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Avantages et défis de la fintech africaine

vendredi 9 décembre 2022

Inclusion financière, désintermédiation, accélération de la croissance économique… L’Afrique a beaucoup à gagner avec les fintech. Pour cela, il faut lever les obstacles au développement du secteur.

Jean-Baptiste Kouamé est le propriétaire d’un point de transfert d’argent par mobile money basé en Côte d’Ivoire. Son bureau permet au client de transférer de l’argent ou retirer du cash moyennant une commission payée par les fournisseurs de services mobile money.

Dans le même pays, et au même moment, des syndicats de points de vente mobile money grognent contre la fintech Wave Côte d’Ivoire. Il est reproché à cette société d’avoir considérablement réduit les commissions sur les transactions effectuées dans les points de vente. En effet, dès le lancement de ses activités en avril 2021, Wave a fixé les frais de transfert d’argent à 1% pour tous. En outre, elle ne fait pas payer au client le dépôt et le retrait de son argent, diminuant ainsi le coût des transferts devenus moins chers et plus abordables. Cette stratégie vise à enrôler le maximum de personnes. Toutefois, elle a obligé tous les concurrents de Wave à revoir à la baisse leurs tarifs et commissions au point où des distributeurs comme Jean-Baptiste Kouamé sont aujourd’hui menacés de disparition.

Quelle que soit son issue, les négociations entre syndicats de points de vente mobile money et fournisseurs de monnaie électronique, détermineront la capacité du marché ivoirien à faire vivre une fintech comme Wave. En bouleversant toute la chaine de valeur du mobile money au profit du consommateur ivoirien, l’activité de cette société est surtout révélatrice de l’impact qu’une fintech peut avoir sur la finance et les affaires en Afrique.

Avantages des fintech

Wiza Jalakasi, VP, Developer Relations à ChipperCash définit une fintech comme une technologie financière utilisée pour améliorer la prestation des services financiers. Ainsi, le terme renvoie à une « combinaison de services financiers rendus possible par les moyens de communications mobiles ».

Co-founder de l’African Fintech Summit et CEO d’IBEX Frontier, Zekarias Amsalu ajoute que la forte pénétration de la téléphonie mobile sur le continent et la puissance du mobile money africain (qui représente 70% de l’industrie mondiale) offrent aux fintech l’opportunité d’accélérer leur croissance en bâtissant des services financiers accessibles à tous. Ceci est particulièrement vrai pour des pays comme le Kenya, le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Egypte, où la transformation digitale conduit la croissance dans le domaine des fintech. Toutes choses ayant pour avantages d’élargir l’inclusion financière en impliquant davantage de populations non bancarisées y compris celles vivant en zones rurales.

« Les fintech ont facilité l’accès aux services et aux produits financiers, automatisé les opérations en plus de réduire les intermédiaires et les coûts pour les consommateurs. Elles offrent de nouvelles perspectives, et comme toutes les révolutions, lorsqu’elles ne sont pas comprises où pilotées, on peut penser qu’elles représentent une menace », renchérit Eric Patrick Diby, expert des marchés financiers et CEO de Wealthtech Innovations. Pour lui, la combinaison de facteurs clés tels que la démocratisation d’internet et l’adoption de nouvelles technologies dans le cadre de l’exécution des transactions financières ouvre la voie au développement des offres du secteur financier et de la facilitation de l’accès aux marchés financiers africains.

Désintermédiation, élargissement de la portée des services financiers, accélération de la croissance économique… l’incidence des fintech sur le monde des affaires est de divers ordres. L’association des banques avec les fintech dans le cadre de l’Open Banking, présente également des avantages. Pour Djiba Diallo, conseillère principale en matière de fintech à Ecobank, ces avantages peuvent se traduire par des innovations dans la fourniture de services financiers, l’augmentation des offres de services et un engagement accru des clients pour les services digitaux.

Ecueils à surmonter pour accélérer la croissance des fintech

Dans le même temps, les fintech en Afrique font face à un certain nombre de défis. Lesquels défis sont inhérents à la sécurisation des données et l’éducation financière, et constituent des barrières à l’adoption des services aussi bien par les consommateurs que par les entreprises. A cela, il faut ajouter une régulation grippée par la faiblesse des cadres réglementaires dont dépendent les technologies financières comme Wave.

La perception du public et la réticence de certains gouvernements quant à l’adoption des services financiers numériques basés sur la technologie blockchain, en raison des arnaques qui pullulent l’environnement des crypto-monnaies, créent d’autres freins au développement des fintech. Et ce, malgré l’impact positif de la blockchain sur l’inclusion financière, la facilitation des paiements transfrontaliers sans avoir à passer par des devises étrangères.

« En Afrique, nous ne sommes qu’au début de notre mutation technologique. Nos territoires ne sont pas totalement couverts par internet et nous commençons timidement à adopter les nouvelles technologies au quotidien. D’autant plus que cette population a une faible culture financière. Ces raisons peuvent expliquer en partie les problèmes auxquels sont confrontés nos fintech », explique Eric Patrick Diby.

Pour l’entrepreneur, cet état de fait pourrait changer, la population africaine étant en majorité jeune et davantage intéressée par la finance. « Les Africains ont majoritairement intégré le facteur de dématérialisation dans le secteur financier et sont disposés à utiliser de nouveaux produits et services, constate l’expert des marchés financiers. Pour l’instant, les fintech du continent proposent en majorité des solutions de paiement. A l’avenir, il faudra envisager d’autres solutions telles que les banques en ligne, les produits d’épargne, les solutions de crédit et de financement, les conseils financiers (Robot Advisor), les produits d’assurance et le crowdfunding. »

Tant de produits qui viendront, par ricochet, enrichir l’offre de services financiers des points de vente mobile money comme celui de Jean-Baptiste Kouamé avec l’avantage de la proximité et la possibilité de servir les populations dans les zones les plus reculées.

Anselme Akéko

(Source : CIO Mag, 9 décembre 2022)

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INTERNET EN CHIFFRES

- Bande passante internationale : 172 Gbps
- 4 FAI (Orange, Arc Télécom, Waw Télécom et Africa Access)
- 19 266 179 abonnés Internet

  • 18 595 500 abonnés 2G+3G+4G (96,58%)
    • 2G : 12,95%
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  • 1162 abonnés aux 4 FAI
  • Internet fixe : 1,74%
  • Internet mobile : 98,26%

- Liaisons louées : 3971

- Taux de pénétration des services Internet : 106,84%

(ARTP, 30 septembre 2023)

- Débit moyen de connexion mobile : 23, 10 Mbps
- Débit moyen de connexion fixe : 21, 77 Mbps

(Ookla, 31 janvier 2023)


- 9 749 527 utilisateurs
- Taux de pénétration : 56,70%
(Internet World Stats 31 décembre 2021)


- + de 10 000 noms de domaine actifs en .sn
(NIC Sénégal, décembre 2023)

TÉLÉPHONIE EN CHIFFRES


Téléphonie fixe

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- Taux de pénétration : 1,67%

(ARTP, 30 septembre 2023)

Téléphonie mobile

- 3 opérateurs (Orange, Free et Expresso)
- 21 889 688 abonnés
- Taux de pénétration : 123,34%

(ARTP, 30 septembre 2023)

FACEBOOK

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Taux de pénétration : 17,4%

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- Twitter : 300 000

(Datareportal, Janvier 2023)

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