Alioune Ndiaye, Directeur général d’Orange Middle East and Africa
samedi 18 juillet 2020
Premier Africain à prendre les commandes du pôle des filiales africaines du géant des télécoms, le Sénégalais Alioune Ndiaye est Directeur général d’Orange Middle East and Africa depuis mai 2018. Il gère ainsi 18 filiales en Afrique et au Moyen-Orient, qui comptent plus de 120 millions de clients et dont le chiffre d’affaires cumulé dépasse les 5 milliards d’euros.
Pour AFRIMAG, Alioune Ndiaye évoque la data, l’accès des Africains aux services financiers via le mobile, la diversification d’Orange, sa contribution au développement du continent…
AFRIMAG : Orange est en train de développer le transfert d’argent partout en Afrique. Quelle est l’importance réelle de cette activité stratégique pour votre groupe, notamment en terme de chiffre d’affaires, de part dans le résultat, de fidélisation de la clientèle, etc. ?
Alioune Ndiaye : Il y a plus de 10 ans, nous avons lancé Orange Money, un portefeuille électronique donnant accès à des services financiers via son mobile.
Aujourd’hui, 50 millions d’Africains, longtemps exclus de la bancarisation, ont ouvert un compte Orange Money. C’est un changement majeur. De n’importe où, on peut mettre son argent en sécurité dans son compte Orange Money, l’envoyer à qui on veut, payer ses courses, sa vignette automobile ou la scolarité de ses enfants, etc.
Ce service existe maintenant dans 18 pays d’Afrique et du Moyen-Orient et nous enrichissons nos services financiers mobiles de services complémentaires (prêt et assurance) en lançant une banque en Afrique : « Orange Bank Africa ».
Nous avons pour ambition d’atteindre 1 milliard d’euros de revenus avec Orange Money à l’horizon 2025.
Mais au-delà de cela, Orange Money contribue largement au développement économique et sociétal de l’Afrique et du Moyen-Orient. En effet, nous avons 220 000 points de vente répertoriés dans 18 pays. Parmi lesquels : nos boutiques Orange, des stations services, des supermarchés et les kiosques de rue Orange Money, qui favorisent le développement économique en créant des emplois.
Aujourd’hui, avec le développement de l’internet, les populations africaines communiquent de plus en plus à travers les réseaux sociaux et ont tendance à délaisser la téléphonie au profit de Whatsapp, Telegram et autre. Quel est l’impact réel de ce changement d’habitude de consommation et comment allez-vous faire pour vous adapter ou en tirer partie ?
Historiquement, le business de la voix prédominait. Il laisse la place aujourd’hui à celui de la data et des services. Dans un marché où le multi-sim est important, développer des services additionnels est un moyen de fidéliser ses clients. Orange passe ainsi d’un rôle de fournisseur de connectivité à celui d’opérateur multi-services.
Nous travaillons sur des marchés où le digital peut faire une différence (services financiers, contenus) ou dans des secteurs non installés, naissants ou en cours de structuration (énergie, e-santé), en misant sur nos atouts traditionnels tels que :
– notre réseau de distribution en Afrique (900000 revendeurs)
– nos réseaux de qualité : nous avons installé la 4G dans 18 pays
– la puissance de notre marque
– notre service Orange Money qui compte plus de 50 millions de clients
Nous sommes passés d’une culture de la connectivité à une culture des usages et des services autour du mobile. Ceci nous permet de développer notre base clients à d’autres utilisateurs. Notre ambition est de nous positionner comme un partenaire de référence des Etats et des écosystèmes de la transformation digitale africaine dans des domaines tels que l’énergie, l’éducation, la santé…
A partir de la transformation numérique, comment Orange compte-t-elle contribuer au développement de l’Afrique ?
Aujourd’hui, sur un continent en très forte croissance qui compte près de 1,5 milliard d’habitants, il est évident que les enjeux de transformation digitale sont colossaux et tout à fait inédits. L’Afrique est entrée de plain-pied dans la révolution digitale et Orange a pour ambition d’être l’opérateur digital préféré des populations africaines et partenaire de référence de la transformation digitale du continent.
Cette ambition, nous l’adossons à une forte stratégie d’investissement et nous la concrétisons en complétant notre métier historique d’opérateur de télécommunications par une véritable offre multiservices que nous sommes en train de déployer :
Energie
Nous proposons des solutions d’énergie avec l’électricité solaire dans 8 pays : RDC, Madagascar, Burkina Faso, Sénégal, Mali, Guinée, Côte d’Ivoire et Cameroun. Nous avons développé la fourniture, la distribution et le paiement de solutions d’accès à l’électricité en partenariat avec des fabricants de SHS (Solar Home System).
Education numérique
Avec notre projet « Orange Digital Center » qui existe déjà en Tunisie et au Sénégal, nous proposons des apprentissages pratiques pour former le plus grand nombre aux compétences digitales.
Santé
Nous nous servons de la large couverture réseau mobile d’Orange en Afrique et au Moyen-Orient pour atteindre les populations mal desservies avec de nouveaux services de santé digitalisés. De plus, nous renforçons les partenariats publics privés en collaboration avec des institutions et d’autres bailleurs de fonds.
Il faut rappeler que grâce au mobile, nous avons contribué à transformer l’Afrique, qui était le continent le moins bancarisé, sur lequel tous les échanges se faisaient en espèces. En quelques années, le mobile a permis l’accès à la bancarisation de populations qui en étaient exclues, contribuant de manière décisive au développement économique. La même logique peut s’appliquer pour l’énergie, l’agriculture, l’éducation, la santé…
Entretien réalisé par Anthioumane D. Tandia
(Source : Afrimag, 18 juillet 2020)
Bio-express
Après des études en Finances et Contrôle de Gestion à l’Université Paris Dauphine et dans les télécoms à Télécom Sud à Paris, Alioune Ndiaye a débuté sa carrière dans l’industrie chez Pechiney. Puis il a intégré Sonatel, en 1988, sur des fonctions d’audit et de contrôle de gestion qui l’ont conduit à participer aux travaux de privatisation de l’entreprise. Cette expérience très riche l’a assez naturellement engagé sur le poste de Directeur financier pendant une dizaine d’années.
2002 est une étape importante de son parcours avec son arrivée à Ikatel au Mali comme Directeur général. Quelques mois plus tard, l’achat de cette licence a donné lieu à la création d’Orange Mali. Il y restera 10 ans avec la grande fierté d’avoir fait de l’entreprise, la société du Groupe Orange à la plus forte rentabilité.
En octobre 2012, il est de retour à la Sonatel. Il y assure, depuis cette date, les fonctions de Directeur général et de Président du Conseil d’administration de Sonatel Mobiles, Orange Mali, Orange Bissau, Orange Sierra Léone et de la Fondation Sonatel. En 2017, les pays du groupe Sonatel génèrent un chiffre d’affaires de 1, 6 milliard d’euros pour 5 milliards sur l’ensemble de la zone MEA.
A compter du 2 mai 2018, Alioune est Ceo d’Orange Middle East and Africa. (Source : Orange.com)