Baka Diop, une dame de fer dans le monde des méchants cybercriminels
samedi 10 décembre 2022
Entre campagnes de phishing, opérations de sensibilisation, plus de place pour la pratique, Baka Diop entend révolutionner la cybersécurité en Afrique, en commençant par le Sénégal. La fondatrice de Bluepinksecurity, une startup innovante revendiquant des dizaines de clients à travers le monde, a ouvert un nouveau bureau à Dakar, en août 2022. L’experte en cybersécurité, passionnée d’aéronautique et de médecine, a travaillé pour les grandes marques internationales dont Stellantis, Thalès, Renault ou encore Orange. Au Sénégal, elle a déjà créé une quinzaine d’emplois, avec la farouche volonté de participer au développement de son pays d’origine.
Ce jour de novembre, alors que le Soleil commence à décliner sur Dakar, nous avons rendez-vous avec Madame Baka Diop. Dans une capitale sénégalaise peinant à respirer du fait des embouteillages quotidiens, l’idée nous vient soudain de reporter la rencontre, pour privilégier une conférence téléphonique. Mais au bout du fil, la voix de la jeune Sénégalaise nous invite à venir quand-même, avec un sourire timide, nous assurant de sa pleine disponibilité à nous guider. Cette caractéristique d’une femme pleinement engagée, ne cédant rien au premier obstacle, se confirme très vite, une fois arrivé à Scat Urbam, dans un magnifique bâtiment flambant neuf, bien sécurisé et où un impressionnant vigile, ne fonctionnant que sur consignes, gère l’entrée. “Ça doit être un militaire“, me dis-je, impression que notre hôte ne tarde pas à valider. Ça y est, nous sommes dedans. L’équipe me conduit dans le bureau d’une femme accueillante et ouverte, entourée de ses collaborateurs.
Du Sénégal en France en passant par l’Algérie
Avec une mère enseignante et un père scientifique, l’ancienne pensionnaire du Collège Saldia développe très tôt un fol amour pour les études. Décidément, elle n’était pas follement amoureuse. Mais folle tout court, tant la Dakaroise impressionnait camarades et professeurs. Avec des “20” qui s’enchainaient en Mathématiques, la jeune fille pouvait rêver loin. C’est ce qui arrive après l’obtention de son baccalauréat scientifique. “A 18 ans, je suis partie en Algérie où il y avait une nette séparation entre les hommes et les femmes. A 18 heures, on ne sort plus. Mais quand même, ça m’a beaucoup forgée“, confie cette Sénégalaise revendiquant des origines marocaines. Polyvalente, déterminée et conquérante, l’étudiante en informatique prend ensuite la direction de la France après avoir été contactée par Campus France. “Je crois que c’est la France qui m’a choisie », glisse-t-elle, convaincue que “vous soyez à Dakar ou a Paris, vous pouvez réussir“. Suite à l’obtention d’un Diplôme de Technicien Supérieur en Programmation et Maintenance Informatique, elle se découvre une véritable passion pour les TIC et décide alors de faire un Master spécialisé en cybersécurité sans pour autant lâcher l’aéronautique qu’elle aime tant. Et en 2017, Baka devient l’une des rares femmes spécialistes en sécurité applicative, en étant classée dans le top 5 des femmes dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur de France.
Des compétences reconnues sur l’international et un bureau ouvert à Dakar
Ses talents sont rapidement reconnus et sollicités par les plus grands groupes dont Stellantis, Thalès, Renault, Orange, etc, où la Dakaroise a pu accompagner et sécuriser plus de 1000 projets. La confiance et la satisfaction de ces grosses sociétés lui ont permis de se bâtir une solide réputation en tant qu’experte en cybersécurité. Forte de ces différentes expériences, et pour répondre à une importante demande en sécurité applicative, elle décide de mettre en place Bluepinksecurity en octobre 2021. La structure a été récompensée en étant nominée le 24 aout 2022 comme la startup française la plus innovante en cybersécurité. Avec son siège social en France, Bluspinksecurity s’est installée au Sénégal depuis août 2022 avec la volonté d’apporter des solutions innovantes aux entreprises, à l’administration et à la population. “La cybersécurité, ça crée énormément d’emplois“, assure-t-elle et pour ce faire, Baka Diop a une attention toute particulière pour les étudiants qui manqueraient de pratique, à ses yeux. “Moi, j’ai eu à discuter avec des étudiants en leur demandant ce qu’ils savent de la cybersécurité. Ils me parlent bcp de théorie. Il n’y a pas vraiment de pratique. Ça, c’est la valeur ajoutée que nous allons apporter“. Seulement, les besoins sont beaucoup plus importants pour celle qui nous confie que “moi, quand je discute avec des ingénieurs en cybersécurité, je vois que le niveau est bas, très bas“.
(Source : Le TechObservateur, 10 décembre 2022)