C’est un changement d’échelle pour Axian. Le groupe malgache a mis la main sur Tigo Tanzanie, le deuxième opérateur mobile de ce vaste pays de la côte est-africaine (derrière Vodacom, filiale du groupe britannique Vodafone). Avec ses 14 millions de clients mobiles, l’opérateur tanzanien devient le premier actif télécoms d’Axian - également présent dans l’énergie, la finance et l’immobilier.
« L’opération nous permet de doubler notre base d’abonnés, qui approche désormais les 33 millions. Nous devenons le sixième opérateur télécoms du continent, assure Hassanein Hiridjee, le patron d’Axian. C’est un métier gourmand en capital, nous devons absolument écraser nos coûts fixes »
L’opération renforce le poids des télécoms dans ce groupe familial centenaire. En 2020, le secteur rapportait 400 millions de dollars à Axian, sur un chiffre d’affaires total de 1,1 milliard. Tigo Tanzanie générant plus de 350 millions de dollars de revenus, la dernière acquisition va changer le centre de gravité du groupe.
« Mobile money »
D’autant plus qu’Axian pourra aussi profiter de sa présence en Tanzanie pour mettre les bouchées doubles dans le « mobile money ». L’Afrique de l’Est est historiquement en avance dans le développement et l’appropriation de ces technologies de paiement et de microfinance sur mobile. Comme tous les opérateurs du continent, le groupe malgache est très actif sur le sujet… Il est certes inquiet de voir la jeune start-up américaine Wave rafler les marchés d’Afrique de l’Ouest en cassant les prix. Mais pour l’heure, la Tanzanie n’a pas été touchée.
Axian y voit surtout une étape supplémentaire dans son expansion africaine. Jusqu’en 2015, ses activités télécoms se limitaient à Madagascar. Depuis, le groupe s’est lancé à Mayotte, à la Réunion, aux Comores, au Togo et au Sénégal. Dans ce dernier pays, Hassanein Hiridjee s’était allié à Xavier Niel pour racheter Tigo Sénégal - une autre filiale du luxembourgeois Millicom, définitivement sorti d’Afrique avec la vente de Tigo Tanzanie. Niel et Hiridjee sont également partenaires à La Réunion - où, comme au Sénégal, c’est même la marque Free qui est utilisée.
Sébastien Dumoulin
(Source : Les Echos, 10 avril 2022)