Bamako 2000
Les rencontres internationales « Internet, les passerelles du développement » qui se sont tenues à Bamako (Mali) du 21 au 25 février 2000 ont réuni plus de 1000 personnes. Africains francophones, Français, Canadiens, Suisses... Tous se sont penchés sur la nécessaire appropriation des ntic par l’Afrique... Compte-rendu.
Bamako, capitale du Mali et, pour une semaine, de l’Internet. Bamako 2000 : manifestation internationale permettant de faire le point sur le développement des ntic en Afrique, quatre ans après la création, à Genève, du réseau Anaïs - ce réseau financé et animé par la Fondation du devenir et auquel participent des organisations européennes et africaines vise à faciliter l’appropriation des technologies de l’information et de la communication par les Africains. Le constat à ce jour est double : un retard indéniable des pays africains en matière des ntic mais, dans le même temps, une formidable volonté de ne pas rater une nouvelle fois le train du développement mondial. Les rencontres de Bamako ont permis de mesurer la mobilisation des politiques mais aussi de nombreuses associations et ONG qui s’organisent pour influer sur les décideurs politiques et économiques. « Des coopérations de tous styles se mobilisent : les Nations unies consacrent près de 18 millions de dollars à l’amélioration de la connectivité en Afrique auxquels viennent s’ajouter 15 millions de dollars de l’initiative américaine Leland. D’autres programmes du Canada (Acacia), de la banque mondiale (Infodev), de la Commission européenne, etc., soutiennent des projets de développement des technologies de l’information et de la communication », rappelle Moudjibath Daouda, auteur d’une maîtrise sur les ntic en Afrique et cité dans Africultures n°23. Au niveau local, de nombreuses initiatives commencent également à voir le jour dans différents domaines. Et c’est aussi aux instigateurs de ces initiatives que les rencontres de Bamako ont donné la parole par le biais notamment d’ateliers thématiques dont la réflexion s’est toujours appuyée sur des expériences concrètes montrant la voie à d’autres réalisations. Après trois jours de travail, les 10 ateliers ont rendu public leurs recommandations. Les thèmes traités étaient les suivants : la télésanté, le commerce électronique, la cyber-citoyenneté, le développement durable, les femmes, les droits de l’homme, la formation et la recherche, les médias, l’accès collectif et l’appropriation sociale des NTIC, les nouvelles régulations et les codes éthiques. Tout en mettant en valeur les particularités de chaque champ d’action, tous les ateliers ont mis l’accent sur la nécessaire mise en place de programmes de sensibilisation et de formation mais aussi sur l’urgence de baisser les coûts du matériel informatique et des communications, la lente privatisation des opérateurs constituant un espoir dans ce domaine.
– Résultats du concours « Internet, les passerelles du développement »
Bamako 2000 a aussi été marqué par la remise des prix du concours Alcatel : « Internet, les passerelles du développement ». 140 projets s’étaient présentés au concours ; 13 ont été sélectionnés - dont Place Publique - dans trois catégories : les passerelles technologiques, sociales et culturelles. Trois d’entre eux ont reçu un prix. Le jury du premier concours Alcatel de réalisations dans le domaine des nouvelles technologies a attribué :
Le prix des passerelles technologiques à Laurent Bourbeau (Québec) pour le développement de progiciels de traitement techno-linguistique (http://www.progiciels-bpi.ca/) permettant le dépouillement (statistiques textuelles, listes de vocabulaire, etc.) automatique de corpus de textes ; ces progiciels peuvent traiter 6 langues africaines et 14 langues indo-européennes.
Le prix des passerelles sociales au projet Bombolong porté par ENDA-Cyberpop (www.enda.sn/cyberpop) qui travaille à l’utilisation et l’appropriation de l’Internet par les organisations populaires au Sénégal.
Le prix des passerelles culturelles au Système d’information urbain populaire (SIUP) de Yoff (Sénégal, http://www.siup.sn/) qui vise à renforcer les capacités de planification et de gestion des collectivités locales et d’améliorer les flux d’informations entre les élus, les services techniques, les associations de base et les citoyens.
Prix spécial du jury : le projet APICA du Cameroun (http://www.africadev.net/) dont l’objectif est d’assurer la promotion des initiatives communautaires africaines.
– La déclaration finale de Bamako
Il y a cinq ans, Nelson Mandela mettait en garde tous ceux qui pensaient qu’Internet et les nouvelles technologies de l’information étaient les clés d’un avenir radieux pour toute la planète et pour tous ses habitants. « La société de l’information ne va pas réduire le fossé Nord-Sud : elle va l’élargir. Et il est inutile de parler probablement de la société mondiale de l’information si l’Afrique n’y est pas pleinement intégrée », s’insurgeait-il. Aujourd’hui, son pressentiment semble se confirmer, le Sud étant en grande partie exclu de l’accès à Internet et, par conséquent, de la nouvelle économie. Comment aider les populations du sud à participer à cette révolution ? C’est pour tenter de répondre à cette question que les participants de Bamako 2000 ont travaillé ensemble durant une semaine. La déclaration finale de ces rencontres internationales a recensé les différents enseignements mettant en valeur à la fois les opportunités que représentent les ntic mais aussi les mesures concrètes à mettre en place pour les saisir. Pour en prendre connaissance dans son intégralité, connectez-vous à l’adresse suivante : http://wwww.bamako2000.org/document...
– Les jeunes, moteur du développement des ntic
Enfin, le compte-rendu de ces rencontres internationales ne serait pas complet sans rappeler que l’ouverture du Palais des congrès au grand public et la mise à sa disposition de nombreux ordinateurs connectés a permis à des milliers de jeunes de s’initier au courrier électronique et l’utilisation d’Internet. Cette découverte du Web est par ailleurs possible dans les quatre cybercafés de la capitale malienne qui ne désemplissent pas. On observe le même phénomène dans tous les cybercafés des capitales africaines. Les jeunes africains montrent la voie... Espérons que les participants à Bamako 2000 sauront à temps s’engouffrer dans la brèche.