C’est à se demander si le secteur de l’audiovisuel sénégalais n’est pas devenue « une zone de non droit » offerte á des multinationales qui s’autorisent à transformer ce secteur en jungle ?
En clair, l’ogre chinois Startimes et la puissante sud-africaine DSTV ont-ils été encouragés par un environnement permissif à souhait pour envahir et investir illégalement l’espace ?
Pour votre gouverne, Africa Satellite télévision (ASTV), qui est le cheval de Troie de DSTV au Sénégal, porte le visage et le nom d’un ressortissant gambien du nom Mamadu Tall qui, lui-même, n’a signé aucune convention avec l’Etat. Présent au Sénégal depuis 2003 soit 14 ans, la multinationale DSTV est un acteur « clandestin ».
Les Sud-africains de DSTV et les Français de Canal se sont rapprochés pour nouer une collaboration en vue de la vente de leurs bouquets respectifs. Non seulement, la puissante Startimes chinoise n’a pas de convention de concession avec l’Etat, mais elle exerce dans la parfaite opacité à Dakar en nouant des partenariats avec quelques chaines nationales.
En réalité, l’activité de ces deux multinationales tombe sous le coup des dispositions clairement énoncées dans la loi sénégalaise. En effet, aux termes de la loi 2000-07 du 10 janvier 2000 abrogeant et remplaçant l’article 2 de la loi n°92-02 du 6 janvier 1992 portant création de la Société nationale de Radiodiffusion Télévision Sénégalaise (RTS), les droits de diffusion et de distribution appartiennent exclusivement à l’Etat. Ces droits « …peuvent faire l’objet d’une concession totale ou partielle à un ou plusieurs concessionnaires de droit public ou privé, par voie de conventions et cahiers des charges précisant les obligations réciproques du concessionnaire et de l’Etat. Ces conventions sont approuvées par décret. »
En fait, aucun opérateur audiovisuel ne peut exercer au Sénégal dans le secteur de la diffusion et ou de la distribution sans disposer, d’une part, de la fameuse convention de concession et d’autre part, d’un cahier des charges, lesquels doivent être approuvés par décret. Cette passe décisive faite à des multinationales qui n’en demandent pas tant vient, aux moyens d’une concurrence déloyale manifeste, asphyxier et déstructurer un marché déjà précaire pour les acteurs nationaux.
Le communiqué conjoint signé le 22 février 2010 par le CNRA, l’ARTP et le ministère de la Communication pour rappeler « que la diffusion et la distribution d’émissions de radio et de télévision à destination du public sont soumises à la détention d’une convention de concession approuvée par décret » est-il resté lettre morte ?
En définitive, pourquoi les autorités en charge de ce secteur continuent-elles à s’emmurer dans le silence alors que les « clandestins » ont pignon sur rue ?
(Source : Dakar Actu, 16 novembre 2017)
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