à Excaf, mais aussi de retarder encore une fois le basculement du Sénégal vers le numérique.
(Source : Seneweb, 30 octobre 2019)