Arnaque aux sentiments, 33 Nigérians alpagués aux Almadies : Les Américaines, les Asiatiques et leurs Occidentales étaient leurs cibles
vendredi 2 juin 2023
Les limiers de la Division Spéciale de Cybersécurité (DSC) ont nettoyé les Almadies en mettant hors d’état de nuire 33 Nigérians qui s’exerçaient dans l’arnaque aux sentiments pour soutirer de l’argent à leurs victimes. Tout ce beau monde a été déféré au parquet. Retour sur cette affaire diligentée dans la plus grande discrétion.
Belle moisson de la part des limiers de Division Spéciale de Cybersécurité (DSC) qui sont parvenus à mettre le grappin sur 33 individus, tous de nationalité nigériane, avant de les présenter devant le Procureur de la République Près le Tribunal de Grande Instance de Dakar pour les délits d’Association de malfaiteurs, escroquerie en bande organisée et complicité d’escroquerie en bande organisée, utilisation frauduleuse de données à caractère personnel, usurpation d’identité numérique.
Il s’agit d’O. T. Praise, B. Ejiaga, O. S. Joshua, E. C. Franklin, O.T. Praisene, O. V. Chimeremeze, N. N. B. Nduisi, N. V. Obinwa, E. F. Ifeanyi, C. G. Raphael, Y. K. G. Chisom, U. E. ifeanyi, O. A. John, O. S. Onyema, N. P. Emmanuel, O. A. Harrison, O. A. Henry, A. G. Adiane, I. E. Stanley, O. C. Jonah, J. David, B. N. Yechi,E. H. Nzubechi, O. I. Henry, J. U. Chidalu, U. N. Patrick, N.S. Okwukweka, C. Okara, O. P. Chinedu, N. J. Onyinechi, C. Ojukwu, E. J. Osita et N. C. Donatus.
Dans cette affaire, les hommes d’Aly Kandé le Chef de la Division Spéciale de Cybersécurité ont été saisis par les éléments de Ndiarré Sène, patron de la Division Opérationnelle de la Direction de l’Office Centrale de Répression du Traffic Illicite des Stupéfiants (DOCRTIS), pour continuation d’enquête relativement à un groupe d’individus de nationalité étrangère s’adonnant à des activités suspectes sur internet. En effet, précisent nos sources, c’est à la suite de l’exploitation d’une information faisant état d’un vaste trafic international de drogue par un groupe d’individus de nationalité étrangère que des éléments de cette entité de la lutte contre les drogues ont effectué une décente inopinée à Ngor-Almadies dans un domicile situé non loin du restaurant « Chez Kathia ».
Sur les lieux, avancent nos interlocuteurs, les agents ont trouvé un groupe de trente-trois individus dont la plupart étaient connectés sur internet avec des ordinateurs.
Soupçonnant des activités illicites sur internet, les policiers de la DOCRTIS les ont été interpellés sur le champs, avant de saisir leurs matériels informatiques pour les nécessités de l’enquête, soulignent nos sources.
Ayant hérité du dossier, les limiers de la DCS ont mené des investigations techniques sur les appareils électroniques (ordinateurs et téléphones portables) saisis sur les suspects. A cela s’ajoute les interrogatoires des mis en cause. Ce qui a permis, d’après nos sources, de confirmer que ces derniers s’adonnaient à des activités illicites s’apparentant à de l’escroquerie en ligne, communément appelé « online business ».
Nos sources soulignent que, grâce à des faux profils créés sur Facebook et WhatsApp, ils faisaient croire à leurs correspondants, particulièrement des femmes (généralement des européennes, asiatiques ou américaines), à un amour virtuel dans le but de leur soutirer le maximum d’argent. Ce qui est communément appelé « arnaque aux sentiments ».
Leurs modes opératoires consistaient aussi à proposer à leurs victimes des colis à offrir à destination de pays dont le retrait nécessite seulement des frais de douane.
Leur patron C. E. Chimerem se trouve au Nigeria
Interpellés sur les faits objet de l’enquête, les mis en cause ont tous reconnus les faits, lors de leurs différentes auditions. En effet, ils ont unanimement expliqué travailler pour le compte de leur patron du nom de C. E. Chimerem. Il est resté, selon eux, au Nigéria, avant de filer son numéro de téléphone aux enquêteurs. Toutefois, ont précisé nos sources, ils se sont empressés de dire n’avoir gagné aucun franc jusqu’à présent. Ce qui n’est pas le cas pour d’autres qui ont soutenu devant les enquêteurs avoir fait recette dans cette activité illicite. Il s’agit des nommés S. O. Nwaokike, V. C. Okafor.
En effet, ils ont révélé aussi travailler pour le compte de la même personne que les autres à qui ils envoient les fonds tirés de ces activités délictuelles, sans plus de précisions. Dans la même veine, les nommés N. J. Onyinechi, C. D. Nnabuife, e. C. Franklin, E. I. Uwaezuoke ont reconnu avoir gagné la somme de 200 000 FCFA), là où O. Chukw et C. Goodness ont confié avoir gagner, entre 3000 (10500 F CFA) à 5000 pésos (175000 F CFA). Tous ont expliqué être en lien étroit avec C. E. Chimerem.
Formés pour escroquer à travers de faux comptes de noms de blancs
D’après leur récit, dit-on, leur patron établi au Nigeria les aurait formés au « business online ». Dès lors, leur mode opératoire se résume à créer des faux profils sur Facebook et sur ‘’WhatsApp business’’, grâce à des épreuves photographiques d’individus de race blanche du genre « John Thomas » « Thomas Stan », « Thomas Godwin », « Roman Leo » « Alberto la Luz », « Thomas Suman » ou « commandant Georg Mackenzie Autis », de supposés soldats américains, à partir desquels ils entrent en contact avec le maximum de correspondants.
Ensuite, ils font croire à ces contacts l’envoi de colis contenant d’importants objets de valeur ou une relation amoureuse virtuelle. Quelques temps après, ils reviennent pour faire croire aux victimes que les colis ont été interceptés en cours de route et que pour qu’ils puissent les récupérer, ils devraient payer des pénalités s’élevant à 3 000 ou 5 000 péso.
Si elles mordent à l’hameçon, ils s’en ouvrent au boss C. E. Chimerem qui va entrer en jeu. Sa mission consistera à se charger à son tour de leur communiquer l’adresse où l’argent sera envoyé. Et c’est généralement au Nigéria.
Fortunes diverses pour les suspects
Si le nommé Goodness a avoué devant les hommes du Commissaire Aly Kandé avoir grugé quatre victimes établies au Mexique pour un gain variant entre 200.000 et 220.000 nairas, le nommé O. Chukwu lui a reconnu avoir fait deux victimes établies respectivement aux Etats-Unis et au Mexique pour 5000 pésos (17500 F CFA). Le nommé I. B. Nkem a reconnu face aux enquêteurs avoir gagné environ 2 800 000 FCFA ou plus, depuis qu’il est dans le « business » en ligne, en collaboration avec son boss M. Chimerem.
Quant au nommé U. N. Patrick, il a expliqué aux limiers avoir grugé une seule personne de la somme de 10 000 pesos (346 000 FCFA). S’agissant des nommés C. J. Ogbuatu et I. H. Onyedaka, ils ont confié sans convaincre, être venus au Sénégal par l’intermédiaire de leur patron, sans pour autant avoir été avertis qu’il s’agissait de travailler dans de l’escroquerie en ligne.
G. R. Chidozie, A. George et O. T.Praise ont quant à eux révélé travailler pour leur propre compte sans pour autant dire avec précision les sommes qu’ils ont eu à tirer de leur manœuvres frauduleuses. Là ou O. S. Chigbu reconnaît détenir un montant de quarante mille FCFA qu’il a tiré de ces activités illicites en ligne. Pour finir les nommés V. O. Nwosu et O. S. Joshua ont expliqué être arrivés dernièrement au Sénégal, avant d’être hébergés par leurs compatriotes à Ngor. Ils ont nié sans convaincre faire partie de la bande.
Par ailleurs, selon nos sources, ces faits délictuels, même s’ils ne comportent pas, pour le cas de cette affaire, de victimes sénégalaises à ce stade de l’enquête, écornent malgré tout l’image du pays, en faisant passer le cyberespace sénégalais comme un terreau fertile pour les cybercriminels. Ce qu’on appelle une mauvaise e-réputation.
Cheikh Thiam
(Source : Enquête, 2 juin 2023)