Appel d’offres international en Guinée Bissau : La Sonatel s’offre une licence mobile « au mérite »
lundi 8 janvier 2007
La Société nationale des télécommunications du Sénégal (Sonatel) prend pied en Guinée-Bissau. Suite à un appel d’offres international où elle était en concurrence serrée avec « des mastodontes » bien référencées au plan international, la Sonatel s’est vu attribuer la licence de téléphonie mobile mise en compétition par les autorités bissau-guinéennes. Dans certains milieux diplomatiques qui ont laissé filtrer l’information, cette « bonne nouvelle » est considérée comme une victoire de l’expertise sénégalaise en matière de télécommunications. Elle l’est d’autant plus que la Sonatel a été choisie « au mérite » pour la « qualité » presque irréprochable de son dossier. L’offre Sonatel a été défendue par une équipe d’une dizaine de très hauts cadres locaux « coachés » par le directeur général Cheikh Tidiane Mbaye. Cependant, aucune information n’a été communiquée sur le coût financier de l’acquisition de la licence mobile, ni sur les modalités techniques de l’offre.
Dans ce petit pays lusophone qui compte moins d’1,5 million d’habitants et répertorié comme l’un des plus pauvres de la planète, la Sonatel va devoir se battre contre deux concurrents pour s’octroyer des parts du marché du téléphone mobile. D’une part contre l’opérateur local Guinée Télécom, et par ailleurs, contre Ariba, une société rachetée par Mtn et ayant conservé son enseigne commercial. Selon nos informations, c’est donc sous l’angle stratégique qu’il faut placer cette nouvelle étape de pénétration sous-régionale entreprise par le numéro un sénégalais des télécommunications. « Une stratégie gagnante », jubilent des cadres qui ont conduit le processus d’achat, en dépit de ce qui apparaît comme un échec de « l’expédition » de Guinée Conakry où, jusqu’à preuve du contraire, les choses ne se sont pas passées comme la Sonatel l’avait souhaité.
Il n’empêche que, après Bissau, la Sonatel peut se frotter les mains. Sa filiale Ikatel, devenue en novembre 2006 « Orange Mali », contrôle désormais 70% du marché malien du mobile. Après le passage jugé satisfaisant d’Alizé vers le label Orange, Sonatel devrait être en mesure de s’appuyer sur ses « conquêtes » malienne et bissau-guinéenne pour organiser un déploiement régional devenu une nécessité avec la boulimie d’absorption affichée par les autres grands groupes du continent que sont Mtn, Celtel ou Maroc Telecom ?
A propos de la répercussion politique portée par cette « bonne nouvelle », l’on ne semble pas comprendre, dans les milieux diplomatiques cités plus haut, que le président de la République, tenu au courant de tout le processus, n’en ait pas fait mention dans son message du 31 décembre 2006. Dans le contexte de « grisaille » en vigueur et vu la mise en veilleuse du slogan « Le Sénégal qui gagne », depuis quelque temps, l’on estime qu’une licence mobile à l’extérieur pour la plus florissante des entreprises nationales valait bien un clin d’oeil présidentiel.
Momar DIENG
(Source : Le Quotidien, 8 janvier 2007)