Le régulateur a infligé une lourde astreinte à Free, qui bloque depuis plus d’un an le lancement de l’opérateur virtuel pourtant autorisé à exploiter son réseau.
Le bras de fer continue dans le litige qui oppose depuis un an l’opérateur de télécommunications Free (ex-Tigo Sénégal) à Promobile, l’opérateur mobile virtuel (MVNO) censé pouvoir exploiter le réseau du premier.
Propriété de l’influent Mbackiou Faye via la société Sirius Télécoms, ce dernier vient de remporter une bataille puisque l’Autorité sénégalaise de régulations des télécommunications et des postes (ARTP), dirigée par Abdoul Ly, a décidé d’imposer depuis le 12 juin une astreinte de 2 % du chiffre d’affaires journalier hors taxes à Saga Africa Holding, la société propriétaire de Free au Sénégal et dont les actionnaires ne sont autres que le Français Xavier Niel, le Sénégalais Yérim Sow et le Franco-Malgache Hassanein Hiridjee.
Selon nos estimations, cette sanction, qui a toujours cours à l’heure où sont écrites ces lignes, coûterait aux alentours de 4,8 millions de franc CFA par jour à l’opérateur, soit environ 7 300 euros.
Négociations au point mort
Rendue publique le 22 juillet, la décision du régulateur intervient alors que Free (26 % de parts de marché sur le parc mobile en 2019) n’a toujours pas permis à Promobile de lancer ses offres faute d’entente sur les tarifs et des modalités techniques.
Selon le MVNO, qui doit exploiter le réseau de l’opérateur dirigé par Mamadou Mbengue, Free veut céder les communications sur la voix trois fois plus cher que les prix qu’il pratique lui-même et refuse de permettre aux futurs utilisateurs de Promobile de recevoir des appels et SMS émanant d’opérateurs extérieurs.
Bien que l’ARTP ait tenté d’imposer en mai 2019 des tarifs définis sur la base d’une expertise indépendante, les négociations demeurent totalement bloquées et le MVNO, qui souhaite se faire une place dans un marché estimé à 762 milliards de francs CFA et en croissance de 4,5 %, demeure inactif.
Mbackiou Faye affirme pourtant avoir investi trois milliards de francs CFA afin que tout soit prêt dès septembre 2019. Contacté par Jeune Afrique, Free, qui juge le sujet « assez délicat », ne souhaite pas commenter davantage le sujet.
Quentin Velluet
(Source : Jeune Afrique, 5 août 2020)