Le journaliste sénégalais Babacar Touré, président du groupe Sud Communication, a estimé, mercredi à Dakar, qu’il était aujourd’hui important de « relayer » et « perpétuer » le travail d’Amadou Mahtar Mbow dans le cadre de son combat pour l’émergence d’un Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication (NOMIC).
‘’Il faut des continuateurs, il faut que les conséquences concrètes de la posture et de l’engagement politique de M. Mbow et des personnes comme lui, qui l’ont accompagné et soutenu, puissent être relayées et perpétuées’’, a dit M. Touré lors d’une table-ronde sur "Le NOMIC, actualité d’un combat majeur d’Amadou Mahtar Mbow’’.
Cette manifestation était organisée dans le cadre d’un colloque international de trois jours pour célébrer les 90 ans de l’ancien ministre sénégalais et ancien Directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
Babacar Touré a reconnu, comme les autres intervenants à la table-ronde, qu’on est ‘’loin du compte’’ avec ‘’des manquements, des insuffisances et des menaces’’, mais il a dit qu’en même temps, ‘’quand on regarde la moitié de la bouteille qui est pleine, on se dit qu’il reste à remplir une autre moitié’’.
‘’Je crois que c’est en cela que cette célébration nous interpelle’’, a-t-il indiqué en rappelant des résultats obtenus dans la vision du NOMIC. Il a cité West Africain News Agency Development (WANAD), dupliqué en Afrique centrale et en Afrique australe pour le renforcement des capacités des agences de presse (équipements et formation).
M. Touré a relevé que l’ancien Directeur général de l’UNESCO est à l’origine de la création du SYNPICS (Syndicat des professionnels de l’information et de la communication). ‘’Ce sont ces idées-là (de rééquilibrage des flux d’informations) qui nous ont permis de nous organiser’’, a-t-il précisé à ce propos.
Amadou Mahtar Mbow est ‘’à l’origine de la création de l’Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (UJAO), de la redynamisation de l’Union des journalistes d’Afrique (UJA), de ce MISA (Media Institute for Southern Africa)’’, a poursuivi le journaliste.
Babacar Touré est revenu sur la naissance du groupe Sud, qui s’inscrivait ‘’en droite ligne’’ des débats sur la NOMIC, relevant que, ‘’Amadou Mahtar Mbow a été combattu, hier comme aujourd’hui, même par les autorités de son propre pays’’.
‘’L’histoire bégaie, et la deuxième fois, on dit que c’est une tragédie. Nous sommes une situation tragique, a déploré le journaliste. On ne voulait plus entendre parler d’Amadou Mahtar Mbow. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu, à un moment donné, un consensus sur son nom pour sortir ce pays du marasme.’’
L’impact du débat sur le Nouvel ordre mondial de l’information et de la communication, a été, selon lui, qu’il fallait, dans les pays africains, un ‘’nouvel ordre national’’.
‘’Les idées ont germé au sein de l’institution multilatérale qu’est l’UNESCO. Elles ont permis à des gens comme nous de nous en saisir et d’arriver à une meilleure utilisation du fruit interne et à décloisonner le système interne incarné par les médias dits d’Etat’’, a expliqué Babacar Touré.
Selon lui, les hommes politiques sénégalais ne posaient pas alors le problème du ‘’nouvel ordre national’’ : ‘’Ils posaient le problème de l’accès aux médias parce que, pour eux, qui étaient sous l’emprise du système international, il fallait se battre pour avoir plus de visibilité à la télévision nationale, à la radio et plus de présence dans le quotidien national (Le Soleil)’’.
Dans son analyse, Babacar Touré a dit que ‘’c’était ça aussi une des faiblesses du combat politique’’, ajoutant que le combat pour le NOMIC ‘’n’était pas relayé’’.
(Source : APS, 11 mai 2011)