Attribution du marché des cartes biométriques : Comment la malaisienne Iris a coiffé la sud-africaine Bytes technologies
mercredi 8 juin 2016
Que cache l’octroi du marché de cartes biométriques à la société malaisienne Iris ? Le 4 mars 2016, le Parlement sénégalais a voté en procédure d’urgence une loi mettant en œuvre la Directive de la CEDEAO demandant aux Etats membres de cette communauté de mettre en œuvre les cartes d’identité biométriques.
Le problème c’est qu’à l’annonce de cette nouvelle, une société sud-africaine, Bytes technologies, spécialisée dans les solutions informatiques a manifesté son intérêt par courriel, pour être prise en compte dans l’appel d’offres du ministère.
La lettre envoyée par e-mail, le 26 mai dernier, informe une source, est bien partie, mais la secrétaire du ministre n’en a pas formellement accusé réception. A la grande surprise de la structure sud-africaine, c’est le lendemain de sa manifestation d’intérêt, le 27 mai, que le groupe malaisien, Iris Corporation Berhad (Iris Corp. Bhd), a reçu l’approbation du ministère de l’Intérieur sénégalais, après être entré en contact, depuis le 2 mai.
Ceci pour la production et la fourniture de 10 millions de nouvelles cartes à puce d’identité biométrique pour un contrat total de 76,2 million d’euros (50 milliards FCfa) dont le paiement sera réparti en plus de 5 sous-versements annuels de 15,24 millions d’Euros (9 milliards 839 millions). Se pose alors un certain nombre de questions.
Outre le délai rapide entre la procédure d’urgence et l’approbation ; l’absence d’un appel d’offres, la Direction centrale des marchés publics (Dcmp) a-t-elle reçu la notification du marché de gré à gré ? Le cas échéant, la barre de 15% des marchés par trimestre, comme stipulé par ses procédures internes, a-t-elle été franchie ou pas ? En contact avec la structure de contrôle des marchés, pour des éclairages, c’est sur le site internet que nous avons été redirigés. A la Direction de l’automatisation du fichier (Daf), aussi le téléphone du commissaire Ibrahima Diallo sonnait dans le vide. En tout cas, cette affaire n’a pas encore livré le quart de ses secrets. Affaire à suivre…
(Source : Enquête, 8 juin 2016)