Avec Yerim Sow à ses côtés, Xavier Niel (Free) débarque en Afrique par le Sénégal en arrachant Tigo à Wari
lundi 31 juillet 2017
Le promoteur de Free en France, Xavier Niel, va très bientôt se lancer dans le marché des télécommunications en Afrique et au Sénégal en particulier. TIC Mag en a obtenu confirmation auprès des sources autorisées.
En effet, en association dans un consortium composé de NJJ (société de portefeuille privée de Xavier Niel, constituée en France), Sofima (véhicule d’investissement télécoms géré par Axian Group) et Teyliom Group (un groupe d’investissement diversifié axé sur l’Afrique de l’Ouest et du Centre et contrôlé par Yerim Habib Sow, son seul actionnaire), le patron de Free va racheter les opérations de TIGO appartenant à la Compagnie Millicom qui avait pourtant déjà engagé des discussions avec Wari. TIC Mag a appris par la même occasion que Millicom a déjà résilié son accord de vente de ses opérations Tigo au Sénégal au groupe Wari.
Sans doute un coup dur et un coup de théâtre pour le Sénégalais Kabirou Mbodje, PDG de Wari, qui s’était déjà engagé à acquérir Tigo. L’annonce du rachat de Tigo, le deuxième opérateur de téléphonie au Sénégal, par le groupe Wari avait même reçu la bénédiction du président sénégalais Macky Sall, qui, en visite en Suisse en mars 2017, avait présenté cette transaction comme une preuve du dynamisme de l’économie sénégalaise.
« Le rachat du deuxième groupe de télécommunications du pays par un Sénégalais est un signal fort pour le secteur privé », avait-il déclaré. Une indication que le gouvernement validait déjà en quelque sorte ce rachat d’une valeur de 129 millions de dollars, soit environ 79 milliards de F. Cfa.
Pour l’instant, l’on n’a pas encore une information sur le montant de la transaction. Toutefois, le consortium doit avant tout recevoir l’avis favorable et les approbations réglementaires du régulateur et des autorités publiques sénégalaises pour acquérir définitivement Tigo.
Le retour de Yerim Habib Sow
Petite consolation au moins pour les Sénégalais et pas des moindres, aux côtés de Xavier Niel dans cette transaction se trouve le discret multimillionnaire ivoiro-sénégalais de 45 ans Yerim Habib Sow. Celui que le magazine Forbes Afrique présente comme le multimilliardaire de l’ombre n’est pas un inconnu des telcos. C’est même dans ce secteur que Teyliom Group commence son histoire. Mais, en 2005, alors âgé de 40 ans seulement et ne pouvant plus suivre la mutation engagée dans le secteur télécoms, il vend Loteny Telecom à MTN, quittant ainsi le monde des télécoms pour se consacrer à l’immobilier, l’hôtellerie, le secteur bancaire et financier et l’agroalimentaire.
Teyliom est en effet un groupe africain présent dans différents secteurs d’activités en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Le groupe qui a pour ambition d’être un investisseur de référence sur le continent africain réalise son développement à partir de sa Holding Teyliom International qui contrôle l’ensemble des véhicules par métier : Teyliom Properties, Teyliom Hospitality, Teyliom Finance, Teyliom Industries, Teyliom Telecom et Teyliom Energies.
Au 31 décembre 2013, le groupe était constitué de 52 sociétés réparties dans 16 pays en Afrique, en Europe et au Moyen-Orient avec un effectif total de 629 employés. Teyliom Group a par exemple réalisé en 2015 un chiffre d’affaires de 75 millions, connaissant une croissance moyenne de 25 % par an les cinq années précédentes.
Yerim Habib Sow, le fils d’Aliou Sow, fondateur en 1970 du puissant groupe de BTP « Compagnie Sahélienne d’Entreprise » (CSE) revient donc ainsi dans le secteur des télécoms qu’il connaît bien avec des partenaires de choix. Le patron de Free en France en occurence.
Le milliardaire français Xavier Niel entre ainsi pour la première fois dans le secteur des télécoms en Afrique. L’on sait néanmoins qu’il est déjà en Afrique, mais dans le secteur minier. Car en mars 2016, le principal actionnaire et dirigeant d’Iliad, la maison mère de Free, a investi dans une entreprise guinéenne d’exploitation de bauxite, ce minerai rouge servant à la fabrication de l’aluminium.
Son expérience en France avec Free, réputé avoir des tarifs compétitifs, pourrait être un plus pour les abonnés Sénégalais en termes de réduction des tarifs, tout en rendant la concurrence davantage rude dans le marché des télécoms. Mais, il faudra d’abord attendre l’approbation des autorités publiques et de probables rebondissements !
Beaugas Orain Djoyum
(Source : TIC Mag, 31 juillet 2017)