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Babacar Lo, Fondateur de Cybarc Consulting, cabinet de "Legal process outsourcing"

lundi 11 juillet 2016

"Je pense que l’environnement entrepreneurial sénégalais n’est pas le plus adéquat, on a aussi des réalités sociales. Je ne sais pas si je peux généraliser sur ce sujet mais c’est très difficile socialement d’expliquer à la famille ce qu’est l’entrepreneuriat. Elle comprend que tu sors tous les jours, tu disparais donc concrètement tu fais quelque chose, concrètement tu dois rapporter de l’argent. Il y a aussi quelques fois ces questions à trancher entre les charges sociales qui sont très lourdes au Sénégal, les implications sociales, les attentes sociales"

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Babacar Lo. J’essaye de me définir comme un serial entrepreneur même si je ne pense pas encore mériter ce titre. Je suis fondateur de « CYBARC » qui est un cabinet de « Legal Process Outsourcing » spécialisé dans les processus d’intelligence juridique. CYBARC existe depuis 3 ans, bientôt 4. Je suis juriste de formation. J’ai une maîtrise en droit, un DEA en droit, un DSS en droit et je me suis inscrit en doctorat en droit. J’ai essayé de passer le barrot et j’ai échoué, mais c’est un cap que j’entends bien franchir.

D’où est venue cette envie d’entreprendre ?

Au démarrage j’avoue que je n’étais même pas dans une logique entrepreneuriale. Tout ce qui me motivait en 2010 c’était la volonté de créer un site. A l’époque j’étais dans une 2S2I de la place et j’observais sur notre marché local de réels besoins notamment en matière de plateforme E-commerce. Je voyais aussi la façon dont ce secteur évoluait en France. Je voyais beaucoup d’opportunités liées à ce secteur. Un jour j’ai reçu l’appel de la directrice marketing d’une société de la place suite à un email de prospection que j’avais envoyé. Je crois que c’est à ce moment qu’est venu mon déclic, mais j’avoue qu’à l’époque je ne m’intéressais pas à ce secteur en me positionnant comme entrepreneur. Ça a été le point de départ de tout et depuis je n’ai jamais quitté cette route.

Parlez nous de votre entreprise CYBARC. Quel est votre secteur d’activité ? Quelles solutions proposez-vous ? A quel besoin/problème répondez-vous ?

CYBARC est une entité qui se donne pour vocation de fournir des solutions d’intelligence juridique. Ce qu’on entend par intelligence juridique c’est le plus haut degré de traitement de l’information juridique. Nous fournissons dans un premier temps des solutions informatisées qui vont permettre de faciliter la gestion des risques juridiques dans les entreprises, qu’elles soient petites ou grandes ; au jour le jour. C’est en ce sens que nous avons développé une suite logicielle composée d’un logiciel de gestion de contrats, d’un logiciel de gestion de contentieux et d’une application mobile. Notre objectif est d’assister les entreprises quelle que soit leur taille dans leur volonté de couvrir l’ensemble des applications de leurs activités en termes de faits et d’actes juridiques. Nous leur permettons d’avoir une visibilité claire sur les risques juridiques qu’elles encourent. Notre activité s’articule pour le moment en quatre (4) grands axes : la fourniture de solutions juridiques informatisées, la fourniture de services de formations juridiques, les services de support juridique et enfin l’alimentation d’une base de données juridiques que nous souhaitons exploiter au mieux notamment à travers les solutions d’informations juridiques que nous sommes en train de développer. Nous souhaitons faire de cetdernier axe notre cœur de métier.

Des difficultés ont-elles été rencontrées depuis le lancement de Cybarc Consulting ?

Depuis le démarrage nous avons eu un ensemble de problèmes. C’est vrai que les choses se présentent bien actuellement mais il faut noter un certains nombre de difficultés que nous avons dû surmonter. Par exemple la difficulté de trouver rapidement un modèle économique viable. Au début nous avons fait le focus sur une solution informatisée et apparemment ce n’était pas la meilleure approche. L’impression que l’on a eue c’est que l’environnement managérial du Sénégal (Dakar) n’était pas encore prêt ou ne voyait pas la valeur ajoutée de solutions juridiques informatisées dans leurs activités. Il a fallu qu’on change d’approche et qu’on mette plutôt le support juridique en avant et les solutions informatisées en appui. C’est apparemment l’angle qui semble marcher. On est toutefois persuadés que les solutions juridiques pourront être automatisées à tel point que n’importe qui, qu’il soit juriste ou pas pourra, notamment en s’appuyant sur nos solutions, rédiger un contrat de bout en bout. Nos solutions pourront effectivement, sur la base de quelques filtres, déterminer l’ensemble des besoins de l’utilisateur et ensuite lui proposer des modèles de contrat en rapport avec ses besoins.

Un second problème majeur auquel nous avons dû faire face a été l’infrastructure réseau. Rapidement on s’est rendu compte que le déploiement par l’acquisition d’une licence ne nous permettait pas de toucher un des segments cible qui nous intéressait ,les startups et PME/PMI. Il fallait proposer une solution beaucoup plus adaptée. On a alors pensé à des solutions cloud mais s’est posée la difficulté de trouver un partenaire local doté des infrastructures nécessaires pour accueillir les données à stocker. Nous tenions à ce que le stockage des informations sensibles de ces entreprises se fasse en local et de façon à garantir une sécurité maximale. C’était une question de valeur, de position. On est actuellement en bonne voie pour pouvoir proposer sous peu des solutions cloud optimales. Nous pourrons donc approcher ces segments cibles qui nous intéressent vraiment et qui tous les jours se posent des questions juridiques , tous les jours ont des besoins dans la création de contrats ou dans la gestion de leurs activités contractuelles. Ces startups, PME/PMI parfois ne jugent pas nécessaire ou considèrent hors de portée le fait de recruter un juriste ou de faire appel à un cabinet d’avocats alors que si elles n’arrivent pas à avoir une réponse adéquate à une question juridique cela peut avoir des conséquences désastreuses sur leur business.

En somme ce sont les défis qui se présentent et que nous sommes en train de relever tant bien que mal. Nous sommes très confiants.

Avez-vous des cofondateurs ?

J’ai fondé CYBARC tout seul et d’ailleurs je pense que c’était une des plus grosses faiblesses de l’entreprise. Le fait que j’ai été seul au démarrage et que j’ai beaucoup peiné à trouver un associé m’a fait accuser des lenteurs. J’ai cherché effectivement pendant ces 3 années, un voir plusieurs associés et j’ai essayé quatre fois avec différentes approches mais ça n’a pas marché. Je pense aussi que c’est peut être l’une des choses les plus complexes pour un entrepreneur, trouver l’associé le cofondateur qu’il faut. Je n’ai pas eu cette chance mais actuellement j’ai un partenaire avec qui une association est envisagée. Je reste toutefois à ce jour le seul fondateur et je pense que c’est une grosse erreur de démarrer seul, il est préférable de trouver dès le lancement les bons cofondateurs.

Combien d’emplois avez-vous créés ?

Au fil de notre évolution on ne peut pas dire qu’on ai créé réellement d’emplois parce qu’on n’a pas pu en stabiliser. En trois ans, tous les emplois qu’on a créés étaient temporaires puisque notre approche en matière de recrutement était axée sur une force commerciale. Nous avons donc eu une équipe commerciale composée de six (6) commerciaux pendant six (6) mois et treize (13) développeurs. On s’est rendu compte que ce n’était pas la bonne approche maintenant nous misons plutôt sur un business developer. Actuellement, deux emplois stables ont été créés chez Cybarc Consulting.

Quels sont les défis que vous rencontrez au quotidien en tant qu’entrepreneur ?

Tout d’abord je dirai la gestion du stress journalier par rapport aux entrées qui doivent se faire. Quand on fait des prestations, les sources de stress sont nombreuses ; le fait de savoir qu’on a des échéances par rapport à des fournisseurs, les clients qui doivent payer mais qui accusent du retard, les employés à payer à temps etc.. Je pense que c’est ce stress là le plus gros défi face auquel il faut lutter parce qu’il faut au jour le jour développer une forme de volonté, une forme d’envie de se battre et quelque fois ce stress entrave cette volonté de faire et de créer quelque chose. Mais au-delà de ça il y a aussi l’environnement. Je pense que l’environnement entrepreneurial sénégalais n’est pas le plus adéquat, on a aussi des réalités sociales. Je ne sais pas si je peux généraliser sur ce sujet mais c’est très difficile socialement d’expliquer à la famille ce qu’est l’entrepreneuriat. Elle comprend que tu sors tous les jours, tu disparais donc concrètement tu fais quelque chose, concrètement tu dois rapporter de l’argent. Il y’a aussi quelques fois ces questions à trancher entre les charges sociales qui sont très lourdes au Sénégal, les implications sociales, les attentes sociales, la famille qui n’est pas nucléaire ici qui est très large. Tout cela fait que ce n’est pas évident d’être entrepreneur au Sénégal, mais quels que soient les obstacles on y fait face.

Un produit phare ?

On n’a pas encore trouvé LE bon modèle mais on le cherche. Aujourd’hui nos attentes se portent principalement sur le cloud. Quand on parle de licence à une PME même si elle y voit un intérêt il y a fort à parier qu’elle n’investisse pas ses millions dessus. Ça reste un gros investissement pour ce type de structure. Sur un gros investissement on ne mesure pas le retour immédiatement, on ne voit pas la valeur ajoutée dans les semaines suivant l’achat. Nous sommes donc en train de restructurer notre offre, de nous adapter davantage aux réalités locales. Comment fournir cet accompagnement juridique ? Comment fournir à nos clients l’accès à ces solutions juridiques tout en leur permettant de voir l’impact immédiat et la valeur ajoutée sur leur business avec le modèle économique le plus adapté ? Voici les questions auxquelles nous cherchons des réponses concrètes. Nous n’avons pas encore un produit market fit, un produit fini qui parle directement à la cible mais on est en train d’y travailler.

Avez-vous vécu des déceptions ?

Oui. L’aventure entrepreneuriale va de paire avec les déceptions. Je me souviens de la première situation que j’ai eu quand je démarrais ma boîte. J’ai eu l’appel de cette fameuse directrice marketing d’une société de la place. Après avoir raccroché j’ai dansé dans les toilettes, je suis sorti pour retourner à mon bureau mais je n’arrivais plus à me concentrer parce que dans ma tête ça explosait. Le lendemain j’ai déposé ma démission ; deux semaines après j’avais créé la forme juridique de ma boîte ; trois semaines après je me rendais compte que ce n’est pas parce que j’avais reçu l’appel de cette directrice marketing que j’avais un contrat et là je venais de mettre un pied dans les réalités de l’entrepreneuriat. C’est la première leçon que j’ai apprise. D’ailleurs on est en train de réaliser un document qu’on appelle « le guide juridique de l’entrepreneur sénégalais ». Ce n’est pas parce que tu as une idée, une opportunité que tu dois créer tout de suite une forme juridique et formaliser ton début d’entreprise. Ca a été une de mes premières déceptions. J’ai eu ensuite des déceptions par rapport à des fournisseurs en qui j’avais confiance, par rapport à des recrutements, par rapport à l’engagement qui était attendu et annoncé au départ par mes collaborateurs, des déceptions par rapport à des mauvais choix d’associés. Mais je pense que tout ça va de paire avec l’entrepreneuriat. Il faut surtout savoir se relever de ces déceptions, savoir ne pas en garder le négatif mais aller dans une logique où on peut en tirer profit et aller de l’avant.

Depuis quand êtes vous incubé chez CTIC Dakar ? Votre ressenti ?

Ça va bientôt faire un an et j’ai une très belle expérience. D’abord une belle expérience humainement parlant avec l’équipe de CTIC Dakar avec qui le rapport n’est pas intrinsèquement lié à cette question de business, de développement de nos entreprises. On sent leur engagement personnel, émotionnel dans nos activités et c’est très touchant. Il y’a eu vraiment de très beaux moments qui ont été vécus avec l’équipe de CTIC Dakar. Au-delà de l’équipe, il y’a de très belles rencontres, de belles perspectives qui se sont posées avec d’autres entrepreneurs grâce à l’écosystème existant au sein de l’incubateur.

Quoi de neuf ?

On est en train de travailler sur la refonte de notre site web : cybarc-lpo.com et on va bientôt mettre à disposition une plateforme de téléchargement de modèles de contrats gratuits ainsi qu’un forum juridique. Au sein de l’équipe on est en train de voir comment mettre ça en œuvre de la meilleure des façons et on est très enthousiastes à cette idée.

(Source : CTIC-Dakar, 11 juillet 2016)

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