En mai 2002 la capitale du Mali a été de nouveau le point de rencontre d’hommes et de femmes, venus de toute l’Afrique pour raviver la flamme de l’espoir allumée deux ans auparavant autour de la question de l’appropriation des Technologies de l’Information et de la Communication au service du développement à l’occasion de Bamako 2000. Devant les hésitations et les atermoiements flagrants qui ont marqué jusqu’ici la préparation du Sommet Mondial sur la Société de l’Information dont la première phase est censée se tenir en 2003 à Genève (Suisse), l’organisation de la rencontre de Bamako est apparue comme un défi relevé par le Président Alpha Oumar Konaré. A quelques jour de son départ du pouvoir, il a ainsi voulu insister sur le fait qu’il est indispensable que les technologies de l’information et de la communication soient mises au service du développement de l’Afrique si l’on ne veut pas que la mondialisation triomphante ne se transforme définitivement en un nouveau système d’apartheid qui exclurai des millions de gens du cours de l’Humanité. Il est en effet paradoxal que le continent le moins doté en infrastructures de télécommunication et de ressources en matière de technologies de l’information et de la communication soit à la pointe de l’engagement pour la tenue du Sommet Mondial sur la Société de l’Information alors que le Nord affiche un total désintérêt et n’assure même pas le service minimum pour donner l’illusion de vouloir la tenue de cette manifestation. Hormis l’Afrique qui a tenu la première conférence régionale préparatoire au SMSI, bien peu a été fait dans les autres régions du monde qui semblent plutôt traîner les pieds. La conférence de Bamako qui a bénéficié du leadership du Président Konaré a attiré beaucoup d’intervenants intéressés par le développement technologies de l’information et de la communication à travers le monde et réuni les représentants de plus de cinquante pays africains qui devaient harmoniser leurs positions dans le cadre de cette première conférence régionale préparatoire. Les réflexions engagées dans les pré-conférences thématiques tout comme dans les quatre ateliers de la Conférence régionale africaine ont ouvert de nombreuses pistes allant dans le sens d’une appropriation africaine des technologies de l’information et de la communication et le développement d’un environnement propice au développement endogène. Cependant, le souhait réaffirmé par le secteur privé et la société civile d’un sommet mondial tripartite avec participation concertée et implication à tous les niveaux de la préparation des acteurs que sont le secteur privé, la société civile et les pouvoirs publics semble aujourd’hui compromis. Aucun signal n’est venu annoncer que la société civile était la bienvenue à cette manifestation, bien au contraire. Tout d’abord, faute d’avoir reçu les appuis nécessaires à la préparation de cette conférence, notamment à travers la mise en place d’un processus de discussion préliminaire, la société civile africaine est venue à Bamako en ordre dispersé. Une fois sur place, elle a été quelque peu désorientée par la tournure prise par une rencontre ou en lieu et place du dialogue et de la concertation annoncée entre le secteur privé, les pouvoirs publics et de la société civile, ont a plutôt assisté à des monologues parallèles. Enfin, il est symptomatique de constater que des figures emblématiques de la société civile malienne aient été marginalisées à Bamako même et aient été obligées de se manifester par une déclaration publiée par le Forum pour l’Autre Mali (voir à ce sujet http://www. www.autremali.org/ ou cliquez ici). De ce fait, la société civile africaine se pose des questions sur les conditions de sa participation au SMSI. Est ce là le signe annonciateur du rôle attendu de la société civile qui devrait servir de faire valoir et surtout de caution à des orientations déjà fixées par des lobbies masqués qui cherchent à manipuler tout le monde ? En tout cas, à quelques semaines de la tenue de la première PrepCom qui doit se tenir du 1er au 5 juillet 2002 à Genève (Suisse), rien n’indique que les déclarations d’intention sur l’organisation d’un sommet réunissant les trois composantes que sont la société civile, le secteur privé et les pouvoirs publics soit encore à l’ordre du jour.
Amadou Top
Président d’OSIRIS