Pour la quatrième année consécutive, Babacar Touré a eu la charge de conduire la délégation du Conseil National de Régulation de l’Audiovisuel (CNRA) pour remettre au Chef de l’Etat, le rapport annuel 2015 de l’activité de cette Institution.
« Année après année, durant ces quatre exercices, nous avons professé notre credo primordial de devoir de protection de la jeunesse, forgé les outils d’une démarche scientifique et porteuse, lancé les grands chantiers du moment », soutient le journaliste dans son discours.
Faisant l’état des lieux du paysage audiovisuel « face aux nombreux qui sont encore là et qu’il nous faut relever », Babacar Touré pose ces questions primordiales : « Qui investit dans le secteur ? Qui sont aujourd’hui les promoteurs de radios et de télévisions ? ». « Le paysage médiatique national est-il captif de personnes et d’ambitions plus préoccupées de construire et manipuler des réseaux d’influence, actionner des ascenseurs sociaux, accéder à la notoriété et faire leur autopromotion ? Quels sont donc les profils des radios et des télévisions de notre pays ? », s’interroge-t-il.
A l’aune de sa responsabilité, le président du CNRA de souligner à l’endroit du président de la République, Macky Sall que « les fréquences de notre spectre ont été attribuées, dès le départ au petit bonheur la chance, au gré des affinités du moment ».
Et « les dernières statistiques qui nous ont été transmises par l’ARTP à notre demande, établissent que près de 308 fréquences FM ont été concédées à des opérateurs radio nationaux, 19 à des opérateurs radio étrangers, plus de 50 fréquences de télévision à divers opérateurs, d’ailleurs peu nombreux », précise-t-il.
Des chiffres qui doivent, selon lui, « être cependant pondérés, puisqu’ils englobent des fréquences « activées » et des fréquences « dormantes ».
Dans tous les cas, assure Babacar Touré : « Les conséquences de cette situation sont incalculables ». Car « dans ce désordre, se sont opportunément installés - des flibustiers de l’audiovisuel qui piratent et commercialisent illégalement les contenus de chaînes dûment installées et déclarées », alerte le journaliste.
Et de marteler : « outre le désordre juridique et commercial, les risques sont devenus réels et divers, car ces derniers, échappant à toute régulation, produisent et proposent désormais des débats à caractère social ou politique, pratiquent le prosélytisme religieux et relaient des propos identitaires, chauvins, voire irrédentistes », déplore le journaliste.
« S’ouvre alors tout un boulevard à l’incivisme médiatique » avec « le désordre ambiant débouchant sur des situations inédites : de nombreux détenteurs d’autorisation de diffuser à échelle locale, régionale ou communautaire émettent aujourd’hui sur le plan national, sans modification préalable de la convention qui les régit. D’autres, dans l’information politique alors que leur statut ne le permet pas. Ils induisent ainsi une concurrence plus que déloyale vis-à-vis des chaines commerciales, autorisées à diffuser sur un large spectre ».
(Source : Pressafrik, 1er décembre 2016)