Une nouvelle école nationale spécialisée en numérique et en intelligence économique et industrielle sera ouverte au cours de l’année universitaire 2018-2019, a annoncé cette année Tahar Hadjar, le ministre algérien de l’Enseignement supérieur.
Une telle université à l’ère des nouvelles technologies de l’information et de la communication est une aubaine pour les étudiants algériens. Il s’agit d’une priorité pour le ministre algérien pour qui l’intelligence économique constitue l’un des pans majeurs de son secteur. Notons la prospection et l’efficacité économique de l’Etat ainsi que la veille économique.
Cette annonce ne vient cependant pas signifier l’absence d’enseignement dans ce domaine car comme l’a retracé Tahar Hadjar, au cours des années précédentes, notamment entre 2007 et 2009, quelques cadres et directeurs d’institutions étatiques avaient profité des formations en intelligence économique à l’Université de la formation Continue (UFC).
Laquelle avait également initié entre 2010 et 2011 trois promotions en intelligence économique à l’Université d’Oran et nombre de cadres spécialisés ont été diplômés, a rappelé le ministre à la presse.
Rajoutant également l’apprentissage en e-administration électronique (e-administration) reconnue à l’Université de Sétif 2 pendant la dernière année universitaire. Sans oublier des plans de formation élaborés par des enseignes universitaires sur les banques économiques mais aussi sur l’e-économie pour la rentrée 2018-2019. Lesquels attendent d’être également confirmés par la Commission nationale d’habilitation (CNH).
Dans cet élan de rappel, l’homme d’Etat a invité les acteurs de divers secteurs à se mobiliser pour développer au profit de la nation, un système de prévention pour la protection de l’économie nationale et l’accès à l’économie du savoir.
Initiative importante
Pour certains spécialistes en Intelligence numérique comme l’Algérien Abdelkader Baaziz, « le ministre n’est pas au courant des initiatives lancées dans certaines universités et écoles de son secteur. Nombreuses sont celles qui existent mais ne sont pas médiatisées. Il y a un travail de fourmi qui se fait à ce niveau dans l’ombre par des personnes dévouées, des compétents qui font tout pour donner leur savoir-faire au profit des étudiants d’aujourd’hui et futurs cadres de demain » a-t-il notifié à Cio Mag.
Néanmoins, il a salué l’initiative du ministre Tahar Hadjar. Il pense qu’une diffusion de plus de la culture du numérique sera bénéfique aux étudiants et que le pays en a besoin.
Co-auteur d’un travail de recherche en 2014 intitulé « Quels modèles d’Intelligence Economique pour l’Algérie ? Quelques pistes de réflexion », il dresse un état des lieux critique mais optimiste du développement de l’économie et de l’intelligence digitale en Algérie.
D’après lui, le modèle algérien dans ce domaine se base sur celui adopté en France dans les années 90.
« Si en France, la notion d’intelligence économique a évolué, en Algérie l’on devrait s’interroger sur le modèle adaptable à nos réalités. Si on parle par exemple de sécurité de l’information, je reste sceptique car pour y arriver il faudrait avoir d’abord de l’information ou une industrie du contenu. Pour l’instant, il est inexistant en Algérie d’où l’absence de sécurisation », a-t-il expliqué.
Pour lui, l’économie numérique se base sur deux aspects importants dépendants de « La volonté des décideurs politiques pour une ouverture réelle. La première est un cadre législatif adéquat et clair ce qui n’est pas le cas aujourd’hui en Algérie. » Le payement électronique par exemple n’est pas encore généralisé. Le second point c’est la régularisation du secteur des télécoms.
Selon l’expert algérien, le pays a pourtant tous les moyens économiques, le savoir et les compétences pour devenir un exemple africain dans le domaine de l’intelligence numérique. Mais en même temps il a pris un retard considérable par rapport à ses voisins, par exemple le Maroc et la Tunisie, et aussi bien sûr à l’Afrique du sud et certains pays d’Afrique Centrale.
« Ces pays ayant déjà pris des initiatives assez courageuses pour promouvoir cette sphère », a-t-il ajouté.
Citant également que « le cadre législatif adéquat, la promotion de l’industrie du contenu et du service, la généralisation du paiement électronique, la mise en place des structures de relais entre le secteur économique et l’Etat ainsi que les universités et la société constituent un écosystème à créer, et que d’ailleurs l’Etat algérien s’active à créer ; s’il y parvient l’Algérie pourra effectivement devenir un modèle africain ».
Aurore Bonny
(Source :CIO Mag, 23 octobre 2018)