L’opérateur téléphonique Sentel Gsm (privé) est victime d’une fraude portant sur plusieurs centaines de millions de francs Cfa, a appris l’Aps hier de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp, publique).
Deux Cap-Verdiens et un Portugais sont présumés coupables de cette fraude qui, depuis le mois de mai dernier, engendrait une perte mensuelle de quelque 300 millions de francs Cfa, selon Sentel Gsm, a dit Baye Samba Diop, chef du service des affaires juridiques de l’Artp. « L’opérateur annonce une perte de 300 millions de francs Cfa par mois depuis le début de cette fraude, à raison de 3 000 minutes de correspondance téléphonique par jour, et cela depuis mai 2011 », a expliqué M. Diop.
Selon lui, informée de cette affaire par l’opérateur téléphonique et alertée par la Gendarmerie, l’Artp a procédé à une constatation d’infraction d’usage, jeudi, dans un immeuble du quartier du Plateau, à Dakar.
« Il est établi que les fraudeurs, au nombre de trois, étaient en train de faire de la terminaison d’appel international entrant au Sénégal par le réseau de Sentel Gsm », indique un document de l’Artp dont l’Aps a obtenu copie.
Les auteurs de cette infraction opéraient à l’aide de trois modems Adsl de l’opérateur téléphonique Orange (semi-public) et de 102 puces Sentel Gsm, selon le même document. Il ajoute que les auteurs présumés de cette fraude détenaient aussi 100 puces téléphoniques non encore utilisées, un ordinateur portable et du matériel sophistiqué.
« A l’aide de ce matériel, ils ont utilisé des puces qu’ils mettent en connexion avec un serveur basé au Portugal pour recevoir des appels internationaux, qui sont par la suite reversés en appels locaux, de telle sorte que l’appelant ne voit que l’indicatif de Tigo alors qu’en réalité il communique avec quelqu’un se trouvant à l’étranger », a expliqué Baye Samba Diop.
Selon le Code des télécommunications, les présumés fraudeurs risquent une peine de prison de 1 à 5 ans et devraient payer chacun une amende de 30 à 60 millions de francs Cfa à leurs victimes, a indiqué M. Diop.
Le chef du service des affaires juridiques de l’Artp a dit que la Gendarmerie est en train de poursuivre l’enquête pour situer « le début exact de cette fraude ». « Tout le matériel utilisé par ces fraudeurs est sous-scellés », a-t-il affirmé. « Pour le moment, on n’a pas encore évalué ce que peut représenter cette fraude en termes de valeur fiscale », a encore dit Baye Samba Diop.
Aly Fall
(Source : Le Quotidien, 9 août 2011)