Apprenons à mieux nous servir du téléphone, cette merveille de la science
samedi 12 mai 2012
Nul n’en doute, la communication par le téléphone rapproche les hommes et facilite la vie. Elle réduit à zéro la notion de distance qui était, il n’y a pas longtemps, le principal facteur du manque de communication.
Nous le savons, moins on communique, moins on se comprend. Et moins on se comprend, plus on met du temps à coordonner nos actions pour atteindre notre objectif commun. Pire, moins on se comprend, plus l’on a tendance à prêter de fausses intentions aux autres, ce qui peut aboutir à la naissance de conflits entre amis, entre voisins, entre parents, entre collègues et même entre pays. Voilà donc que la science nous donne un cadeau qui nous permet de mieux vivre ensemble, dans la concorde, en phase avec nous-mêmes et avec notre temps. Avec le téléphone mobile tous les facteurs de développement sont boostés de façon exponentielle : la santé, la sécurité, les affaires, la connaissance, les relations humaines, en un mot l’information qui est au début et la fin de toute action.
Mais l’homme est-il en train d’empoisonner lui-même ce cadeau si précieux dont il ne sait pas souvent se servir ? Que de désagréments ne supporte-t-on pas dans la façon de téléphoner des uns et des autres ?
Le téléphone dans les milieux publics
Dans les milieux publics tels que les banques et autres, certains clients indisposent tout le monde en dominant de leurs voix extensibles à volonté toute la salle pour répondre à un coup de fil. A l’occasion des réunions de services, de directions ou d’associations, l’on est encore peu enclin à éteindre les portables avant le début de la séance. Les multiples sonorités fusent de partout, suivies de réponses laconiques que l’on s’efforce en vain de dire tout bas : « Je suis en réunion, je te rappelle plus tard » A défaut de pouvoir éteindre nos portables dans de telles circonstances, efforçons-nous de les mettre en silencieux et de sortir de la salle en cas de nécessité absolue.
On retrouve aussi ce genre de comportement peu orthodoxe dans les mosquées ou en plein enterrement, ce qui perturbe considérablement le climat spirituel et l’atmosphère de recueillement. Pendant que nous parlons de mosquées, tâchons de ne pas joindre nos correspondants aux heures de prières et particulièrement le vendredi (Al Diouma). Cela ferait moins d’appels perdus et atténuerait les perturbations en ces moments de recueillement et de dévotion.
Dans les services, il arrive qu’un téléphone sonne continuellement au point de gêner le travail des collègues d’à côté. Certains appelants ont du mal à réaliser que si personne ne décroche le téléphone, c’est, soit parce qu’il n’y a personne dans le bureau, ou celui qu’on essaie de joindre est suffisamment occupé. Dans les deux cas, rien ne justifie que l’on veuille insister. Après quatre sonneries sans réponse, le bon sens voudrait que l’on remette à plus tard son appel. De toutes les façons, si vous persistez malgré tout, vous risquez dans le meilleur des cas d’obtenir une réponse qui ne vous satisfait pas, puisqu’ayant déjà réussi à mettre l’interlocuteur dans tous ses états.
Par ailleurs, s’il est évident que derrière chaque appel téléphonique, il y a un coût et quelqu’un qui le supporte, certains s’en soucient peu, en usent et en abusent puisque c’est l’Etat, l’entreprise, le mari (ou l’épouse) qui paye.
Même si la tendance est à la baisse, certaines secrétaires ou standardistes n’ont pas encore pleinement conscience du fait que l’accueil téléphonique est la première vitrine de l’entreprise. Si la réponse est aimable, elle peut encourager le contact et fidéliser la clientèle. Par contre, si elle est anti-commerciale, elle peut faire perdre des clients.
Le téléphone dans nos foyers
Tenez ! Au Sénégal qui d’entre nous ne s’est pas vu répondre sèchement après avoir composé un numéro pour joindre un correspondant : -« Kook kan la ? » ou alors « Yow la Kan ? » (Vous êtes qui ?) Et si vous obtempérez en donnant votre identité avec la plus grande politesse, la voix amère continuera de plus belle ! -« Kooy seet ? » (Vous cherchez qui ?)
Pas une idée de l’identité de l’interlocuteur ! Et si par chance on vous répond :« Ne quittez pas », prenez votre mal en patience, sachant que vous en aurez encore pour de bonnes minutes d’attente. Quelques fois, dans nos foyers, ce sont des enfants qui servent d’apprentis standardistes. Apprenons-leur alors comment parler avec un adulte au téléphone.
Paradoxalement, il arrive fréquemment que ce soit l’appelant lui-même qui pose toutes ces questions anodines à l’appelé, sans salamalek ou autres formules de politesse. « Allo, kook kan la ? » (C’est qui ?). Ayons le réflexe de décliner le premier notre identité après la formule de salutation au lieu de l’imposer à notre interlocuteur ! Et ce n’est jamais superflu de s’assurer que l’on ne dérange pas. Mais attention, si vous lui posez directement la question « Est-ce que je dérange ? » ou même « j’espère que je ne dérange pas ? », par humilité la réponse ne sera jamais « Oui ! Vous dérangez ». Dans ces conditions, pour mieux mettre à l’aise son interlocuteur, entre autres formules, on peut l’interpeler ainsi : « je peux rappeler plus tard si vous êtes pris ».
Bavards au téléphone
Parlons maintenant de ces bavards au téléphone, comme moi, qui ne savent pas s’arrêter quand ils appellent. Point de souci du moment, du lieu ou de l’environnement où se situe le correspondant. S’il était en train de déjeuner, il retrouvera un repas bien refroidi et un appétit difficile à récupérer. Je l’ai appris avec mon ami A. Diadié que j’appelais habituellement aux heures de repas sans m’en rendre compte. Je l’ai découvert quand il s’est résolu à continuer la conversation tout en mangeant. Le son dégradé par le rythme de ses mâchoires avait fini de trahir son jeu.
Si la personne était déjà au lit, le coup de fil exagérément long évacue le sommeil et installe l’insomnie chez certains. En plein dans le travail, d’autres ont du mal à retrouver le fil de leurs idées.
Le téléphone mobile détecteur de mensonge
Beaucoup de personnes ne réalisent toujours pas que le téléphone mobile peut mettre à nu leur plan et stratagème les plus élaborés. J’en veux pour preuves ces deux expériences personnelles : Devant une situation d’extrême urgence, un ami m’avait mis en rapport avec une personnalité qui devait être l’ultime solution à ma requête. L’homme, monsieur X que je n’avais jamais vu auparavant m’avait donné rendez-vous quelque part. Arrivé sur les lieux à l’heure convenue, je parvins à le joindre au téléphone. Réponse : « Je suis malheureusement loin du site et j’en ai encore ». Ma déception fut si grande d’autant plus qu’il ne restait que quelques heures pour voir un rêve se briser.
Au moment d’arrêter la communication, j’aperçus une connaissance :
– Tiens, n’est-ce pas Monsieur Y ?
– Oui répondit-il. Je suis là pour rencontrer monsieur X me confia-t-il.
– Mais justement, lui dis-je, c’est lui que je cherche mais il est absent et il en a encore pour longtemps.
– Non c’est bien lui qui est là devant toi. Peut-être que vous ne vous êtes jamais vus. Et il se mit à faire les présentations d’usage. Surpris, nous étions tous les deux, monsieur X et moi confondus.
Dieu merci, je m’en suis sorti satisfait.
Un autre jour, un collaborateur que j’avais perdu de vu depuis quelques temps, m’appela depuis une région du Sénégal connue pour son éloignement. J’étais très ravi de son coup de fil. Il me fit la promesse ferme de passer à mon bureau dès son retour à Dakar. Immédiatement après notre communication, je pris mon véhicule en direction de l’autoroute. A peine dix minutes, je croise mon cher ami à hauteur de l’échangeur de Hann. J’avoue que je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi mon ami m’avait posé ce lapin déjoué par les caprices du mobile (auto et téléphone).
Chaque jour, la police avec la complicité de la Sonatel déjoue des agissements malveillants de comploteurs et autres malfaiteurs pris en flagrant délit de mensonge grâce à leurs appareils téléphoniques qui donnent avec précision leurs différentes positions au moment où ils émettaient les appels qui les auront perdus.
Le téléphone source d’insécurité et de conflits
D’autres comportements sont aussi à bannir : certains ont le goût de répondre au téléphone tout en étant au volant. Obligés alors de ralentir, ils entraînent derrière eux des embouteillages dont ils ne soupçonnent pas l’ampleur. D’autres encore se font tout simplement tuer ou endommagent leurs véhicules avec tous les dégâts collatéraux que l’on peut imaginer.
Certains s’exposent aux agresseurs en téléphonant nonchalamment dans des endroits isolés ou mal éclairés.
Et puis, qui peut nous dire l’effet de ces longs coups de fil sur nos tympans, sur le cerveau ou sur la santé en général ? En tout cas, les téléphones portables sont soupçonnés d’émissions d’ondes néfastes au corps humain.
Relatant la conclusion d’un rapport de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (France) sur « le rapport téléphonie mobile/santé ». Le Nouvel observateur du 2 novembre 2002 nous apprenait ceci :« Concernant les effets pathologiques des portables, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, « les signaux de la téléphonie mobile n’induisent pas le cancer et probablement pas non plus l’accélération du développement de tumeurs déjà existantes », soulignent les rapporteurs qui ne nient pas, en revanche, « les effets biologiques » sans gravité, liés à l’utilisation des portables, notamment « la modification de certaines fonctions cérébrales ». Ils soulignent que les accidents de la circulation représentent aujourd’hui le principal risque sanitaire connu de l’usage des portables. »
En attendant que les spécialistes nous disent avec précision ou nous prouvent le degré réel de nocivité ou non de ces appareils, usons-en sans en abuser.
Et que dire des appels qui n’arrivent pas à la bonne destination ? Il est fréquent de recevoir une voix inconnue qui s’excuse de s’être trompée de numéro. Jusque là, il n’y a rien de grave. Le problème, c’est quand on vous dépose par erreur un message vocal ou écrit relatif à une intimité ou une affaire douteuse. C’est pourquoi, il est recommandé de ne pas lire les messages du conjoint ou de la conjointe, car une erreur d’appréciation peut naître de ces circonstances et l’irréparable peut se produire. Quant à ceux qui envoient de tels messages, je leur recommande de préciser le nom du destinataire et de ne pas oublier de signer les messages par leurs noms. Cela éviterait en cas d’erreur, le risque de déstabiliser certains couples.
Apprenons à mieux nous servir du téléphone pour mieux bénéficier de cette merveille.
Cheikh Bamba DIOUM
bambadioum@yahoo.fr
(Source : Blogue de Cheikh Bamba Dioum, 12 mai 2012)