Aux yeux de l’Assocation nationale des retraités de Sonatel (ANARS) : La surtaxe serait le lit de la fraude
jeudi 29 septembre 2011
L’Anars a choisi le « mercredi de la honte » du 28 septembre pour rebattre en brèche les arguments de l’Etat sénégalais tendant à justifier la surtaxe sur les appels téléphoniques entrants au Sénégal. Jugeant ces arguments « sans fondement », les « anciens » de Sonatel estiment que la surtaxe en question est le meilleur moyen d’encourager la fraude.
Après la lettre ouverte adressée il y a deux semaines par l’Association nationale des agents retraités de Sonatel(Anars) au président de la République, l’acte 2 dans leur dynamique d’œuvrer à la préservation de l’outil qu’est Sonatel a été posée ce mercredi 28 septembre à Dakar, à travers un point de presse. Après avoir rappelé les nombreuses mutations stratégiques que le secteur des Télécommunications Sénégalais a connues, histoire de cristalliser la longue marche des travailleurs depuis que l’entreprise était une administration, les retraités de l’Anars ont ainsi campé le fondement et le contexte de leur engagement.
Acharnement douteux
En instituant la surtaxe sur les appels entrants, l’Etat, aux yeux des membres de l’Anars, « rame à contre-courant avec les règlements internationaux et redevient un acteur dangereux » et en insistant avec autant de détermination au point de passer avec force, « l’Etat cherche visiblement à affaiblir la Sonatel dont le malheur est d’être une entreprise rentable », renchérissent les membres de l’Anars.
Cet « acharnement » de l’Etat contre Sonatel, selon Macodou Ndiaye, trouve son explication dans l’analyse historique des actes posés jusqu’ici par l’Etat. Et de rappeler l’exemple de la licence 3G octroyée à Sudatel (récemment entrée sur le marché sénégalais) avant la Sonatel qui, longtemps auparavant, l’avait vainement sollicitée.
Autre fait rappelé par M. Ndiaye, la vélleité de l’Etat, il y a peu, de céder ses parts dans la Sonatel qui serait entièrement une propriété du partenaire France Télécom. Le dernier fait notoire et non des moindres est relatif à l’arrivée de Global Voice dont l’attribution du marché du contrôle des appels entrants qui suscite encore des interrogations, avait été cassée par l’Agence de régulation des marchés publics(Armp) et que « l’Etat tenterait de faire revenir par une porte dérobée pour un enrichissement sans cause ». Pour illustration, les membres de l’Anars révèlent que sur les 5 milliards collectés l’année dernière sur l’application de la surtaxe, 2,5 milliards de FCfa soit la moitié serait tombée dans l’escarcelle de Global voice. Quid alors de la part de Global voice sur les « hypothétiques 60 milliards de FCfa que compte récolter l’Etat sur une ré-application de la surtaxe, s’interrogent les « anciens » sonatéliens.
Justement sur cette question du contrôle des appels entrants qui sous-tend, aux yeux de l’Etat, la mesure de la surtaxe, les membres de l’Anars invoquent la réalité économique pour battre en brèche l’argument de la fraude brandi par les autorités. Pour dire que sur un marché en général, les vélleités de fraude trouvent leur cause dans la cherté des prix et que le renchérissement des tarifs à travers la surtaxe est le meilleur moyen de favoriser la fraude sur les appels entrants au Sénégal.
Une transition toute trouvée par les membres de l’Anars pour confirmer et réaffirmer que cette surtaxe sur les appels entrants « va certainement avoir un impact négatif sur les usagers et donc sur le trafic, comme ce fut le cas en trois mois lors de son application en 2010 ».
La « boulimie » de l’Etat pour le secteur et particulièrement sur Sonatel est d’autant plus manifeste, selon les membres de l’Anars qui rappellent que Sonatel est de loin l’entreprise qui contribue le plus aux recettes de l’état avec un montant annuel qui atteindra 200 milliards en 2011(plus de 13% du budget national), soit presque 4 Milliards par semaine. Et entre 18% de TVA, 5% pour la Rutel et 3% de Codet dont les 95% sont pour le secteur de l’Energie, « Sonatel est en vérité l’entreprise sur laquelle pèse le taux d’imposition le plus élevé. » Autrement dit, sur 100 FCfa, les 23% représenteraient des taxes, fait valoir l’Anars qui, tout en réitérant son appel au dialogue, réaffirme sa détermination, devant le choix fait par l’Etat du court terme au risque de compromettre de manière durable une ressource budgétaire importante « à combattre sans complaisance aucune, tout acte, d’où qu’il vienne et qui serait de nature à compromettre l’intérêt de Sonatel et du Sénégal ».
Malick Ndaw
(Source : Sud Quotidien, 29 septembre 2011)