Babacar Birane de la plateforme « Concree » : L’ingénieur financier, coach des start-up
mardi 20 mars 2018
L’ingénieur Babacar Birane a été l’une des attractions du Parc des innovations organisé par la compagnie aérienne Delta. Ce Sénégalais a pris le risque d’abandonner un poste dans une grande entreprise en Europe pour se lancer dans l’accompagnement des jeunes pouces. Leur start-up offre des services à des entreprises y compris celles basées aux États-Unis.
Le jeune Babacar Birane ne réalisera pas son rêve d’être un officier supérieur dans l’armée sénégalaise. L’ancien pensionnaire du Prytanée militaire de Saint-Louis n’avait pas réussi à intégrer la classe restreinte de ceux retenus pour poursuivre leur formation à l’Ecole Saint Cyr. C’est le sort du destin. Par contre, c’est dans un autre domaine qu’il va se distinguer. Donc, après être recalé au concours d’entrée à l’Ecole militaire de Saint Cyr, Babacar s’envole pour la France et s’inscrit à l’Ecole d’économie de Grenoble où il est ressorti avec un diplôme d’ingénieur économique spécialisé dans la qualité et le management de projet. Puis, il s’est fait une place dans le coaching des pouces. Raison pour laquelle il a été choisi par la compagnie Delta pour partager son expérience le 3 mars 2018 à Dakar.
Ce Sénégalais a eu la chance de travailler dans de grandes entreprises. D’abord, à Schneider Electric, ensuite à Airbus dans son programme A350. C’était en 2013. « J’ai travaillé à Airbus juste après ma sortie de l’Ecole d’ingénieur économique de Grenoble. J’étais dans le département qui s’occupait du dernier modèle d’avion A350-900 », raconte le spécialiste de l’ingénierie économique. Il faisait partie du groupe qui s’occupait des modèles devant aider à maîtriser les contraintes. La maîtrise de cette contrainte est indispensable pour la réalisation de certains objectifs ou à l’amélioration de la croissance et de la performance de la compagnie. « J’étais recruté pour travailler dans un groupe chargé de monter un « staffing tool ». C’est un outil qui permet à Airbus d’analyser, par rapport aux « mailes stones », des étapes de développement. Cette analyse a pour but d’identifier les types d’ingénieurs dont l’entreprise aura besoin pour son développement et lui permettant d’avoir un équilibre entre les ressources humaines et la contrainte de 30 % en interne pour des métiers stratégiques », explique l’ingénieur financier. Malgré les avantages, ce jeune qui a grandi à Yarakh abandonne tout et revient au bercail à ses risques et périls. Obsédé par l’idée de voler de ses propres ailes, il monte « Concree », un incubateur d’entreprises. L’ingénieur offre des services à des entreprises en quête de performance et de croissance. Il a résolu les problèmes de plusieurs entreprises aux Etats-Unis, notamment dans le Nevada… « Concree est un incubateur virtuel qui permet à un entrepreneur d’avoir accès à une communauté d’acteurs pouvant l’aider à progresser dans son projet.
Un terrain vierge
Cette communauté est composée de plusieurs entrepreneurs qui connaissent des problématiques de l’entreprenariat », souligne-t-il. « Concree » est une plateforme de partage de bonnes pratiques que les jeunes entrepreneurs peuvent utiliser pour modéliser leur projet, le tester, le valider, avant d’avoir accès à des outils pour le Business-plan. « Nous utilisons plus de technologies pour apporter des résultats permettant à l’entrepreneur de mieux réussir. Nous nous sommes dit qu’il est possible de décliner cette technologie en une solution utilisable par d’autres incubateurs », brosse Babacar Birane primé au Mandela Washington fellowship et au Forum de l’entrepreneuriat en Afrique francophone en 2016.
Ce diplômé en ingénierie financière est revenu au pays, dit-il, pour accompagner le bouillonnement du secteur de l’innovation numérique et de l’écosystème des start-up. « Nous pouvions rester en Europe. Mais, nous avons pris la décision de rentrer pour accompagner les jeunes porteurs de projets », soutient Babacar. Il conseille aux jeunes entrepreneurs de cultiver le goût du risque, d’être patient et de lutter contre le découragement. Comme quoi les fruits de l’entrepreneuriat peuvent tarder à mûrir. « Ce n’est pas facile d’entreprendre. L’entrepreneur doit s’armer de patience et apprendre de ses erreurs », s’adresse-t-il aux jeunes qui ont pris part au Parc d’innovation organisé par la compagnie aérienne Delta à la Place du Souvenir au début du mois de mars 2018.
Idrissa Sané
(Source : Le Soleil, 20 mars 2018)