Appels internationaux entrants et rachat de France Telecom : La Diversion
mardi 16 août 2011
Convoitises autour d’une vache laitière. Le Groupe Sonatel vaut bien son pesant d’or : autour de 1500 milliards de F. Cfa de capitalisation boursière, un peu moins de la moitié de la Brvm, près de 171 milliards de F. Cfa en termes de bénéfices en 2010 pour un chiffre d’affaires consolidé d’environ 600 milliards.
Cette société est liquide, Wade le sait, qui veut reprendre le contrôle de l’opérateur historique, malgré toutes les conséquences qui pourront en découler aux plans juridique et commercial en termes de litiges. Parce que France Telecom, qui est en train d’étendre son influence sur le continent - Sonatel lui a déjà assuré une présence particulière dans la sous -région avec des filiales au Mali, en Guinée et en Guinée Bissau - ne va pas laisser cette vache à lait lui échapper. De rudes empoignades en perspectives.
Mais que se passera-t-il si Wade décide de franchir le Rubicon ? Si France Telecom finit par décider de vendre ? L’Etat devra racheter pour ensuite rétrocéder au secteur privé. C’est cela le schéma.
Mais certains observateurs pensent que tout cela fait partie des traditionnelles stratégies de diversion de Wade. Chaque fois qu’il est en difficulté sur une question, il détourne l’attention du public et des acteurs directement concernés sur autre chose pour mener son projet à terme. Et dans ce cas précis, le débat sur la nationalisation de France Telecom, selon nos interlocuteurs, c’est juste un leurre pour consolider sa volonté d’imposer l’augmentation des tarifs des appels internationaux entrants. Une façon de dire aux Sénégalais qui s’alarment qu’on n’est pas en train d’enrichir France Telecom par le biais de la Sonatel, puisque la société va redevenir spécifiquement sénégalaise et qu’en conséquence, l’argent va rester en totalité dans notre pays.
Ça pue d’autant plus la diversion, quand on sait que l’Etat, qui arrive difficilement à boucler le financement du plan takkal, veut s’attaquer à un rachat de France Télécom qui va nécessiter plus de 800 milliards de F. Cfa au bas mot, selon les spécialistes du secteur. Par rapport à l’environnement financier du Sénégal, ce projet relève presque de l’utopie. Il est irréaliste et irréalisable dans les court et moyen terme.
Mais le plus important est de bien voir où ira l’argent qui sera issu de la collecte de la surtaxe sur les appels internationaux entrants. Le Président Wade aura beau donner une clé de répartition dans divers secteurs à financer, proposer la création d’un Fonds pour gérer cette manne estimée à plus de 60 milliards de F Cfa que rien n’y fait. Il pourra toujours invoquer d’autres situations d’urgence pour détourner l’argent de son objectif originel. Et puis, tant qu’on y est, pourquoi le Trésor public n’encaisserait-il pas ces surtaxes comme toutes les autres taxes et impôts ?
On a l’habitude, sous le magistère de « Paa-bi », dès qu’il est question d’argent, le flou artistique est au rendez-vous ...
Par Daouda Diarra
(Source : Le Populaire, 16 août 2011)