Aïssata Tall Sall : « Il n’a jamais été question de vendre une licence à la SENTEL »
samedi 22 septembre 2007
L’attribution de la licence de téléphonie mobile à Sentel en 1998 s’est faite « dans la plus grande transparence », a déclaré l’ancien ministre socialiste Me Aïssata Tall Sall pour qui « il n’y a rien de plus inexact » que de dire qu’elle a été vendue « encore moins bradée ».
« Il nous a été reproché d’avoir bradé la deuxième licence de téléphonie mobile. Il n’y a rien de plus inexact car il n’a jamais été question de vendre une licence à la SENTEL », a dit Me Tall lors d’une conférence de presse animée avec Abdoulaye Elimane Kane et Serigne Mbaye Thiam, tous membres du bureau politique du Ps.
La semaine dernière, le député Iba Der Thiam, vice-président à l’Assemblée nationale, avait demandé la constitution d’une commission d’enquête parlementaire « chargée de déterminer les conditions exactes de cette transaction (cession d’une licence à Sentel) ».
Selon M. Thiam, la licence a été « bradée » par les socialistes (alors au pouvoir) à Sentel, à 50 millions francs Cfa Sentel.
« L’adjudication de la deuxième licence de téléphonie mobile s’est faite dans la transparence et avec la volonté de protéger les intérêts du Sénégal », a affirmé Aïssata Tall Sall estimant qu’il est possible de constater que l’ensemble des obligations précitées et prévues dans le cahier des charges ont été respectées par l’adjudicataire.
Revenant sur le processus du choix d’un deuxième opérateur de téléphonie mobile, après Alizé de Sonatel, avait démarré en 1997, elle a dit qu’à l’époque, le secteur de la téléphonie mobile, qui était à ses premiers balbutiements, était comparable au secteur de l’audiovisuel de maintenant où l’attribution d’une fréquence télé ou radio ne se fait pas par la vente.
« Cela est tellement vrai qu’à cette époque dans aucun pays au monde, les licences de téléphonie mobile n’ont fait l’objet d’une vente », a lancé l’avocate qui a cité en exemple les cas de la France avec SFR et Bouygues Télécom, de la Côte d’Ivoire avec Ivoiris et Celtel, de l’Afrique du Sud avec MTN et Vodacom.
« On peut même citer l’exemple de la SONATEL qui, pour se lancer dans la téléphonie mobile avec sa filiale SONATEL MOBILES, n’a payé aucun centime à l’Etat du Sénégal », a-t-elle dit. Selon elle, ce que le Sénégal avait fait relevait de la jurisprudence mondiale et de la pratique commerciale.
Aïssata Tall Sall a ajouté que c’est « bien plus tard, alors que la bulle téléphonique connaissait son expansion que des pays comme l’Allemagne et l’Angleterre ont innové en vendant leurs licences de téléphonie mobile ».
En Afrique, le Maroc est l’un des premiers pays à l’avoir fait, en fin 1999, en vendant une licence à l’opérateur espagnol TELEFONICA, a-t-elle indiqué.
Selon elle, l’adjudication de la deuxième licence de téléphonie mobile a commencé par la mise en place d’une commission technique présidée par le Directeur de la Règlementation des Postes et des Télécommunications.
« Cette commission qui était chargée de piloter le processus d’adjudication, avait pour attributions la rédaction d’un cahier des charges, l’examen des offres et la sélection d’un opérateur », a précisé l’ancien ministre de la Communication relevant que le gouvernement n’était « en rien » concerné dans le processus de choix et de sélection.
Il (le gouvernement) n’est intervenu que pour signer la convention avec l’opérateur retenu par la commission compétente, a encore souligné Me Tall en précisant que le choix porté sur Sentel était dicté par des « considérations à la fois techniques et financières ».
Au titre des conditions techniques, a-t-elle poursuivi, il fallait choisir un opérateur de référence international. « Et Millicom Cellular répondait à cette exigence avec une présence dans 5 pays d’Afrique, 6 pays d’Amérique Latine et 4 pays d’Europe ».
« Il fallait également choisir un opérateur capable d’assurer l’accessibilité du téléphone : une accessibilité géographique par l’élargissement de la couverture à travers un réseau performant (taux de couverture actuel de 98% en zone urbaine et de 85 % en moyenne nationale) et une accessibilité financière par la promotion et la diversification des offres avec tous les niveaux de prix ».
Aïssata Tall Sall a rappelé que la présence de SENTEL sur le marché a permis de créer les conditions d’une concurrence « saine et compétitive » à l’avantage des consommateurs avec des prix ayant chuté de l’ordre de 10 à 1.
Parlant des conditions financières, elle a signalé que le gouvernement avait mis l’accent sur la capacité de l’adjudicataire à financer de gros investissements, notant que la signature d’une convention de cette nature devait favoriser des rentrées financières importantes pour l’Etat.
Me Tall a ajouté : « elle (la convention) devait surtout constituer une source durable de recettes indirectes. Du reste et sur ce point également, l’objectif poursuivi a été atteint puisque aujourd’hui, du fait de l’expansion de la téléphonie mobile au Sénégal, SENTEL verse à l’Etat environ 11 milliards par année au titre de redevances, d’impôts et de taxes ».
(Source : APS, 22 septembre 2007)