Les trois experts français et les cinq archivistes sénégalais chargés de piloter le projet de numérisation des archives de l’Aof ont terminé leur travail de prospection jeudi dernier. Ils ont estimé le fonds à numériser à 3 km, soit plus de 3.000 tablettes d’un mètre remplies. Cette opération pourrait aboutir à la fin 2015.
C’est un travail colossal qui se profile à l’horizon pour numériser les archives de l’Afrique occidentale française (1895-1958). Au Sénégal depuis le début de la semaine pour examiner l’état de conservation et de la disponibilité de l’ensemble des documents entreposé aux Archives nationales, des experts français, aidés d’archivistes sénégalais, ont estimé le fonds à numériser à plus de 3 km, soit plus de 3.000 étagères ou tablettes d’un mètre remplies. « C’est un fonds extrêmement important. Ce sera une mission très longue parce que nous sommes sur une échelle gigantesque. Nous nous sommes assurés de la présence physique des documents déclarés existant avec les archivistes sénégalais sur place. Et après avoir vérifié l’état de leur conservation, nous estimons que ces archives sont communicables ; autrement dit, ils ne sont pas abîmés au point de ne pas pouvoir être numérisés », a expliqué, jeudi, Benoît Van Reeth, directeur du Centre des Archives nationales d’Outre-mer, lors d’une rencontre avec la presse. De retour en France, le chef de la mission a indiqué qu’un rapport sur la faisabilité technique de cette opération sera établi et un cahier des charges élaboré avant qu’un appel d’offres international ne soit lancé.
Selon lui, si la France et le Sénégal ont décidé de numériser ces fonds importants de l’Aof, c’est pour leur donner encore plus une chance de durée et de rayonnement. Ainsi, la première étape va consister à numériser d’abord les archives qui ont été déjà microfilmés à partir de la fin des années 1950, soit un peu plus de 1 km d’archives. Et pour le reste des documents, ils passeront directement du support papier au support numérique sans passer par le microfilmage.
Trouver les moyens
Cependant, avant d’en arriver là, il faut bien que le budget nécessaire à cette opération soit réuni. Car, comme la souligné Van Reeth, « c’est un projet lourd techniquement, humainement et financièrement ». Sur cette question, ses collègues et lui comptent mettre sur la table de solides arguments pour disposer des fonds nécessaires. « Les archives de l’Aof sont inscrites au registre « Mémoire du monde », c’est l’équivalent de patrimoine de l’Humanité de l’Unesco. Elles ont donc une portée mondiale, c’est un argument fort pour trouver des financements. Le deuxième argument sera de dire que nous allons numériser et que nous aurons plusieurs millions de vues », a défendu le directeur des Archives d’Outre-mer.Une fois ces archives entièrement numérisées, elles seront mises en lignes afin que le chercheur, quel que soit son lieu de résidence, puisse y avoir accès sans avoir besoin de venir jusqu’à Dakar pour voir les originaux. Le chef de fil des experts français a assuré que ce projet est soutenu par les plus hautes autorités du Sénégal et de la France et pourra aboutir, dans les meilleures conditions possibles, d’ici à la fin 2015. Pour ce faire, un comité technique composé de trois archivistes français et de cinq archivistes sénégalais a été déjà mis en place.
Une partie des archives diffusée au prochain Sommet de la Francophonie
D’ici le Sommet de la Francophonie prévu au mois de novembre prochain, l’opération de numérisation des archives de l’Aof sera loin d’être terminée. Mais, Benoît Van Reeth a révélé qu’ils diffuseront, lors de cette rencontre, une partie de ces documents à partir du fonds déjà microfilmé. « Il est clair que nous n’aurons pas le temps de créer un site Internet pour diffuser toutes les images. Mais, on va sélectionner un certain nombre d’images du stock d’un millions d’images que nous avons, on va les mettre dans un serveur et on les diffusera. Ainsi, on donnera aux participants un avant-goût de ce que sera le site Internet une fois que l’opération de numérisation sera terminée », a-t-il assuré.
Elhadji Ibrahima Thiam
(Source : Le Soleil, 18 avril 2014)